Au jour le jour 232

Pourquoi ose t-on à nos avides bouches ouvrir porter ces corps que ne limitent que nos distinctes extériorités ?Ce que je sais, c’est que vous donniez forme à ces mouvements qui allaient vers vous d’un proche et d’un lointain où les actes naturels me heurtaient. Au fait que j’écartais mon visage d’une caresse ,d’un petit éclat de main advient cette phrase"J'ai eu des peurs inconcevables " elles me reviennent  parfois en grande taille dans leurs costumes grossiers, elles vont-elles viennent elles ont la propriété de ne pas aller dans l’oubli. Je veux que regardant par l’arrière n’y retrouver que deux choses, l’une pour vous, la paix, l’autre pour moi, de l’oxygène.


Je veux qu’à votre ressemblance quoique, je fasse je le fasse dans le chant que mon corps tout entier, fusse vainement quand il  s’abrège de ce noir si ancien qu’il parle une langue aux rauques consonnes. Je ne suis pas un obstiné de la parole, elle n’exprime que les petites fantaisies d'une vie de beauté et de souffrance, pourquoi voulez vous qu’il en soit autrement ? Mes suspensions de voix valent votre épuisement à cette éloquence dont vous usez régulièrement pour des séductions dont je connais les méandres , et que vous avez exprimées pour m’atteler à vos souvenirs. Qu’il existe des combinaisons à vouloir vous garder je ne les trouverai pas, je descends dans ma cave pour un vin qui sera un incrément de vous à ma bouche fautive.

Ce matin c’est un réveil reconnaissable à vos attitudes, cela se réduirait à quelques ressemblances d’hier s’il n’ avait qu’un soleil froid, une pluie dessous la pluie, brodures dans un ciel où les hauts vols ne sont plus des certitudes. Ce qui va de la femme à l’homme, j’en pressens la distincte impudeur ,tout fuse ,tout est indigeste j’écoute mon cœur battre sous votre domination ,j’y suis sensible, mais couché, debout ,j’ai le poids d’un homme, toute une chaîne de complaisances à mon égard, c’est dire que je raisonne mal ,c’est dire que je ne comprends que peu de tout,et tous les éléments de ma vie par écarts et par bonds auront le temps de me faire sceptre ou objet ,je le sais, j’y vais, j’y consens.


La mémoire n’est jamais souveraine c’est une poche décousue aux mains d’esclaves, de reptiles ,de bêtes captives qui veulent la rendre terrible et sensible pour donner à toutes choses le goût d’être rompue contemplée membranée. Un fois encore ma mémoire me lasse , me déchire ,c’est une coquille vide, un marteau sans maître ,un objet indéfini où le  langage s’est altéré afin que je le rende incompréhensible.


C’est par les mots , en eux, sous leur domination que je vous écris ,que je me mets dans le  plaisir à vous les faire parvenir. Tempétueux , tendre ou méconnaissable mon vocabulaire m’ordonne de trembler ,de me taire, d’émécher mes cheveux afin que vous reteniez que si je mentais ,je mentais vrai..Aux antiques accidents de ma singularité ,j’ai adjoint l’excessive impuissance de vouloir faire deux choses à la fois, et mes époumonements,  cette époque de ma fausse liberté, me sont devenus une vieille fille glabre qui a des attitudes de vierge qui ne se signe plus, impure tant de se gausser de mes inepties.

J’attends la puissance du langage pendant  des jours , des mois ,des saisons qui s'étirent et s'abîment dans le cours des parlottes entendues sur toutes les lèvres, je ne peux assurer une substance que dans cette cambuse où les aliments pourrissent dans de grandes corbeilles.

Je suis né du temps où j'étais fait pour l'existence, vinrent les sciences de la capacité un savoir quelque coutelas aussi dans les poches pour souligner quelques infamies ce temps-là venait à mes fenêtres dans les limites exactes du jour et de la nuit je les tenais pour une digestion élaborée puis de l'âge n'est venu humide gras pressé impalpable l'homme qui se voulait oeuvre de bien et de chair n'est pas un  indigent qui accumule de savantes horlogeries entendre la puissance du langage des jours des mois des saisons qui s'étirent et s'abîment dans le cours des parlottes entendues sur toutes les lèvres je ne peux assurer une substance que dans cette cambuse où les aliments pourrissent dans de grandes corbeilles.


L'avenir c’est notre temps en action ,et vous avec vos énigmes vous me vouez aux réponses inutiles, je ne réponds pas à l'ennui en vous estimant je, ne veux pas disparaître sans avoir élevé à votre vue dans la nudité, l'obscurité tardive, les sottes valeurs d'un jour contrefait par d’autres mains, au moment précis où chaque mot est une invention, je me dois de vous rappeler que je ne dédaigne pas vos inclinations, à vos profondeurs, sachez aussi que je sais me déguiser ,dessiner des gestes et des contours sans lendemain pour des prises blasphématoires .Ce n'est pas mon lot , j'y verrais une agitation imbécile qui ne me distinguerait pas de la bête, sinon lorsque j'aurais touché jusqu'à le vouloir,un sexe comme du gravier froid.


A l’éternelle absente Ninive ensoleillée

Aux troubles de mes ans à peine administrés

J’ajoute que je buvais à sa bouche savante

Les notes et les mots comme en une eau dormante

Et s’il me fallait rire s’il me fallait pleurer

De la rade aux remparts ou dans un bois secret

Je dirais aux lichens aux cèdres libertins

Laissez moi me manger me pourfendre les reins

Car mes calligraphies mes proses ma dictature

De ces chemins de fer jusqu’en littérature

Ne sont que des linceuls ne sont que pièges à bras

Toujours en même face toujours en au-delà

Je resterai sans colt fusil ou muselière

Je n’abats pas les chats même en un cimetière

Mais j’ai dix sous en poche pour quelques ablutions

Pour oublier de l’homme toutes les propositions…