Au jour le jour 245

Les hauts lieux distingués par la couverture de leur chef sont aux vitrines découpées à hauteur des yeux de ces soldats sans forme humaine qui ont traversé de blanches plaines et pris leurs quartiers d’hiver, celui qui est à la traîne n’a plus de baïonnette au fusil, et sa vie qui change,  arbore un nouveau mal, l’âge de la reddition, il réfléchit à une effrayante réalité entre les larmes et la déposition, aux victoires qu’il n’aura pas vécues, à ces angelots de glace pris dans le froid et qui ont le visage de son aimée, et la plongée qu’il fait dans son âme est sans enthousiasme, dans une profondeur où les ramifications sont d’un silence et d’une apesanteur de scaphandrier qui ne respire plus.


La grande protectrice des arrhes versées dans et pour l’amour est versatile, proprette, elle est l’hôtesse d’une aire où de belles bêtes pensantes mouillent dans des souillures, elle a hérité d’un auxiliaire malhabile qui n’a pas le même point de vue qu’elle de ses hauteurs, et ses mots vont à la déjection des vents et des pluies, préjugés faits de sable, de cristaux impures aux mains des vierges nubiles,  et dès les premières notes jetées dans les sphères, je retiens d’elle la portée docile de son voyage vers des sites alloués aux périls de l’amour ,aux attentats tardifs, comme elle est sur la défensive, elle ne veut traverser aucun fleuve, pas franchir de ponts où je suis aux péages, la chaleur qui lui viendra ne sera pas de moi, je prendrai d’autres routes, d’autres décisions, je gagnerai ou perdrai sur la vie, j’aimerais qu’elle le sache.


Les petites bouteilles sont charbonneuses ,et les filles qui les enserrent pour nous verser à boire sont altérées de convictions qui changent de degré à toutes leurs  saisies, comme chacune d’elle a des saisons de savon et de naphtaline, elles sont jeunes ou âgées selon le dieu qui les impressionne, selon qu’elles soient dans la nonchalance ou la génuflexion, j’ai gardé d’elles des idées gaillardes en demi ton, et lorsque je suis au comptoir dans un illicite  sommeil, il n’est plus dans ma responsabilité de leur glisser des propos impropres à ma nature de taiseux, mais l’alcool tant il est prodigieux, tant il est dépositaire d’une réelle fausseté, entre le mensonge vrai, et le vrai mensonge, c’est cela son métier, et dans mon sang les épreuves de la connaissance et du méfait témoignent que mon corps s’est par trop soustrait à mes beaux travers, est devenu abrupt, et qu’il n’ira pas vers celle pour qui d’ailleurs je n’ai aucun ticket…

Me voici
Dans un grand âge
Sans la fraicheur des annonçants
C’est du haut large que vient
Cette route de braises et de cendres
Je reviens vers toi
Sur des rives terrestres
Et j’y mets le pas en rêvant
Qu’ayant pris rendez vous
Depuis des millénaires
Comme un homme
Une main au collet
Qui de sa monture
Retiens le rêne tendu
Je ramène vers moi ces jours
De mes vastes nervures
Et j’y entre
Pour une innommable issue
Par celle
Où d’autres que moi ont fui
Pour un désert de sang et de songe
Ma quête est d’un jour ancien
Ma fureur est mon drame
Et l’instant fatal
Est dans chaque instance de toi…


T’es mon angine
T’es nyctalope
Tu tiens debout
Façon cyclope
Un œil ouvert
L’autre est enclos
Sous une morte paupière
T’es déférente
Echappatoire
Mais pour muser
T’es dérisoire
T’es mon angine
T’es délicate
T’es renégate
T’as des surplus
Et des surcroîts
Figure de proue
Pour une régate
Dans tes zodiaques
T’es pas la vierge
T'es sagittaire
Mais sans les cierges
A des confesses
Tu vas et mens
Comme ces piquouzes
Ou ces baisers
Qui sont un temps
D’éternité
Malade en somme
Dans un foyer
Où l’on te nomme
Par cécité
Et sous les cieux
Tu tl’as ramènes
Par déficience
Ou par enjeu
T’es mon angine
Mon mal de gorge
Mon mal de tripes
Ma raucité
Dans tes carêmes
C’est du pané
Et tes carnets
Muets de tout
Renflent de mots
Imprononcés
Ploient sous les rires
Des farfadets
Lecteurs débiles
Parcqu’offensés
T’es mon angine
Mon effusion
Ma pt’ite vertu
Mon grand pardon
Tu fais la pute
T’as des entrées
Et pour cent balles
T’es dénudée
Moi mon vertige est préservé
J’y perds des plumes
Dans cette fumée
Pour tout te dire
J’ai commencé…

Technique élémentaire de ces hommes  de terrain qui traînent dans les jardins sales des campements imposés, ils ont peu de choses avouables à prononcer, aussi vont-ils en guise de préambule, avec de lents mouvements, vers les pissotières de l’histoire pour y dégobiller leurs insanité, rien de puis n’a changé ,l’homme est à lui seul le résumé de tous les refus, de toutes les peines et les plaintes, et comme il le sait, sa cache est dans le ventre d’un animal mort et qui s’est endormi en lui, on peut retrouver certains d’eux dans les grands cimetières sous la lune, lorsqu’elle est pleine et qu’elle obvie de sa lumière sur tous ces visages qui n’en forment qu’un seul, et qui est le nôtre parce que nous sommes nés damnés et condamnés.


Pas très arrangeant un engin de tir qui tient d’un gouvernail et d’une arbalète, avec leurs ouïes naturelles, on dirait de grands visages qui rient jaune avant des décochements ou des décrochements de mâchoire, et les personnes sottes qui ne se mettent pas à couvert peuvent à tout moment faire une fluxion de poitrine rien qu’en les regardant de près, cela s’appelle une mauvaise conjecture, j’en veux pour preuve que dans le grand déballage de mes idées les plus absurdes, j’ai comparé une momie et un visage flouté pour les faire coïncider à mon désir d’écriture, cette représentation est une persistance quotidienne et tant qu’elle résidera en moi, je ne serais pas lointain, j’aurais des piécettes et des pinceaux dans les mains pour prendre en compte des histoire insoupçonnées, j’image ce qu’il en serait alors d’un roman photo en italiens où dans les phylactères on lirait des mots ourleurs de langue et de psalmodie, la seule question qui subsisterai alors serait celle de la solitude, mais ça c’est une autre sale histoire.

Les démêlages distingués donnent de belles graines là où se rejoignent les points les plus lumineux de ces visages pris dans la pénombre et qu’on salue avec une fraternité d’homme de terrain, celui là est consciencieux, conscient du monde qu’il a construit autour d’un cliché, cela est parce qu’il a voulu qu’il en soit ainsi, vous vous pouvez supposez autre chose qui serait peut être d’un jeu double, celui d’un Janus en proie à une maladie qu’il ne sait nommer, soit, mais sonore m’est votre nom, et je bois aux plus hauts des nuées ce que j’ai créée dans ma grande ravine d’herbes et de boissons, la déterminante façon dont je m’y suis pris en vaut bien une autre, celle qui aurait consisté à me mouvoir, à me faufiler jusqu’à vous dans la moiteur de ceux qui ont les mains prises dans le dos, mais vous étranglerai dès le premier soir avec leur faim illégitime de rester dans ce monde tels qu’ils sont, c’est-à-dire des hommes dont le désir est un pendant à leur langage, et qui n’est ni d’enchantement, ni de surprise, mais fallacieux.



L’inégalité des reliefs est toujours dans un tiers refroidi d’une bienséance contrariée qui forme un tout poussé à de brèves relations, et le mouvement de ses yeux va d’une touffe drue à une effusion de sens impropres à être commentée qui traduit une unité fusionnelle entre une jarretière et une carabine, tout ceci dans un lieu humide comme la cuisine sentimentale aux décoration salement stylisées, là où s’affadissent des animaux aux yeux torves, moi qui suis sur des coussins, parfois asexué, parfois non, je distribue du forfait avec humeur à tous ceux qui se mettent dans un temps à retardement avec des herbes et des potions, puis qui vont faire un sport de combat contre leur propre corps, en ôtant leur chevelure filiforme, droite, serrée contre un crâne où tous les drames ne sont que des complots déjoués, je précise être aussi pouilleux qu’eux, c’est dire ma religion, celle où l’on balance de l’eau bénite dans les éviers du partir, et de l’encens dans les bains publics dans lesquels une populace qui en appelle aux flashes n’est plus en mesure de gratifier ses maternités.


Certains dégagent un parfum impropre aux bonnes mœurs est c’est une vérité morbide et marquée qui va au trou charnel, au fourreau d’exister par ses glandes, comme ces grands pollueurs d’atmosphère qui fréquentent les orthophonistes et médecins du langage, l’oxygène qu’ils ingurgitent puis rejettent est un germe sanieux, nous n’y pouvons rien, alors nous nous retenons de parler, et notre retenue est filtrée par nos beaux organes, les reins, les intestins, ces vaisseaux constitués de l’essentiel de vivre, et l’ensemble de notre corps malade de tout garder va d’un extrême à l’autre, le temps de regarder s’il est dans la bonne position, celle d’un tireur couché et qui ne vise rien, ce manque d’imagination conduit l’homme à la planque, au fonctionnariat, rien d’étonnant à ce que les postures en deviennent des possessions de terrain, et rien d’autre, si j’étais en haut d’une tribune, je les applaudirais avec la faculté qu’ont mes mains de faire des nœuds ou le coup du lapin, il m’arrive même de songer que si je n’étais pas né senestre j’aurais peut être fait usage d’un garrot, ou d’un révolver…