Au jour le jour 294

On s’agace en Provence de tous ces recoins aux purulentes picholines qui décroissent aux torpides humidités, et qu’un évêque avec des bandes de lin aux poignets n’hésite pas à envoyer vers  un laboratoire clandestin, dans  un petit bled bien planqué et sans valeur pécuniaire, il préfère voir se bonifier le chablis dont les aromes peuvent flotter dans l’air des heures durant, c’est d’ailleurs ce qui entraina la démission de Millerand tant il s’en abreuva, tant il montait ivre aux tribunes, jusqu’à ce que des agents d’expulsion déguisés en élus lui recommandent de n’être plus l’artisan d’un échec aux législatives, ceux là poivre et sel étaient de véritables taupes de cour, toutes de gris vêtues qui étalaient leurs œufs noirs sur des canapés de feutre…

Celui qui veut montrer sa qualité ôte les nœuds de ses draps dès le réveil, homme de basse besogne, il a réellement une charge dans sa vie, celle de remonter les horloges d’un palais byzantin ceint d’une muraille de briques rouges, de vérifier le bon fonctionnement des trois cent soixante cinq horloges, puis celui de toutes les serrures et cadenas, cela est une entreprise qui prend des années entières, et ce sont ses enfants qui dès leur plus jeune âge jouent au mécano, préparation à de grands œuvres oblige, aucun d’eux ne sera matador, picador, torero, n’ira dans une station, de sports d’hiver en Savoie, ils prendront comme épouse une femme qui résiste au feu, se recouvre d’eau en tous points opposés ,aux bonnes heures du jour et de la nuit, et la vie va ainsi, d’une couronne de laurier à une rascasse blanche…

Voilà une nouvelle religion où la Faute est inconsistante, n’existerait pas si on ne la nommait pas, et qui a été conceptualisée par deux sœurs jumelles d’origine grufatique qui assistèrent au début du siècle dernier à un concert de Rudy Meyer dont elles gardèrent l’accent des années durant, cette religion consiste à n’élever aucune stèle, pas plus qu’un monument funéraire, les morts croupissent à la place qu’ils occupèrent leur vie durant, à ne pas prier, à remonter la Seine dans le sens contraire au courant deux fois dans sa vie, à ne pas se charger de rêves et de souvenirs, ça schlingue toujours trop de ce côté-là, à se fournir en cibiches uniquement dans la ville d’Evreux, à ne faire dans l’ostentation que si le vent souffle à plus de cent kilomètres heure, à n’avoir jamais une tête de faucon ou de faux cul, certains y parviennent, bref, vous voyez le tableau, cette religion a encore cours aujourd’hui dans des filets de romances et de récits qu’on lit ,enfourré dans son ottomane tout en regardant Pelé marqué son dernier but de la tête…

Miriam Makeba bien connue en Guinée pour ses faits d’aurélie ombellifère a eu nombre de mes penchants liquides, un peu comme un violon avec ses sanglots longs, des godasses et un paletot troué d’étoiles qui étaient l’idéal d’un poète privé d’assiette qui essuya un coup de pistolet et sa bouche de voyelles odoriférantes et colorées, un peu comme ces torches ou tourbes musicales d’où montent des sons qui font s’écrouler des cités ou se redresser des bastides aux yeux rouges, donner sens à tout ceci ne demande nulle intelligence, nulle énergie, respirer allègrement, lisez, ne faites pas montre de timidité comme contre la grammaire, cette vieille demoiselle qui s’est engagée à rafistoler votre langue à grands coups de balai brosse , de vers diphtongués et de trainées de poudre…

J’ai toujours voulu dans mon cours primaire me vendre à tout prix, fut il bas, il arriva qu’on me tourna autour comme le ferait une mère poule avec sa crétinerie de chétifs poussineux, je restai coi avec un bâtonnet de bintje en bouche, dans la compacte épaisseur de ce taiseux qui fit la navette entre la fortune et la roue, avec une pochette de cuir sous les aisselles pleines de dossiers pour des réunions où les flèches oratoires seraient piquetées de cigüe, et de la substance d’un redoutable cynorhodon, destinées à ceux qui avaient l’embonpoint d’élus mal éduqués ,bouffeurs de rotations, de sièges, et de bureaucratie, qui mangèrent du seigle sans discernement, ce qui les mena à moins de mordant, quand ce ne fut pas vers l’hôpital le plus proche, moi qui n’ai jamais eu de mordant, qui n’ai pas aboyé, n’ai pas maintenu sous pression des dames gobeuses d’incendie et d’impopularité, de partitions surannées, je pense parfois que tiré du péril d’être encore en vie, j’irai à la mort en ayant sniffé l’écorce de grands arbres et touché la paresse des belles plantes qui n’iront pas à la presse…

Celui qui fut sauvé des eaux s’impose encore dans un conte à deux rabats, l’un qui cache sa houppe, l’autre le versant opposé de ses ironies maladroites, ira-t-il à un concours financier, à des amours défendues, dans le folklore des conduites en état d’ébriété, nul ne le sait, même celui qui écrit le fait dans l’ignorance du devenir des mots et des idées qui sont suscitées dans l’immédiateté irréfléxive d’un qui ne pense plus, sinon avec une belle maladresse, il murmure qu’il a franchi des cols et des montagnes enneigées à dos d’éléphant, cet animal qui se souvient qu’il se souvient, et va à la toilette dans une vaste trempe comme un bain de Vénus qu’un peintre néerlandais pendait derrière des castelets pour laisser à deviner la superbe et lointaine nudité d’une faiseuse de déboires et de torts, voire de torticolis, quand au ticket que j’eus pour elle, il est toujours d’actualité…

Le millepertuis vainc sa timidité en venant dormir dans mon ventre, à plusieurs reprises, comme il souffrait de canicule et d’hypocondrie je l’hébergeais, j’avais avalé une caméra pour le voir évoluer, et à le voir s’agrémenter de ma flore intestine, je compris que l’endroit était approprié, rien à redire, la parfaite osmose, j’ai par contre de la pisse couleur percale, je vois sur l’émail des chiottes des figures d’angelots, des poissons qu’on pourrait passer au bleu, des figures de proue aussi grotesques que les visage d’un Caravage ivre, des fleurs de prisunic à deux balles, le tout s’irise à la manière des belles couleurs sur la palette d’un peintre apprenti du dimanche, d’une belle trainée de boue ou de poudre, selon les jours et les circonstances, c’est là que je me dis que je pourrais héberger une brebis, un dindon, un gibier de potence, un dictionnaire de rimes, les accords de Yalta paraphés comme il faut, les non dits de l’Arlésienne, et j’en passe, mais à quoi bon, ce serait un nouveau capharnaüm, et ma tête en est déjà un, je vais en rester là…