Au jour le jour 285 (1977)

 

 


Le gel nous rend semblables mon aimée des vitrines, des neiges roides et rugueuses comme des poignées de chaux, les couches d’u long sommeil, leçon pour juronner, pour s’abreuver du vin piqué dans les burettes, diane du bout des doigts…le gel nous encorde, il fait bleuir nos roches, nos poches souterraines, dévie toute eau qui dort vers d’autres mausolées que nos chambres d’hiver…le gel nous impose ses farces métalliques…


Du comptoir immuable aux tables sans propos, positive tiédeur du cerveau et des seins, rousse en d’obscures règles dans ces bistrots terreux, ton nom allitéraire fait baver ma souffrance mécanique des outrageants miroirs ,farce éclose, écho d’un voyage sous de basses latitudes, foutue la paix entre nous, trop d’outrance du mot machin, pour des campagnes sans porte plume, avance ,viens et roule, dis moi les archipels sous tes néons blafards.


Taisent tes mains les nuits obliques, les raies les craies des rayonnages, les solstices au couteau, te voilà avouée fille trop funéraire, fille de derrière les vitrines, fille de peu d’entrain, et l’obscène jeu du cœur colle de trop d’impudeurs, voilà pourquoi tes mains taisent tes nuits obliques…


Le jour nous rapproche des confidences et de nos fièvres ruisselantes s’épuise la ruse coupable de tant d’empreintes…tout est de dire amour que les animaux même font dans tes nudités, que d’autres encagés balbutient des espaces, que le loup inaudible refait le vœu du compromis…tant est de dire la nuit, que tout passage est une vacance, pauvre refus de rétiaire qui s’abîme les mains en grattant tes récits…


Il y a des jours où elle embaume comme de l’encens dans un calice, blonde amère à chasser les cascades de son cœur, tremplin de gynécée que boudent les marâtres, petite première promise aux nuances argotiques, aux bières, aux pellicules. .il y a des jours où elle est belle, où elle boue dans les herbes, où ses seins et ses fesses d’écolière lui vont si bien, il y a des jours…


Ramier des bouquets d’ombres, tu luis toujours dans tes manières, disque doré promis à des mains parallèles, bras bandés des idiots qui crachent sur ton nom, moi docile aujourd’hui, je feins le désarroi, le dernier soubresaut, autre chose que l’amour…refermée ma mémoire, rayés tous mes écrits, évanouis mes concerts, et toi démarche lente des portions de trottoir, tu romps tous les espaces où je cherche l’équilibre…


Tu parles en contrefort des tes départs irrésolus quand l’homme qui te dénoue n’a pour son seul souci que sa gloire, ses enseignes, et sa façon de mal aimer.. te voilà dépréciée, prompte à le maudire, à n’avoir ni faim, ni soif de ses patiences, du clair moment de vos concordes…tu emmêles tes bras aux herses d’autres bras, aux fils d’autres rancunes toujours plus élargies, décidée à t’écarter de lui….tu planques tes distances dans des allures de fille sans gêne, dans tes blancheurs de porcelaine, mais jamais n’as de cesse de tout commémorer..


Laissons les femmes emplir nos nocturnes baignoires, reculer leurs promesses d’aube et de souterrain, vierges dans les dédales de nos peines avouées.. la pierre s’est élargie aux margelles du puits, les robinets ont l’âme d’une eau sans profondeur, les pitiés sont fiévreuses de tous les faux semblants, de toutes leurs randonnées au cœur des monoprix, miracles frontaliers, quand chairs et os mêlés nous dictent des veuvages..


A peine réaccomplie que déjà languissante, branche du fruit primaire de l’herbe qui se dénoue, longue fille de patiences jamais entretenues, tu es la science intacte dont parle le sorcier, voyageur qui achève de desserrer les dents, les poings et son cancer pour le reste du temps, afin qu’un jour l’idiot dont nous sommes dédoublés s’exténue de mentir en se tapant de dieu…


Tu dors au lit de sable, offensée de tant d’offres, de tant d’espaces, de tant de cendres, de tant de vies injustifiées…il te faut exister en dehors de ton âge, prisonnière altérée de ton poids de pierreries, déesse aux limons du cœur, tu dors en chaque chose, gagnée du bruit furieux des bêtes ,des étincelles et du gibier….tu dors, il fait une nuit oblique qui impose le gel…


Rien ne va plus, maldonne, la nuit s’éteint trop tôt, les filles du dimanche soir ont les membres liés, les orgues qui persistent désemparent les chiens, la pudeur se nourrit aux enchères de crimes, l’exactitude dérive au large de nos ans, puis c’est un temps épais qui se repaît du matin.


Mon âge comme en congé j’ai des morales de porte plume à gondoler les collégiennes.. les opinions rustiques, gothiques et argotiques des Léandre poisseux sabotent mes pouvoirs, mes durées d’armistice…bordel de merde aux dieux congénitaux, assis sur des curules, aux mains de héraut, aux blanches randonnées des filles qui nous disculpent…merde à l’histoire poilue de trop de tueries, à ses écoles, à ses provinces, à ses vergers, à ses lourdeurs, merde à la vie, cascade qui s’écluse dans le lupanar de nos souvenirs…


Avec toute vos franchises pommelées comme un cœur, petite anglaise de l’autre rive, vous nous faites mal, vous nous saignez…brindille, écrou, grésil et craie, panorama de la discorde ;vos jambes lisses comme du savon déroule nos souffrances à se pendre tout con à l’arbre des potences, et ne rien vous devoir sinon l’air extérieur de toutes nos couvertures…


Marabout fossoyeur du bordel de nos hontes, tu es toujours en vie dans les lieux sans vitrine, ici la ville radote des îles partisanes, des marées des mariages et des pucelles sages…ici le sable s’enneige des frimas de décembre, la pluie dévie du ciel, le ciel se délimite…marabout évanoui du ragot de nos veilles, tu es toujours la poudre qui écorce les murs, le vol triangulaire des oiseaux sous la lune, et là bas dans le nord quand les corons montent en inclinaisons, tu nous offres de vues parallèles pour d’autres lendemains…


Pour jurer par le jour, te défendre des nuits, fillette sur le déclin, femme du bout des doigts, tu gardes des insultes pour salir nos présences, nos paquets d’alibis, nos noms d’entremetteur, bosselée par devant, barillet par derrière, revolver stupéfait de se savoir un chien, tu nous tires de nos sommeils roides comme des nœuds de noix, et nous saoulons à vue toutes nos épaisseurs…


Cariatide entablée sous l’épluchure des pommes de terre ,ici tu fruites du poisson gras, l’odeur du bruit des menthes vinaigre ton profil acide des nuits d’usine, quand la chaîne par à coups déclinait tes patiences…lenteur des jambes fauves, des bras, de la poitrine, comme un chemin sous le midi ;bien sur tu peux crier, savonner tes silences, modeler tes écrins, moi je serai toujours sous tes affiches de fille offerte…


Pelles roulées, échalotes, baisers d’algues du fond des mers inhabitables ;toi ange du mauvais sexe, moi chien des lieux pourris de toutes leurs contrebandes ;ô souvenirs, grillons, dans le pain qui se gonfle, sang ennuyeux, fruits dans un autre espace…femme de marin aux quais, tu tendais tes mains tremblantes vers le vaste horizon, mes muscles répondaient, glissades de nos paumes, voici l’absolution.. les après midis tièdes nous étendaient hardis sous les pommiers neigeux, lourdeur de ta poitrine, indigo de tes yeux, taupes musquées, embusquées pour d’équivoques jeux, et le temps malgré tout, terrible et dérangeant…


L’amante irréligieuse des plaines du mauvais sang se signe en d’autres espaces que c’en est un grand mal, franchies les latitudes, ton souffle nous aborde, nous lève des nuits de sel, cherche tout battement à nos lèvres éperonnes, toute moisson sucrée par nos mains de faïence, noir est notre Est matinal, poussiéreux tous nos lieux, il nous faut à présent déraisonner sur les germes d’un autre dieu pour éveiller en nous de plus belles vivances…


Vieille ruse de l’écho quand je t’arrache des mains indispensables tu es la chienne aveugle et ses premiers élans, tremblante comme l’envie, blessée comme dans l’amour.. que l’on te botte sous les néons et tu vas à la vie qui saigne, que l’on te pose sous les balcons, tu pleures sur d’autres mercenaires, et lentement te clôt dans les lacis clairs de la lune…


Bottée, casquée, robée, je cherche à t’enlacer, orgueilleux, inquiétant de toutes mes rumeurs, blonde qui laisse tomber et qui ne divise pas, beauté sans louvoiement, quand nue sur des photos tes seins te vont si bien, quand tes jambes qui grésillent rappellent nos traverses, nos pensées taverneuses, quand ta bouche qui boit le vin amer ne veut plus contenir…bonjour, bonsoir, nous sommes fragiles, notre culte est la porcelaine, pour toucher ton présent ,fut ce du bout des doigts ,il nous faut cette légèreté d’oiseau livreur de kyries…bottée, casquée, robée, le sang nous serre et nous garotte, sortons de nos canaux et voguons dans tes éternités pour un feu défendu.


Dans l’herbe qui se détend des cadavres de la veille, nous parlons de nos cris, de nos fureurs si parallèles, tu me dis qu’être un homme est le vol d’un corps et d’un visage, que tous les horizons sont des chemins de boue, puis que Popeye est un curé avec des yeux…


La nuit nous dévie des franges de nitres vie, point de retrait, point de vacance, l’oubli flamboie, il faut oser, crier dans les parages une haute insulte, les creux qui nous éloignent…je te nomme pour toucher à ta nudité, elle éclate en orages d’impatience, mon sang signe un nouveau pacte, une ruée ,puis mes veines se pètent de toutes mes rouilles anciennes ;de pierres et d’hosties je suis délié…


Fut une femme parfois fidèle, immense comme les plaines alanguies au soleil, coupures de blé dans les mains jointes, maintenant que l’amour écourte sa petite vie, elle confond mon jeune âge avec ses confessions ;bousillés nos panoramas, nos rapports et nos appartements, cernés nos yeux et nos passages…incliné aujourd’hui aux mornes processions, j’augure d’autres filles hautes comme des minarets…