Au jour le jour 273 (1977)


Tes longs bras nus de neige à tes côtes de sel, un café sans mémoire sans nom, sans étiquette ;le temps sommé de vivre pose des voyous troublants dans la rue ruisselante…jour muet, jour transi, les chiens ont le respect de leurs propres douleurs…et puis une cigarette, un haricot de flamme, la fumée qui bave, et puis une cigarette qui me fait le mal d’être…


Debout tôt, tes yeux de chienne aveugle m’empêche une lenteur, endormi aux propos des loups et des chacals, je m’assieds dans ma peine comme une brute dans un fauteuil.. voici la bête ivrogne qui jappe pour un prénom, muselle son désespoir dans ses cheveux de dogue, s’embrume se pète la gueule avec du vin de Tunisie, puis rentre saoul, seul, las, bas, tremblant comme une paupière, comme un forçat roulé de fers, avec son mal de terrassier et ses yeux de vaisselle sale salis par tant d’autres regards…


Ma chaude nécessité d’entre louve et clairon, diane du bout des doigts, je te prête des midis à soulever mon sang, armure qui te suscite des mots de solstice, de chien ou de chacal, cœur chaland aux mains qui te retiennent d’être le feu, plaine brûlante, gageuse d’incendies, lente pitié affût du testament, du négoce entre nous, et puis toutes ces distances où chacun prend sa place…


Petite pute qui te plains entre L’Hambourg et Koenigsberg, fille dorée, écharpée, bombance du portefeuille, l’arabesque de tes liqueurs s’ocre dans mes veines, tracés d’un vain repos dans des maisons de passe, à diviser pouvoir, mouchoir et chair d’épi, putain d’arrêt avec des mains pour des amours déçues, tes cuisses de fuselage font tout comme du bastringue, jusqu’à ne plus savoir combien il faut payer…


C’était ma vie, j’y étais pauvre, ton cœur s’ourlait sous tes paupières, splendide amour déçu, mensonge de musicienne, quand ton rire s’écrasait comme un tison brûlant,s ’étalait dans le froid….c’était ma vie, et j’étais sot, colt au froc pour des rengaines, détour du tout pour des rancunes, sans la corde de lin, de la paume au poignet un liseré s’étend, il rouille de lui-même…


De longues filles épuisées, neigeuses à leurs poignets poignardent des jours de noces à dormir dans le gel, chambre de bonne, discorde dans nos vacances, nos vacuités, coïncidences bouchues dans les grelots de l’âge, puis tout le tintamarre de nos propres dangers…


Le gel nous rend semblables mon aimée des vitrines, des neiges roides et rugueuses comme des poignées de chaux, les couches d’u long sommeil, leçon pour juronner, pour s’abreuver du vin piqué dans les burettes, diane du bout des doigts…le gel nous encorde, il fait bleuir nos roches, nos poches souterraines, dévie toute eau qui dort vers d’autres mausolées que nos chambres d’hiver…le gel nous impose ses farces métalliques…


Du comptoir immuable aux tables sans propos, positive tiédeur du cerveau et des seins, rousse en d’obscures règles dans ces bistrots terreux, ton nom allitéraire fait baver ma souffrance mécanique des outrageants miroirs ,farce éclose, écho d’un voyage sous de basses latitudes, foutue la paix entre nous, trop d’outrance du mot machin, pour des campagnes sans porte plume, avance ,viens et roule, dis moi les archipels sous tes néons blafards.


Anne à qui j’osais dire ma probité, ma vie, s’enquiert auprès d’un autre des facéties du porte monnaie pour compliquer ses danses aux pauses supérieures, Anne se reverra obscurcie, outrancière, hélas le cœur et l’âme, l’ardeur et le repos sont toujours en retrait dans cette ville sans témoin…



Taisent tes mains les nuits obliques, les raies les craies des rayonnages, les solstices au couteau, te voilà avouée fille trop funéraire, fille de derrière les vitrines, fille de peu d’entrain, et l’obscène jeu du cœur colle de trop d’impudeurs, voilà pourquoi tes mains taisent tes nuits obliques…


Dans l’ombre qui s’étire des élans de son cœur Empousa se décharge des marges de son sang, cortège d’ébène et d’opaline, le cri gras des grillons détonne dans la plaine, la robe rouge du sommeil se creuse dans ses plis, des hymnes naissent au feu des forges…au dessus des travaux des empereurs énamourés se meut l’oiseau géant venu des altitudes, et Empousa précieuse de ses rets de lumière ordonne la légende des ménades rustiques…


Le jour nous rapproche des confidences et de nos fièvres ruisselantes s’épuise la ruse coupable de tant d’empreintes…tout est de dire amour que les animaux même font dans tes nudités, que d’autres encagés balbutient des espaces, que le loup inaudible refait le vœu du compromis…tant est de dire la nuit, que tout passage est une vacance, pauvre refus de rétiaire qui s’abîme les mains en grattant tes récits…