Au jour le jour 290

Dans la sourdine
Des incendies
Qui viennent tard
L’aube noire sinistre
Se donne aux chambres minérales
Des cerveaux éteints
Depuis des millénaires
Ma santé est une voix basse
Un contre espoir
Dans un sous sol
J’entends ma propre respiration
Avec ses chapelets de raucité
De fleurs pulmonaires
S’altérer de faux sens
En longues portées entre mes mains
J’étrangle d’anciennes amours
Celui du monde aussi
Ma paix n’est plus ici
J’ai la mine et le front grisé
Au-delà de cette limite
Je ne vois rien d’autre
Qu’un corps plombé
Allongé dans un charriot
Et qui avance
Jusqu’à que celui là tombe…

Hommes de peines
Hommes de mains
Chiens aux abois
Chiens aguettant
Vos avidités
Vos chairs vives
Vos clandestinités
Sous la grande veilleuse
Sont des déserts sans étoile
Un virage muri
Pour fixer votre mort
Elle est déjà dans vos yeux
Dans cette ombre portée
Que fait votre corps
Sur un rivage ravagé
Dans vos mémoires
Des verres des vides
Des moires
De l’irisé
Des ocres et des ombres
Voici venu le dernier souffle
Le froid disciplinaire
De vos sales intérieurs
Ceux des hommes
Qui sont
A leur dernière étude…

Quand le regard se charge
Sans que l’homme ne respire
De cercles ténébreux
Venus d’un vaste empire
Par la porte entrouverte
Et que rien ne déchire
Pas même une présence
Initiale imprécise
Point dans le sombre espace
Une immense silhouette
En tons graves décisifs
Comme les longues portées
Elle est l’illusion grave
D’une gloire estimée
Avec ses airs morbides
De sainte de crucifié
Visiteuses transversale
Voyageur délié
Crois tu que je ne sache
Tous tes mauvais rebours
Qu’au plus pesant de moi
Tu voudrais déverser
Mais mon être tout entier
Bien qu’il te fasse signe
Se refuse au combat
Qui ne soit singulier…

Le mouvement trois fois
Contenu du veuvage
Aux bruits bruleurs de mèches
Que vous me dispensiez
Combien dans mes sommeils
Ils redoublaient d’orage
D’être un homme consenti
Jusque dans ses sommeils

Le mouvement trois fois
De vos nouveaux regains
Attelés à vos forces
A vos langues premières
Combien j’ai attendu
Placide et incertain
Qu’ils reviennent à ma nuit
Décantée de lumière

Le mouvement trois fois
De vos anciens départs
Au sol encore plus dur
Que ceux d’une carrière
Combien j’ai attendu
De demis et de quarts
Avant que vous ne vîntes
Sous mes manteaux de pierres

Le mouvement trois fois
Qui soutint vos natures
De marges et de retraits
De postures incertaines
Combien je les oublie
En orbes souterraines
Avant les saisons strictes
Des oublis des fredaines

Le mouvement trois fois
De vos dénonciations
Exploiteuse de réveils
De sonneries nocturnes
Combien il me revient
Dans mes épanchements
Sans que jamais tristesse
En reliefs ou en traîne
N’incluse de moi un autre
Dans ses renoncements…


Une nouvelle case de furieux qu’on envoie paitre, ça fait un paquet de vaches en moins, de rosses et de rousses aussi dans un monde où les preneurs de son tiennent tête avec leur double nom haut criés, ceux que nous empêchâmes de s’exprimer ne sont plus admis que dans des groupuscules d’ahuris avec des cheveux dedans la tête, c’est d’un commun accord que cela se fit, ça valait comme un cadeau ou une réquisition, et les gamines démonstratives  à qui l’on donna le feu vert sont sur les rotules, mais à toujours rouler des mécaniques, les voilà plus enragées que les bêtes modernes, pas silencieuses pour un rond, et qui montent dans les nues avec du feu dans la tignasse, des dents de pissenlits bleus, elles restent dans une foi homogène pleines de gloire et de solitude, disent encore oui pour de furtifs plaisirs, se voudraient parfois pacifiques, nous aiment elles ,nous les pêcheurs aux sandales perdus, nous ne le savons pas, elles gardent leurs nasses et leurs crochets pour d’autres abordages.

On joue aux cartes avec les pieds dans l’eau, on se refuse d’être frère, vrai, faux, faussaire, védique et j’en passe, on a bon dos, on ne nomme personne idiot ,taré, pédé, connard, salope, et j’en passe une nouvelle fois, on ne va pas dans les comités, ne posons pas le pas sur des estrades, on ne casse pas les couilles, on n’a pas la rate qui se dilate, on est simplement étonné d’être là ,vivant, c’est déconcertant, on reste ouvert au dialogue, on va aux invitations, on a parfois sa propre langue, on va à des spectacles sans en dire du mal, on habite un petit meublé bien propret, on lave sa face et ses carreaux, on s’autorise parfois des hypothèses sur n’importe quoi, on est le plus souvent en terrain neutre, on ne demande pas la caisse, on met tout de niveau et cela chaque jour, bref on a une vie de merde, mais on y tient…

Les nombreuses causes d’avancement sont les reculades de certains, ces derniers n’ont pas fait de ravage, ont manqué de rudesse et de raucité, été trop souples, trop mollassons, trop de frotti frotta, pas assez d’arrosage, ont été des intermittents sur une place d’armes, quant à ceux qui voulurent se tailler la part du lion, ils ne finissaient pas leurs phrases en s’essuyant les pieds sur le paillasson,  ont eu l’art de manier le sabre et le rasoir, façon roture, façon roulure, n’ont pas oublié le nom du chien de leurs anciens voisins, ils ont eu et ont toujours des remarques personnelles, bien dites et bien pensées, évidentes mais si personnelles, c’est tout bénef  lorsqu’on opine du chef pour n’importe quoi, qu’on adhère à toutes les bandes sonores venues de l’étranger, on peut toujours compter sur tous les trous du cul du monde, ils ont sur eux du papier chiotte, pas besoin d’un deuxième rappel, vous sifflez, et ils sont là à vos bottes, ces chiens d’hommes qui si vous n’y preniez pas garde vous mordraient profondément, où iraient jusqu’à cramer vos sanctuaires d’écritures…