Au jour le jour 328


Soit dix-huit nouvelles
à lire ou à entreprendre
je choisis la seconde
comme un acte de vente
je monte à tes escaliers
de tubulures bleues
jusqu’au cou de ton cygne
que j’étranglerais
si j’étais né moussaillon
les colimaçons sont de la glu
je m’y prends les pieds
aligné comme un arc tendu
faut que ce soit  une façon aussi
d’être déraisonnable
je vais cinéma
la culture est une pierre
liquide comme la mer
le premier qui arrive à cinq séances
se tape  les  nouvelles
moi je serai
avec mon trop de poids
sur le trottoir
comme un ouvrier
avec son marteau  piqueur
et je ne banderai pas.


La racine défectueuse
a dans ses mains des cartouches
qui dansent  avec
leurs plumes fermées
dans la frénésie
d’un œil nu
sur lequel on a versé du vin
le quidam et l’éclopé
ont chacun un béret mou
sur le crâne
ils répondent aux questions
avec un éperon dans le torse
est ce que je sais d’eux
n’est pas compté
dans les livres
on ne l'ignore pas
d’autres s’y cassaient les dents
moi je suis lassé
je vais dans la course aux déchets
comme chaque partie d’hirondelle
qui est au téléphone
et boit du café froid.


Je pisse en tenant
mon  sexe de  la main droite
sur  tes colliers de corail blanc
sur tes costumes
de troisième danseuse
avec tes pelotes de laine
autour du cou
et tes cheveux de hibou
sur ton crâne chauve
tu vas le long des chemins de halage
avec son sexe entremêlé
dans les herbes
toi avec tes  sens du matin
tes fixations
sur la femme moustache
tu projettes en moi
de stupides idées
comme on baisse son froc ou
devient un champignon comestible
ce fait s’impose à mon tourment
et celui qui qui a remué les nues
n’en dira pas plus
quant à toi avec tes palais
tu restes mon don d’or
mais fais-moi oublier
notre contre couche…


Au diable les parti pris
le Vésuve sexuel
avec ses paperasseries
exsangues et qui  encore
font des démonstrations de feutre
soyez heureux mes frères
que je n’ai pas de flingue
je le porterai
avec véhémence
contre votre poitrine
aux chaussures trouées
serrées comme un épouvantail
ce tapissier
dextre docteur et criminel
qui donne aux moineaux
du grain humide
et dans la décennie des femmes libres
celle qui n’est pour que moi
est de chère sentence
je n’en dirai pas plus
voici venir la décadence
avec ses dents jaunes
et ses falaise indécentes
et incendiaires.


Celui qui est  sur la route de l’échiquier
au galop et torse nu
il va à la course aux chiens
et l’été est un grand nettoyage
qui va jusqu’au nombril
voici la médecine avec ses couvercles de lune
techniques de cartomanciens
on ne me  dialyse plus
la dernière fois où j’étais au firmament
j’ai vu un vagin fugace
j’ai cru à un animal étroit qui éructe
en saignant du mollet droit
ma cécité n’a pas de formule
sinon celle  de la rocade
je me suis mis dans la
position du tireur couché
dans la droite ligne
d’un monstrueux sonneur
un bouchon à l’oreille
je suis devenu tout petit
voici que je m’organise
au milieu des poitrinaires
je vais et je viens
puisque je suis et
j’ai toujours été maladroit.


Hier les belles remontées
se faisaient
dans les malpositions
des femmes issues
du beau monde
cotées jusqu’au nombril
magnifiées par l’élan de la
torche des animaux violents et violets
l’ampoule et le papillon
on les retrouve au matin
sur le cirage de nos  chaussures
brillamment colorées
on boit décemment
du café brûlant
avec une montre au poignet droit
le cœur sali
aux sornettes et cornettes d’exister
à quinze piges
on comprenait déjà
que ce genre
n’était pas pour nous
nous restons toujours
dans la chaleur de ces étés.


Mon état est stationnaire
comme la route des paratonnerres
moi qui ai pris un congé parental
pour m’occuper
de mes garnements
de mes caïmans
de mes alligators
je leur donne en mains propres
des chiens crevés
il leur arrive parfois
de vouloir monter en calèche
pour aller à la chère  liberté
c’est celle que je vomis
celui qui la possède
est toujours le suivant
et ce n’est pas moi
j’entre alors
dans une coutellerie
où l’on entend trébucher
les couperets sonores
moi je me verrais bien
grimper dans une cheminée
monter vers le ciel
et jeter les viroles
qui trouveront tous les toits.


L’os à moelle
est un donneur de leçon
il tire les oreilles
au mangeur d’orages et  de nuages
fielleux comme les filles qui nous quittent
ces fameuses poupées Barbie
qui font du tutti frutti
la barque est au fond de l’eau
l’appareil cinématographique
a viré son sac de bord
avec son plein  d’images
les sémaphores sont morts
la nuit a les dents trop blanches
elle mord chaque astre
j’ai un nom d’équipée sauvage
je garde la tête haute
pour saigner fort et loin
mon mal de gorge
a  des couleurs et des couleuvres
que je crache sur les murs
ou j’écris ton nom.