Au jour le jour 334

DE

À dire dans l’absolu
déperdition de rêve
la vie s’est étendue
de son gré de moi-même
je ne sais plus de moi
que les désolations
et ma force létale
est devenue tombeau
à la lenteur des cierges
des substances du berceau
mais l’âge est une croûte

qui déchire mes os
dans mes décantations
je ratiocine encore
sur la place du mort
du monde des comètes
mais l’esprit aérien
n’est plus à mon contact
et les piliers de bar
font écran  à ma ligne
nous ne récupérons plus
que la douleur certaine
venue du côté gauche
comme une ancienne antienne.

Les trois commandements
à l’esprit modifié
sont dans des embouchures
grenues tenues tenaces
et celui qui connaît
la voix aux maintes  basses
est un ogre béant
aux œillères d’un autour
là  où je te vois unie
tu fais geste  de vie
et je suis à côté
strictement et petit
ma face est contre toi
là où du pleinement
reprendra toutes les places
des superbes autrefois
à mes atermoiement
et mes mains végétales
feront naître des croix
des calvaires des bustes
dans la craie incertaine
de celle qui poudroie
dans de nombreuses plaines.


La douleur est capitale
mon cul elle ne l’est plus
pas plus qu’il faille le dire
sous l’attraction l’action du sel
que je voudrais marin
dans une chaîne élémentaire
cela n’a rien à voir
avec la plus courte des expressions
celle qui dit
échappe-toi de moi
je suis pointu
et c’est comme Saint Thomas
qui  ne croit que ce qu’il voit
que je suis incertain
et comme je ne vois rien
je suis un intermède
l’intermède a une existence
de plaisancier breton
il a du rouge aux joues
la plaine la plage sont laineuses
le soleil s’extrude
et allez-vous faire voir.


À mon anniversaire
j’irai dans la couleur
de la baie de Seine
la route sera
par-dessus de moi
il aura de la pluie 
avec ses légers feulements
et puis des spasmes  au ciel
avec ses surfaces planes et bleues
tout baignera
nagera dans la brume
les damiers de mon enfance
sont des acides
des architectures qui
seront belles comme
de savantes femmes
comme le pont des navires
il sera un moment ou à un autre
vingt et une heure heures
il fera nuit
la lune sera rousse
j’égorgerai mon âme
parce que mes amygdales
font trop de bruit.

La belle  image
elle est dans la pierre laminée
monarchique et retorse
on pourrait y entendre
les siècles morts
compressés
plus à prendre
les déités muettes
que nous  lorgnâmes
avec leurs lésions de peau
auront des raideurs à la pose
comme une voix lointaine
et qu’on ne voit pas
l’homme est une sphère morte
mal exprimée
une  synthèse aux trois quarts
lente bordée de troènes
coupés de trop près
moi je te vois
comme une attraction terrestre
marine et céleste
comme une nouvelle date
qui me tirent vers le terrible certain.


Les fibres n’ont jamais eu d’instants élémentaires et abordables, non, je n’en fais pas trop, je n’ai pas joué, j’ai fait l’école de la timidité dans  la curiosité d’une nouvelle langue, j’ai cherché l’image, les compliments, je me supportais aucun compte, je me suis étalé dans les libres yeux de ces filles qui font dans la culbute sous des balcons avec leur bouche tiède, je ne me suis pas éloigné de ces figures-là qui étaient imparfaites, j’ai tremblé sur les routes humides, sèches, glacées, je me suis mal  adressé à la fatalité qui m’a pris dans ses bras  de pointeuse de feux, j’ai gagné en neurasthénie ce que j’ai perdu en dislocation, les deux se rejoignent d’ailleurs dans la clairvoyance lorsqu’on est à bout du respect dont on ne s’est  pas affranchi alors qu’il aurait fallu faire, je suis presbyte, j’ai des mots en maints endroits, je ne suis pas fier, je ne parle pas votre langue.

J’ai tout habité sans la vie, je l’ai  enfouie dans d’autres bras, je n’ai jamais été à découvert ,je  me suis mis dans le lit des femmes belettes et scorpions , j’ai pris part à des scandales que je n’ai pas distingués, j’ai fait dans le sang voulu, bouffé la chatte des Walkyries auxquelles il fallait donner un prénom, l’atmosphère était dans le gai savoir, j’ai sucé les lèvres des gourmandes, j’ai mis mon zob où il allait bien et beau, je suis devenu vieux très vite,  malhabile, crétin vitupérant, j’ai dépassé mon centre et tous ses alentours, j’ai trop bu, trop fumé, mes mots étaient  de la noce et de la délivrance, rien ne sera advenu de ce que  je cherchais,  une dissertation sur du marbre, ma  santé ne m’a pas joué de tours, je quête une qui sera de mon entrain à l’aimer,   qui n’aura pas cette déroute de moi; et si elle n’est pas dans la crainte de l’homme que j’ai été, que je suis,  engagé dans la tendresse et  la ténèbre, elle sera dans mon rapprochement de tout et de tous.


La vie devant chacun de nous est froide, elle ne paie pas, elle ne fait pas dans l’existence là où il le faudrait, et si elle le fait, elle le fait mal, j’en veux pour preuve que chaque matin où je me rase, je saigne, c’est une médaille vivante qui s’ourle sur ma peau,  vous appelez cela l’admission de la robe de printemps, or nous sommes en automne, et le ciel n’étend plus ses atomes cruels que pour d’élémentaires cérémonies cérébrales, cela précisément est dans mes statistiques, des jours me seront accordés encore et encore,  je vieillirai mal et  bas dans la tourmente des extrêmes tonalités, mes  racines d’exaltation bloquées au site des tribus du cœur, tout continuera dans la stabilité des aubes planes qui me rappelleront à une fin, afin que je la rejoigne, je dis ici que je ne voudrais couper court qu’à ce qu’il me reste d’évolution à faire, pourquoi, parce que je la ferais mal.

Je n’ai jamais été dans l’homme qu’il aurait fallu confesser, supporter, tomber dans son corps, j’ai eu peur de lui donner de ce livre sur l’indiscutable enfance, mes mains sont étiques, elles furent douteuses et redoutables, j’ai étouffé mes engagements, mes amis, les femmes du monde, le choix de ma propre nature, les parti pris, les premières lignes des équinoxes, les latitudes, les paradoxes, la litote, le zeugme, cet  aliment d’une littérature d’obédience, j’ai mal obéi, j’ai eu cent dix sept sélections pour aller à mon propre statut, à la  droiture, je n’ai pas pris parti, j’ai lutté contre le charlatanisme des questions, des suppositions,  je n’ai rien appris de la sottise des évaluations, je vous salue, vous êtes tombés si bas, en arrière, tellement en arrière…

Pêche à l’idée savonneuse sous  pression et qui prend sa place dans les petites familles, la mêlée viendra différemment après ça, elle  est d’un bon niveau, et les joueurs sont de trois couleurs et d’un quintal sans affaiblissement, fermés, en éclats, avec des muscles de minéraux , tendus comme les arcs des arbalétriers de nature, ils s’accroissent dans une ultime accélération, de la santé plein la cervelle, et puis viennent les programmes, les protocoles, cette distance dans la fausseté avec des triangles, de la clarinette du pipeau, ça sent la strangulation et l’échappatoire ; parallèlement chacun met son  front contre le front de l’autre, en donation identique, sur une même surface, trente frères se recomposent , se décomposent,  et là, on est toujours du côté ancestral.


Ceux qui chient des pendules
chient aussi des horloges
entre temps
vient la seconde
là ce sera pour la ligne objective
dans la seconde même
l’élégant qui remonte
les champs le long  des routes
est dans le temps astucieux
reste ce qui reste
des portes à franchir
la part des anges
le texte idéal
l’aboutissement
de la deuxième quarantaine
sur la piste des quarantièmes rugissants
celui qui tire avant le premier
est déjà sur la défensive.

Si l’on pouvait penser acoustiquement, nous aurions des oreilles d’éléphants, le monde serait à  une échelle démesurée et les agglomérations mentales de la taille d’un territoire immense comme une termitière géante, comme rien n’est  localisé de tel, nous sommes restés des belettes et des furets sans valise, sans viatique, nous vendons de la réclusion ironique un peu partout et qui  schlingue le  savoir de notre propre vie, nous avons des pieds et des aisselles malodorants, on pourra dire de nous que nous fûmes de ceux qui ont fait des captures sottes et inédites, qu’on a eu des entrées dans le monde  qui sèchent aux escarpolettes du désespoir, le néant est le seul aboutissement qui nous sera providentiel, voilà ce qui se dit ensemble dans les restaurants, putain de monde,   si j’avais su, je n’aurais pas abouti dans l’homme, je serais resté un axiome imbécile et le plus simple et insipide des neurones.

J’ai toujours été dans la concorde, cette imbécillité qui restera respirable et respectable , repérable à sa transpiration odorante, et si mes essais ont été du côté du blaireau, c’est parce que je l’ai  toujours été, cette idée fixe, stable, est une espèce de mécanique de ma pensée dans un espace restreint et sans relation, si j’étais né dans un versement de pleurs  je me serais  surpris à davantage d’inédits, ma  tête ne m’attend pas, mais je dis que je suis du premier âge et en de maints endroits, je ne simule pas, je n’exècre personne, même ceux  celles qui vont vers les partis pris, j’apprends, j’apprendrai, je ne m’attente pas davantage, je ne suis pas dupe des nouvelles saisons, je suis un pessimiste qui a eu des enchantements, et pour le reste allez voir à mes extrémités.

La confrérie des sens entre l'onagre fou et les cieux de sentence sont comme ces oriflammes portées contre le vent, et tous les indigos, tous les bleus d'outremer au grand silence froid s'annoncent comme des hivers, toi tu seras vêtue telle une courtisane,un gantelet de fer à ta senestre haute,des bijoux ruisselants serrés à ta poitrine, qui fut souvent donnée à d'autres ouvertures, celui qui couvre l'autre n'est pas né de ce jour, et  l'entretien qui se clot sur chacun de nos gestes, est de ces antiennes mortes comme des chansons de gloire, qu'à la potence chante le premier ouvrier, qui a ouvert sa porte aux enfers surrannés.

A ces sombres rajouts qui vont de bouche à bouche, l'incertain dérisoire traverse nos durées, et de nous voir utiles,immodestes,seconds,on en deviendrait fous, mais la vie mal offerte rapporte des offrandes,des noces qu'on balbutie d'un corps à d'autres minutes bleues, et de boire ,de manger,d'être dans une main est d'un bonheur antique, j'avance,je vais je marche de ce qui sera nous,ce tout dernier enfer a refermé ses portes et je gravis le ciel en te portant debout...

Femme favorable à ma mémoire avec tes nuits au table des présences pour une œuvre appropriée, l’été boucle ses crins aux créneaux du ciel avec ses carrefours immenses, ses carabes dorés, bien que nous ayons trahi avec nos créances d’homme ceux qui nous connaissaient, nous ne redoutons plus l’exil avec ses dotations de sel, l’insulte est notre plus haute crête, notre glaive et toutes nos répliques sont noires d’un parnasse irritant, aujourd’hui fissurés de pitié pauvre nous désertons nos fastidieuses solitudes pour nous consumer sur des rives où les sépultures sont les immémoriaux de nos vies parallèles, l’ inconséquence de notre futur est un crotale ossifié, et derrière nous affleure deux mille siècles d’histoire qui sentent les officines, les couvaisons insanes les couchants monstrueux…


Au buffet de la terre vont toutes nos défiances ,singulières denrées de nos vies d’infections, aux torches bleues du soleil nous livrons nos paysages corrompus, et l’amer échange hâte nos pas pressés de fuir une demeure sans degré ,au passage de ce dormeur orageux, le vent avec ses bassesses ses fortunes insensées nous ramène à notre couple d’ombres accomplies, et l’avenir n’est plus sous nos autorités ,nos lieux raisonnables sont anguleux, nos redevances rêches, acides ,et sur nos lèvres les mots ne sont plus de veille, la reconnaissance est une coulée de boue, nous n’officions plus qu’avec l’orage et ses brebis marines, nos genoux saignent sur les ferronneries des enfances rouées, le jour et la nuit sont la haute inquiétude de cette femme incertaine de nos saisons en quarantaine qui nous lève des jacqueries et d’immenses désirs…..

Je ne veux pas me taire à ta lèvre nue, mes yeux sont des taches de couleur où l’or du soir qui point va sur tes cailloux gelés, trouve au ruban étroit de tes mains une adresse qui n’est autre que celle de ma captivité, et sous l’automne qui vient avec son bruit de feuilles, d’absinthe, ses pas de bêtes gercées, garde moi dans cette chambre pour ces petites éternités qui luisent comme des serpents de verre au grand jeu des tiroirs qu’on ouvre sur l’autre vie…

Cette aujourd’hui est féminine, elle vient du signe su et  heureux de ta présence, gantée comme les manières de l’étourdie, ta bouche m’apprend à déjà te perdre, quand tu n’es que naissance, et je te dis tu après la douce violence qui masque les faux univers, ces mots ne sont pas immobiles, pas des mausolées, ce sont des espaces où ton nom viendra tisser le tapis de ma matité et de mes toilettes intimes, et s’il y a une mémoire, ce luxe au grand soleil qui s’ouvre, elle sera dans le mouvement d’une qui franchit ma porte bien trop tôt un matin…