Au jour le jour - 249

Ce que tu aimes d’antique en moi c’est mon primitivisme ,cette façon distincte de n’être pas dans la transparence, et les airs qui me portent sont aussi les tiens, à ma première représentation, à mes premières livraisons ,tu as su que je te voulais pour embarcation tel un nocher qui n’aura plus d’enfer à franchir, mais les mers sont des lieues sans horizon, tout n’y serait que détours ,ton monde est fugitif ,le mien fugace et inversé ,il n’y a ni sommet ni base ,en lui j’y stagne en maigreur de tout et de tous cette dans cette solitude que j’ai voulue comme un agrément et qui m'est m’est trouble ,grasse ,livide, elle n’a de valeur que parce que je sais t’y mettre dans la constance d’un qui va au bistro chaque matin pour lire la chronique des demoiselles enceintes, tu as des exigences auxquelles je ne peux pas répondre, tant j’ai de parties enfouies secrètes rognées de toutes parts par des enfantillages, des orgueils ,des vanités, toi tu sais me réchauffer et mes réchauffements sont d'une chaleur tue, tu sais installer le feu à la bonne place, avec des brindilles et de l’amadou, cela me convient, comme me convient de t’imaginer près de cet âtre où j’engage mes inutiles attraits pour des séductions dont tu es trop éloignée ,cela reste une amputation.


Je te chamaille, chamarre avec mes craintes, mes entreprises de toi  n'aboutissent pas, sinon à des images forcées quand je m'endors, c'est là que ta main à ma bouche se porte pour de la taisance, pour m'accompagner du regard vers un tableau impressionniste où les couleurs se défont des nuages et donne à nos bagarres des gestes de boxeur sonné, ce qui me trouble, c'est ce que je te montre, trop vite, trop cru, du déshabillage chrono en paume pour un temps léger ,j'aurais dû  garder le silence, je n'en fis rien ,ma poitrine s'est ouverte et abattue sur un corps béat de ne pas savoir mes religiosités, mes doigts ont trop impressionné sur la vie ce que je t'ai soumis à la vue, des images hostiles à mon encontre. Cette insistance, cette entreprise, droites ,directes je les paye aujourd’hui, elles ne me mènent pas à la quiétude, je sais qu'elles m'abattront, qu'y puis je, je ne connais pas la lenteur, je suis un coureur de cent mètres qui halète et s'effondre sitôt la laine blanche franchie ,pas ce coureur de fond qui poursuit un autocar pétaradant où tu as pris place, et tout est crainte nouvelle.

Un jour mes mots te lasseront ,ce ne seront plus ces collets où toi petit animal soyeux , conducteur de mes émois est venu te jouter, tu t'apercevras, tu sauras, tu apprendras en relevant la tête et tes yeux vers un ciel plus serein, que je ne suis qu'un joueur dont le jumeau s'est couvert le visage d'une écharpe verte pour se planquer de lui. Cette augure, à tant la mordiller avec mes lèvres malades de n'avoir pu te grandir davantage adviendra, je serai sans fief et sans joie, j'irai m'épuiser dans les alcools et les somnifères, insidieusement, tu te déferas de moi ,de mes lacets et lassos, tu voudras nouer une ficelle à mon cou pour me descendre au soupirail de ton âme ulcérée par mes ennuis, j'irai alors à la stérilité, cette fille, cette créditrice qui peut pivoter sur son siège, mettre son regard froid dans le mien ,et dire que mon fonds d'ignorance en est à un taux d'usure dont tu ne veux plus faire l'usage, la nuit viendra avec ses polarités aigres et je m'endormirai à toi, comme tu le feras à moi, c'est cela que m'enseigne la lumière de ce jour.

Quand au jour confondue
De tremblements de roches
Tu désunis de moi
Le plus beau contre-jour
Ma faim est une épine
Ma soif contre nommée
Et je ne sais dormir
Qu’aux matins tourmentés
Dans ces heures où ma fièvre
Ne sera pas de forme
A nul écho semblable
Que ce ululement
Ne va ma chère fortune
Et mon tumulte froid
J’écrase de mon corps
Chaque indigne pensée
Où je n’ai su tenir
Ma langue en probité
Ta vie entre mes mains
Serrées et maladroites
Y avance en cet heurt
Que tu sais contenir
Comme une langue morte
Et qui n’est pas mineure… 


Or dans ces années blanches
Qu’est il donc advenu
Et qui ne soit d’oubli
Ni de sombre mémoire
Echo lourd pressenti 
Aux faîtes sans conquête
Comme un amour sanglant
Qu’on aurait avalé
S’il n’avait été pris
Dedans nos cécités
Dans nos mutineries
Nos fétides ergastules
Or bien placé ailleurs
Il n’est plus qu’apparat
Drapé comme un faune
Surpris dans le sous bois
Et qui tanguant s‘avance 
Pétri de déchirures
Avant d’aller quérir
Une autre créature
Et ravalant sa langue
Comme on boit un péché
Il donne dans la sentence
Comme d’autres dans le bienfait…


Hors du logis nocturne
Où tu assailles l’ombre
Avec tes églantiers
Tes fleurs pourpres de mordre
Tes alibis vaillants
Qui n’ont de nom d’entrée
Que lorsqu’ils vont ailleurs 
Par delà tes vêtures
Tu restes la maternelle
Femme de tant d’efforts
Qui chante des antiennes
Comme on rend un trésor
A ces amis venus
Un soir parmi les lustres
Etourdis de conscience
Comme en une propreté
Que tu n’éteindras pas
Comme on couve un brasier
Pour qu’au matin fumant
Encore de sa chaleur
Il nous rende à la joie
Entre l’écho la lyre
Que l’on a fait vibrer
Dans nos soulographies
A dépolir l’espace
Et son long corridor
Qui va de nos jeunesses
Jusqu’à l’amant qui dort
A qui nous ressemblâmes
Dans cet antan d’hier
Quand nous étions le souffre
La lampe et l’univers…