Au jour le jour 309

J’ai sauté sur la nauséeuse sensation d’être parfois sain, et n’en suis revenu qu’en adulte gâté.

Gargouillis de survivre, et dans cette épaisseur, comment se perdre, comment se retrouver ?

Lorsque tout me devient semblable, je cherche à piétiner cet être qui ne supporte plus mes façons d’espiègle.

Mes ivresses sont douloureuses, je m’y débats dans trop de moi, et tel un singe exténué, je m’agrippe aux barreaux en y usant mes gencives.

Le hasard est la collaboration entre ce que nous nommons un désir originel et un aujourd’hui scellé de pactes.

La solitude nous fait idéalement penseur ou pausé.

Je tourne en rond et sans bouger, sans déplacer un seul de mes gonds, sans cette aisance que donne l’affirmation ou l’index pointé.

Sitôt qu’on s’oriente vers la vérité, on a beau changer de sens, elle est toujours au bout de quelque chose, voire au devant de soi…

Perplexe dès ma naissance et sur cette même naissance, mon obsession de la création régit jusqu’à mes chiotteries…

Tant d’élans faits pour trouver cet équilibre qui ne doit rien à la marche, ni au sautes, pas même à cette inaptitude à se secouer..

Etre dans la veine d’une intarissable stérilité…

Malheur à ceux qui sont revenus de tout sans en avoir été dignes…

Dans ces enfers malgré tout tolérables, mon mysticisme m’apparaît comme la lâche volonté de me déchoir petitement…

Méditant pour me raccrocher à une réalité que je vais ou veux m’inventer sans l’avoir invitée, je pousse ma prière vers le prétexte..

Etre le premier ou le dernier des hommes ne me concerne pas, je cherche à m’exténuer d’une façon qui doit autant à la pause qu’à l’effondrement…

L’homme a toujours tous les torts et ne peux s’en passer…

Ma vie vaut par sa hâte et ses marches forcées vers l’intervention…

J’ai tant le sentiment que tout est insignifiant, que réaliser me semble surgir d’un néolithisme où l’on ne justifiait rien…

Mes imitations sont mes excès et mes dérèglements, chacun de mes mouvements est un faux mouvement, je ne maîtrise ni ma mémoire ni ma conscience ;j’ai le sentiment de fonctionner, et tout est justifié…

Dépossédés, n’ayant plus pour vivre que ce tournis propre aux manques d’occasions, nous voici excédés par tout et tous, et nous ruinant dans des éternités de stratagèmes…

Toutes les conversations suscitent en moi un mépris pour la parole que je définis comme une de mes clairvoyances.

Je n’ai aucun prétexte pour espérer, et si je le fais, c’est uniquement pour me jeter dans les irrésolutions.

Heureux celui qui fait dans la fulgurance et ne se rapproche de Dieu qu’en contestataire.

Mes faillites sont nourricières, autant dire que je ne suis rompu que par du détachement et de la métaphore.

Réfléchir à ce vide que la conscience érige en mausolée ou en caveau.

Considérant que l’existence est une des formes les plus parfaites du néant, pourquoi chercherais je à en guérir en y renonçant ?

Je suis comme ce rat pris dans des rets à portée des griffes d’un lion, et qui pour s’en défiler bouffe sa propre chair.

Rendre tout inachevable !

Peut-on sans se défier pousser l’homme dans une honnêteté, sans s’y ruiner par de la privation ?

M’attendrissant sur des bougres dont la moribonderie feinte ou non évoque l’enfer moderne, je me dis que je pourrais être de ceux que la nature affecte jusqu’aux désolations.

Que chacun de mes forfaits ait été un acte de sabotage, m’enchante autant que si j’étais né dans une bergerie, un loup à mes côtés.

Tout saboter, et s’étendre dans un cercueil en affranchi.

Impossible d’échapper à cette prescience qui est à l’avenir ce que l’exagération est à la litote.