Au jour le jour - 263 (1977)

C’est l’heure des bouts de table, elle mange négligemment, sa tristesse échelonnée comme des barreaux d’hôpital ;elle fait semblant de le maudire, elle tient le coup dans son mutisme, comme piégée en une salle d’opération ou seul le toubib consentira à dire la vie ou la mort.


Je la veille, habitée qu’elle est des voyages au long cours, des courses folles dans les plaines, dans les sous bois crépus, elle a l’âme des villes établies dans la lumière, le cœur dans un fixe espoir dans sa poitrine qui se soulève de sa nuit, de toutes ses nuits...


M’aorte le temps à la gorge, aux mollets, aux chevilles, m’aortent mes vingt ans sur les routes et les gravières, sur des chemins de boue, de cette matière faite pour dire les mots ;je crois encore à la fécondité étant pourtant bien loin de tous ses parallèles :ma vie dépend toujours de moi..


Elle balbutie les paumes ouvertes toutes ses déconvenues, ses yeux de chienne aveugle raturés du soleil d’autrefois cillent encore ;qu’est-elle, elle et sa vie si souvent hors de course, loin des espoirs clos en ces chambres de bonne ;les hommes sont sa seule histoire, ce pont jeté sur le vieux monde, sur ce continent confié aux formes informes, les hommes sont le fruit de sa terre, qui font qu’elle n’a plus faim et sa soif étanchée, les hommes seuls et ils le savent…


Une vie imparfaite comme l’orge le blé en moi couve ses maux de plaine ruisselante. Les tessons de la pluie et des marées montantes sillonnent mes artères et mon sang bien trop bleu ;ô femme parallèle, de toutes les encoignures, saoule moi, abats moi d’un coup de revolver.


La mollesse dansait

La rudesse piochait

L’abbesse bêtisait 

Quant à cambrer

A la grande ourse

C’est une histoire

De rhétorique

Dans un autre dictionnaire.

Sur les vieilles images

Les saintes ont dix mille ans

Il fait un ciel sans lune

Au dessus de leur tête

Le monde n’est plus en quête

Il a la place du feu

Parmi d’autres espaces

Et dans la grande chambre

Où les enfants sont le tumulte

Un ange leur dit l’éternité

Et des façons de le prier..


Paris août dix neuf cent soixante et la poussière bleue des fins d’après midi d’été ;elle ,beauté effacée des tremblements du voir, boit, le dos à la ville, à l’asphalte, à une immense peur d’être et de devenir ;elle divague de ces automnes au bord de la mer, quand les grands oiseaux échappés d’un ciel tremblant rayonnaient au dessus de sa tête, et moi de l’aimer, déesse de profil, dont le seul nom évoque, aussi bien la patience que le feu souverain..

Elle mouche le nez aux enfants qui reviennent d’excursion, les mères ne lui ressemblent pas, elle a le visage graves de celles qui écoutent l’ivrogne s’inventer de nouveaux attentats. Les dimanches, elle va dans les forêts cueillir des champignons, tremblante comme les saules qui ont la douceur d’un ciel après l’orage, elle s’est absentée dans dix ans de souvenirs embarrassants.


Je la veille, habitée qu’elle est de ses voyages au long cours, de ses courses dans les plaines et les sous bois crépus, elle a l’âme des villes élevées dans la belle lumière, le cœur dans un fixe espoir, sa poitrine se soulève encore de sa nuit, de toutes ses nuits. 
Quelle extravagance, avaler un piano, me voilà rectangulaire comme une loge à sons d’incendies, et de gémir, et de geindre ;arriva qu’un cri lourd de rafales venus du ponant affola la concierge et tout son grand bordel de parentés. Me voici brettelé au ventre d’une petite dame rousse, inhumaine comme le chant du pavot…


C’est une ville où chacun s’émeut de n’être pas cocher ou nocher ;moi de crâner, majestueux comme la grâce, gracieux comme une naissance ;quant à Alphonse Daudet dont je conduis le phaéton, il a la force d’un hercule qui serai papa de jumeaux ou de jumelles.


Elle dit ma façon d’être ordinaire, se mouche dans des nappes qui sentent la naphtaline ,hasch, came, gramme et pisse et pisse du choléra ;elle me trahit, s’allonge en d’autres lits, montre ma carte d’électeur aux usagers les plus divers, leur dit mon attachement, mes tourbillons et mes manèges, et ses manières de m’humilier ;je sais qu’il n’y aura plus entre nous que nos faiblesses et nos courroux…


Creusé, me voilà creusé, sans équilibre, sans soufflet et sans or ;elle, elle m’insulte, m’écaille, m’éclabousse, sabote nos retrouvailles, tend son corps et son cœur pour des insultes, des menaces. Elle s’en va endeuillée voir des types sans envergure, avec des jeux de pistolet ramassé dans un égout, chaque jour m’est une nouvelle offense ;demain c’est un autre vaccin qu’il me faudra pour ces nuits où je n’aurais plus que mon crayon, qui dira sa bêtise de vivre mal…


Quand le silence est froid, découpé pour des démesures, quelle lampe allumer, les couteaux sont tirés et le dés sont pipés ;le vertige a un faux col,les faucons dorment dans les soupentes ;quand le silence est de glace, il nous faut rebrousser chemin, et errer sur les places toutes proches de la mer qui nous enchantera… 

Tous les soirs il s’endort, là bas de l’autre côté, où les filles sont trop belles pour le désirer ;elle, elle veut toucher sa peau ,veut sentir ses os de vieux loup jouisseur, qui ne jouit même plus ;il a tant voyagé au sale milieu du couple qu’il en est fatigué des combats singuliers, et plus tard, quand les derniers néons de la ville en contrebas s’amoindriront, quand se taira la valse des lampions, il rêvera de nouvelles brûlures et d’un nouveau divorce.


Tu reviendras poser, proser en ma demeure, appartement à vide de troupes, de tromperies, oui tu m’étoufferas, chère et tendre chienne analogue aux crimes les plus divers, petite pute qu’on suit du regard pour ses tendres climats, tu reviendras en moi, en ma basse demeure, mon mistral, mon simoun, qui posent sur les plages le rouge, le rouge sang...


On lui préféra un dieu qui flûtait savamment, puis on le pendit dans l’arrière cour au chêne le plus vieux, son ombre de buffle sage dansait dans ce tiède après midi, on eût juré que le temps s’arrêtait là...


Dans la rue aux divers travaux de fuite d’eau tu passes, tu passe avec tes seins que je connais si bien, avec tes longs cheveux de haies obliques que l’on saute à perdre souffle, avec la valse de tes jambes semblables aux armes à feu, tu me dis mal te connaître, mais suis pourtant à blanc quand tu tires de tes yeux tes couteaux transparents…


Dans ce bistrot carte postale, guichet fermé et dés pipés, où je parle à des femmes que je connais si mal, tu reviendras jouvence avec tes mains de sel, et d’eau à baptiser le crime et la passion, ces bêtes de bon marché, qui font l’homme si fou et moi si désarmé...


Maintenant qu’il est là, elle le clôt, le cloue dans sa vie, elle l’agrippe à ses os, elle dit qu’elle n’a ni soif ni faim d’un autre, elle ment et il le sait ;il a dans son veston un énorme cran d’arrêt pour lui faire cracher la vérité...


Je l’appelais hulotte, elle me disait culotté, je la retrouvais dans mes comptes, mes alphabets et mes ennuis ;elle avait le corps tranquille de celles qui ont de bonnes nouvelles, la bouche sage, les seins biens cousus. Je l’aimais résolument de ma cage planquée dans un studio ;un jour elle s’en alla comme on défait un lit, laissant dans mes draps blancs un miroir où je voyais ses fuites…


Les unes plus jolies que les nôtres usurpent nos moindres comptes, butées, lointaines, fortes comme des tourmentes, elles salopent nos réconforts, dynamitent nos rêves, et pour nous les à-peu-près, les marches forcées,bref ,tout le grand foutoir de la vie.


Le corps c’est la seule garantie de ceux qui vivent en surface, adossés à des contradictions et à des nonchalances qui ressemblent plus à des caprices de riches qu’à de réelles explications ;bref, le corps devenu pailLasse, paillasson, et qui revient à pieds de tous ses voyages est familier des expressions suivantes »le taureau pour une licornE »,une vieille scie pour de gens ternes, et ainsi va la suite...


L’hiver, le port de sa demeure où elle amarre sa vie ;sa vie c’est la moitié de celle de l’autre, un bâtard d’au moins vingt piges, dégonflé comme une savate, idiot comme une absence, pédé comme pas possible. Quand il rentre tard, inondé de mauvais vin, elle le reçoit dans ses bras, la bouche rouge, le cœur à blanc, et lui, animal de court terme, orageux déjà, il dépose à ses pieds cent ans de souvenirs et de solitude, cent ans à courir dans les bistrots pour y mercurer ses souffrances…


Je me suis consacré à bien haïr la haine, à bien aimer l’amour, la plupart de mon temps était un temps épais où je n’avais de vis que par acquiescements, où j’attendais de n’avoir ni faim ni soif pour la placer sur piédestal, mais quand finira t-elle d’être femme insoluble derrière ses lunettes noires et toutes ses multiformes…


Nous avions joué à être bête et plus, elle se voulait maîtresse je me disais concave, elle était sentimentale, je me voulais son parallèle ; stoppâmes à l’estaminet ;d’autres la reconnurent, puis pendant des heures, enroulée comme une panthère qui se méfie des alliances et des loups avinés de blancheurs, elle leur parla du tout du rien, de sable et d’humilité dont l’arme favorite est la chienlit…


Il y a chez mes amis des attitudes sans voix, des habitudes sans visage, des femmes souvent trop belles ,et une sotte attirance que j’appelle ma vie...


C’est un coupe gorge armé jusqu’aux dents, vilebrequin, multi jarrets, protéiforme, puis pouet pouet dans l’écumoire...


Il était une fois une femme autoritaire, pas plus grande qu’une encoignure, solide comme un rocher, belle comme une entrevue. Elle mit cent ans à me connaître, s’appropria toutes mes richesses, s’en fit un portefeuille, et se paya un voyage au beau milieu des pyramide

Boulevards laqués de plomb, la nuit. Il est des rouges présences qui vous soulèvent le cœur. Aux fenêtres, les lampions se délassent, dans les salons les échansons sont saouls, les canéphores ne sont plus vierges. La ville est pourtant là, avec ses haleines, ses souffres, ses linges humides, et de m’envelopper et de me recouvrir. Il y a toujours en moi de sales instances qui sèment la pagaille..

A nouveau seul dans cette nuit froide comme une ombre. Je vous entends, je vous attends, mon âme est un passereau dans le secret des saules. Mais vous où dormirez vous ?Dans ce soir mal éteint, où l’or est exposé dans les vitrines impressionnantes, ma violence est douce, elle est du dedans, et j’y naufrage, je naufrage dans cette mer brûlante comme un grand sémaphore...


Le soleil venait d’ailleurs, inquiétant et nu, comme sorti d’une cave. Puis fut le crépuscule, avec des yeux de terre, des saintetés d’ocre et d’ombre, les grands oiseaux de la mer riaient, les champs se confondaient aux champs, sombres lagunes de boue et de glaise, les chandelles chancelaient ;je crois que ça s’est réellement passé comme cela…


Il faut douter, douter et redouter. Il y a quelques temps déjà je doutais, et comme tous les doutes, les doutes de ces temps là avaient des odeurs, c’est ainsi qu’on peut différencier les doutes. Il y a le doute qu’on éprouve, il a une odeur de chèvrefeuille et nous fait frissonner, le doute du partir, il a une odeur de vapeur et nous laisse en pleurs sur des quais, à la dérive, il y a aussi le doute de nos extrémités, pointu comme un clocher, tenace comme un revolver, et le pire des doutes, le doute du doute ,qui sent le savon autant que la naphtaline, je vous préviens de vous méfier de ce doute là...


Méfiez vous des idées qui prennent le dessus, une idée qui prend le dessus a forcément commis un forfait, celui de liquider une autre idée ;vous le remarquerez facilement, elle s’écoule par là où elle peut, les yeux, le nez, les oreilles. Cette idée, celle qui a pris le dessus, sent le souffre, la poudre à canon, l’éther, la salaison. L’éther et la salaison sont d’ailleurs ses armes favorites, un coton imbibé, du saucissonnage, et hop le tour est joué. Bref, cette idée, criminelle de bonne heure, frappe le cerveau à coups nets et précis, puis se met en selle et vous quitte au galop.. Evitez de la poursuivre, d’autres s’en chargeront, je vous parle des idées morbides et motorisées...

Développez votre idée, et paf, c’est un papier filtre, un papier ouaté, parfois même tout un cahier. Et l’on tourne, tourne les pages, elles, elles servent de support à des idées odorantes, odeurs de café, de biscottes, de coton, de bitume, de villes parmesanes, tout y est, la parfaite panoplie du souffleur ou du souffreur, d’ailleurs les deux se confondent par leur texture.. Développez votre idée, et si cette idée était un film, oh, quel bruit ça ferait. Mais méfiez vous du bruit, surtout du bruit du panorama, avec ses dômes, ses clochers, ses cathédrales et ses femmes qui marchent sur la tête.


A onze heures pétantes, elle arrive avec son petit sac de cuir, sa jupe fendue, ses souliers d’eau, ses manies d’agrumes et de sel, elle s’installe en moi, au plus près des magasins du cœur, y fouille, creuse, travaille à des rédemptions. Elle est si précise et si tenace qu’elle en extrait des têtes d’aiguilles...


Sous ce soleil de plomb, comme j’ai pitié de toi, toi qui dans des maisons basses, paresseuses et sans âge, te déshabilles, pour des yeux de derrière les vitraux, du plus loin des terroirs, comme j’ai pitié de toi, ma petite maladie...


Le temps s’écoulait par conviction plus que par devoir, avec une nonchalance de points de suspension. Dans ce bistro où l’on se détache de soi, pour compléter les autres, les femmes ont de subtiles tentations, et les hommes correspondent à leurs désirs. Exemple :une dame extraordinairement belle développe cette idée « l’homme est une attention que si on la lui porte »et toutes d’approuver. Bref, la scène recommence autant de fois qu’elles le souhaitent, et l’homme de se conduire en noyé plus qu’en noyeur, et ça, ça arrange pas mal de monde, surtout si l’eau a des lenteurs de limonade...


Mon âme était un passereau paresseux, sans sifflet, sans charme, au ramage grossier, pas de mélodie, pas de chant. Je le chassais de moi, l’insultant à tout rompre. Un jour le retrouvais dans le corps d’un autre, frais comme une agonie, égoïste comme Prévert, touffu comme moussaillon, et lui de me maudire que je pleurais plus fort sur mes anciennes fondations...


Qu’une nécessité soit nécessaire, et voilà que tout le monde en veut. Advint un jour qu’elle me demanda plus de grâce, et le discrédit sur tous ceux qui la convoitait. Je n’y parvins pas et la condamnais à vivre en ermite le long des voies ferrées. Aujourd’hui j’apprends qu’elle prit une rame en pleine poitrine...


Je m’exerce aujourd’hui à pondre des idées. Les premières sont les meilleures, ovales comme des volutes, grosses comme des noix de coco, elles ont aussi la propriété d’être interchangeables ;les secondes sont déjà moins bonnes, épaisses comme de la glaise, bossues comme Bossuet, lourdes comme un caramel, elles ont malgré tout quelques atouts dont celui de réconforter certaines de leurs victimes à tête de cochon, quant aux troisièmes elles schlinguent, je préfère en rester là...


Je rosse des enfants qui se moquent de moi, il y a des jours où je leur crache au visage les injurie, d’autres où je leur mouche le nez en des toiles émeri, et ça, ça me fait grand bien que je songe déjà à recommencer d’autres fois...


Je me mariais par conviction. Ma première bonne action fut de préférer ma femme au vin, ma seconde de l’introduire dans une vaste chambre, encensée de benjoin, la troisième de la laisser se livrer à d’étranges phénomènes entre la télékinésie et l’emportement. Il va de soi que je ne la revis plus, je songe à un nouveau mal qui s’appelle l’envie...


Il y en a qui se mettent en tête d’être malade, et ils le sont, on les introduit alors dans des cabinets où un homme en blanc leur dit de tousser, de se désarticuler, de gémir, bref de faire le con, tout ça à la mesure de ce qu’ils sont capables de faire. Il y en a qui se mettent en tête des idées qui ricanent, le toubib leur prescrit alors une cure dans un sana, pour de la nonchalance et du laisser aller. De temps en temps ,il y a des toubibs qui s’en foutent et d’appeler le suivant, qui est un autre moi…


Ma femme ,plusieurs fois la même, dort debout, dîne au lit, et fait fuir les vagabonds. Certains la disent impersonnelle ,elle est en fait incapable de toucher dieu du bout des doigts. Quant à son cœur qui a le poids d’une coqueluche, je n’en parlerai pas, ’imagine que vous savez pourquoi, et si non, moi je n’en sais pas davantage…


Comme ce sommeil me convenait, je m’en fis un ami, le nourris, le logeais le lavais, lui racontais des sornettes. Il me faut un sommeil bien propre et bien poli où vous viendrez dormir….

Elle passait, l’avenue menait paître ses demeures et ses tramways, la lumière prenait l’offensive, l’ombre soliloquait, son auditoire de forcenés n’étant plus attentif. De mes mains en éventail j’espaçais des visages, des liasses d’aux revoirs et des paniers d’offrandes, elle passait ;et sur le grand miroir où réfléchissait son âme, traînait un vol d’hirondelles aux multiples concerts.


N’ayant plus même de quoi signifier le présent, l’homme à double tranchant s’octroya une attente, il s’en fit un tunnel dans lequel il se perdit. On le retrouva un soir dans une ville sans nom où l’imprévu parlait un langage oublié.


J’ai acheté un bistrot, m’en suis fait une église, l’église est un bateau qui chavire et où les ouailles ont du mourrons, le mourrons bouleverse et les boulevards s’allongent ;puis la scène s’achève. Je cherche l’allégorie.


La médisance montrait le poing, rajustait ses bas de dérives et de ragots, et sous sa robe noire, l’ignorance délivrée aiguisait ses silex pour toutes les armes à feu.


Mon ami vint, on lui connaissait des vertiges et des repentirs, des absences aussi. On le disait téméraire, il était en fait incapable de converser avec Dieu ;mon ami vint. Au milieu des tiroirs caisses, la droguiste distinguée séparait rires de fracas.


Il avait une tête carrée dont la surface s’obtenait en multipliant côté pile par côté face ;c’est d’ailleurs ce côté-là qui ressemblait le plus à un œuf.


Quand le terme n’est plus, l’accoucheur se morfond, tête lourde du dégel bien trop tôt commencé, bras chargés d’arrivages pesants et inutiles ;mais pour fuir la défaite qui précise ses traits, il faut plus d’un repères et plus d’acquittements.
Rappelle toi l’enfance, comme elle nous ressemblait, la prairie, les forêts et les retours en sang, nos mères sur les balcons qui hurlaient, juronnaient des siècles de délices, des bleus de la baston, et nos mères qui hurlaient…..


Dans les escaliers je croisais le vieillard, il avait été chirurgien et célèbre, son bonjour papier carbone résonnait des mines aux longs vertiges, des pleurésies de ceux qui rêvent de travailler au jour, les mains dures et glacées qui font une couche chaude, et le cœur aussi juste qu’une célébration…


L’escalier sentait fort, tu dis « c’est le chien de la voisine qui a pissé ici »,le chien s’appelait « chien »,n’avait pas de collier, les enfants dont les actes sont inutiles lui donnaient des coups de pieds au ventre. Le chien mourut, l’odeur resta ;c’était son au revoir, rappel des cris trop tus….


Tu m’as dit « mes vingt ans, chien méchant, loup en sang, peu d’espace ,pas le temps, et je hais l’incendie, le silex et le plomb »ô vendangeuse idiote, mes mains sont crevassées et mes ongles cassés, mes doigts ne fouilleront plus jamais dans ton ventre, et mes yeux, où tu profiles tes ombres de reine sans consentir, sont crevés ;il te faudra à présent m’arracher à la terre pour me donner à boire ,à manger et à boire…


La mort ,je l’entendais creuser dans ma tête ;la bêche cassa, la mort cessa, l’herbe poussa. Il me faut à présent accepter pas mal d’insectes lourds du poids de mes insomnies.


La neige dont l’heure de gloire est à présent annoncée, acquiert la nuit une capacité à se blanchir et à tomber à pic, un peu comme une robe de mariée dans un hôtel du dix huitième arrondissement, où tout commence par des jeux de mains.