Au jour le jour 293

Entendu au bistro


Tu fais pas un gosse en habit du dimanche, donc avant de crever fais moi un chèque, fous pas le pognon dans mon cercueil, quand t’es dedans t’en à foutre de quoi il est fait, tu sais combien ça coute une tombe, faut pas rigoler avec ça, le flouze il tombe pas du ciel, surtout pour nous les pauvres, alors ce soir, tu vois, si je suis encore vivant c’est que Dieu il me regarde, après c’est ma femme qui viendra me chercher ici, parce que moi je rentre pas à pieds, j’en ai assez de ma casser la gueule à chaque mètre, t’es mon pote toi, tu vas pas me taper dessus quand même, tu pourrais même me ramener, je suis bourré , ouais, mais je reste poli, alors un service c’est pas que les riches qui le rendent, on y va ou quoi !

Le pognon et le sexe ça règnent sur le monde, le cul, ya que ça de bon, si on rouvrait les bordels ça ramasserait du pognon l’état, des putes à cinquante euros ça existe, en plus elles sucent, je te l’ai déjà dit, va du côté de Nasv, c’est pas comme des maitresses que tu gardes en tête, avec le coté perroquet qui répète tout, tu vois la patronne de ce bastringue, elle y va encore au turbin à soixante piges, elle se fait les dix mille balles par mois, t’en es là toi, on raconte qu’elle a plusieurs baraques à Sar, allez viens on prend encore une chope et on va aller chanter en duo, comme à l’orchestre du salon quand on était plus jeunes, après je me pieute sans me déshabiller, demain on verra, je recommence ou pas…

Ah Roxy, t’es un ancien boxeur, non un pugillisateur tout neuf qu’on récupère le samedi soir sur un trottoir, tu réagis même plus, heureusement que des fois ya des terres pleins, ça t’empêche de rouler dans le fossé, t’aimes pas plaisanter sur les tocards du tiercé é, mais t’en es un, t’es out, tu peux même pas être dans la coalition, t’es tellement chtarbé que t’as plus de potes, l’autre qui t’as mis KO la dernière fois, je le vois au Schloss, il se fout encore de ta gueule, ça te fait chier , hein, mais c’est ça la vie, faut savoir encaisser, même si après tu deviens une merde, faut faire avec, un peu les montagnes russes, un coup en bas, un coup en haut, des fois carrément dans les couilles, pas vrai, mais là personne va te cogner, je suis là moi, c’est pas la Saint Patrick tous les jours, allez patron multiplie tout par deux et prions…

Celle qu’on a dans le nez on la supprime à grands coups de fleurs bleues aux suaves odeurs, en habit de pénitence, et la mouche piqueuse n’a d’autre enjeu que de nous planter son dard dans les parties en saillie, c’est un des attraits les plus excessifs de ce genre de bestiole, on fait avec quoi, c’est pas plus compliqué que de foute un coup de pied au derche d’un chieur sur une place royale, et si tu veux nettoyer la plaie c’est pas un kleenex ou du sopalin que tu dois prendre, mais du coton, des fois ya quelques points rouges qui apparaissent, c’est ce qu’il te reste d’intelligence qui pointe, tu vois le tableau, du pointillisme monochromique, eh oui, ça existe, après tu peux te rendre aux urnes si t’as des mains propres, tu les useras pas par frottement des bulletins vu que tu n’en prends qu’un , petit salopiot, toi t’es pas pour les fonctionnaires, ça se voit à ta tronche de roublard, c’est un peu la tradition dans ta famille, le neuvième art avec les phylactères en moins, des points noirs et blancs et rien d’autre qui rappellent la couleur de la vie, surtout la tienne, et puis allez tous vous faire foutre, l’absurdité elle est aussi dans toutes les organisations, internationales ou pas, alors ma tête, vous voyez , elle est plutôt bien en place…


A tant te regarder de mon ardent visage
Je ne vois que du fiel et de savants breuvages
Mourir n’est pas plus sur que de rester si vif
Dans toutes ces adultères où je suis incisif
Par cent fois tout mon corps aux sombres altitudes
S’est rompu aux montagnes sur les crêts les plus purs
Et je ne sais de toi que des similitudes
Qu’à ce même imparfait et défait se parjure
Aussi vais-je plaintif veule et désemparé
Prier dans les chapelles où tout est excentré
Je ne crains aucun dieu pas plus que l’atmosphère
De ce crever infect comme crèvent les vers
De me savoir passer par des tombeaux d’outrages
Lorsque j’avais quinze et des milliers d’orages
Je traversais les nefs à m’en tordre les nerfs
Tant tout fut incomplet sur cette ignoble sphère…