Au jour le jour 228

Le moindre mot en mal

Et c’est bien remarquable

Que contraire à destin

Il nous faut l’oublier

S’altérer de la grâce

D’une phrase à découvert

Et qu’elle aurait comprise

Au soir de son hiver

Dans cette chambre borgne

Sans nulle autre équinoxe

Que d’aller vers l’envers

D’une existence vide

Où nul écho plus sourd

Que des pas en gravière

N’atteignent à la lumière

Leur part de vains contraires

Pour annoncer la mort

Glorieuse et incertaine

D’un qui ne peut dormir

Qu’en entrant dans lui-même

Tant il a parcouru

De frissons et de roches

Pour les multiplier

En de sombres approches

En corps démesurés

Et loin des suspensions

Se soumettre à l’enfance

Qui a gardé son nom…

Aux premières abritées

Dans un bruyant sommeil

Va le nombre des heures

Qui achèvent l’incendie

De toute vie jetée

Dans le fragile flot

D’une mer écaillée

Comme un cadastre blanc

Et chacune de dire

Celui qui parle haut

Celui qui parle clair

Qui n’a pas mis le feu

A toutes ces assemblées

Retenues dans l’arrière

D’une existence vierge

D’îles et de renommées

Qui ne sait les accents

D’une terre allouée

Ne sait pas avantage

Cette langue détenue

Par des aïeux véloces

Qui en chaque bout de table

Posent un tabouret

Pour l’ami redoutable

Qui n’a pas bu leurs mots

Pas bu leurs entrefaites

Et corrige ses gloires

Avec les yeux violets…

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Nous attendons serrés

Comme des nonnes perverses

Que raidis de nos peurs

Et le regard fuyant

Que nos démangeaisons

Nos prurits d’exister

N’aillent plus à notre corps

Tant admis à l’enchère

D’être délivré nu

A la soif empruntée

De lourds guerriers errants

Dans d’ortilleuses plaines

Où d’autres sont couchés

Une balle dans le front

Regardent vers le ciel

Q’une grâce soit rendue

Une présence légère

Celle qui nous gêna tant

Quand de nos dignités

Nous ne savions que faire

Si ce n’est de jouer

Comme pour une signature

D’être un homme qui va

Jusqu’à la démesure

Oubliant que son corps

Est d’une nature vierge

Qui ne s’établit plus

Qu’à de fausses noblesses…

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Un peu de politesse ça ne fait pas la puissance du feu, pas plus que celle de la salle des maîtres qui se mettent en marche pour aller dans la grande masse des hommes qui grelottent et boulottent, labellisant la voie impassible, droite, serrée contre ma langue sans que je l'invoque, je rêve de fourche et de basalte, la fourche pour botter le cul du malin, le basalte pour le  mettre dans un des quartiers de moi qui sent le fouillis pesant, celui des coureurs de fond qui pourraient  aller en Amérique d'une seule traite ,d'un seul souffle, après des émois secrets je suce  un brin de sureau, je l'enfourne à ma bouche, et c'est une enfance au bout de la victime qui arrive à ma salive, puisque me vient du bâillement et du dormir, j'étends alors les bras pour me recroqueviller ,je me mets en marche dans un rêve ordonné de vous ,je vous entends me dire que vous êtes curieuse de moi, de cette longue marche qui ne va nulle part.

Les danseuses débonnaires ont  des prémices de limonades lentes ,précises qui ressemblent à de petites épidémies de sens à bon marché ,elles ont la nostalgie des crêpes Suzette ,de la bouillotte ,des soirs d'hiver en bouche molle et chaude ,et je retiens de leur manière, cette propension à ne pas se mettre à l'abri ,chez moi le soir de réception elles arrivent en retard ,petites criminelles de poche qui se veulent attendre, elles en deviennent pâteuses, devers du Prévert chacun se débrouille entre soi, avec de la salsa ,du rire, des vieux collectors  que tous rendent honnêtes en les fredonnant, un seul titre suffit à nous rendre imbéciles ,voilà comment on se met en prison entre petits assassins ,entre petits esprits, qui perdent leur temps en dollars gagnés sur leur jeunesse, après ça, ne reste que l'oubli du nom de chacun, l'odeur de la montée du citron, celui des alcools pour plus longtemps, afin que les voleurs les emportent pour leurs pochardises.

L'arbre aux rats qui les traversent avec leur queue bouchonnée, il est d'une nature soignée, il danse ,un bandeau sur les yeux, et les parasols de ses branches sont mieux accueillis par des vieillards qui s'emportent contre le monde  qui ne les étreint plus, que par une jeunesse ivre de sciences malodorantes .Au grand nombre de ses bases, de ses racines ,vit un peuple protégé qui se resserre en bloc pour des sacrifices de coussinets mous; puis c'est un plumard de feuilles qui prend feu ;qui fait des volutes ,des spirales de la vapeur brûle l'air ,on y voit danser des esprits développés ordinairement à partir de nappes en papier ,ou de mitres d'évêques défroqués ,c'est alors que les rats montent aux échelles du vent pour aller à la castagne.

Combien pour ce visage, un sou, dix sous, cent sous, sans dessus dessous, jamais vu un tel visage avec des yeux qui feraient tomber à la renverse plus d'un homme roué à la défiance. Moi j'y mets les miens, je regarde ,je vois ,je propose une somme rondelette ,ça n'est pas l'usage de ces gens d'intervenir à l'achat d'une figure humaine, certains sortent d'un étui, d'autres d'une aubépine, d'autres encore d'une martre, ceux en état d'ébriété pointent leur carabine à ma poitrine, chose curieuse je ne suis pas dans la peur, d'ailleurs j'ai la certitude que tout cela est moral, on achève bien les chevaux ,on casse bien les  couilles ,on s'entretue habilement, alors vous pensez bien qu'acheter une relique ,une breloque, ça relève de pas grand chose, c'est pas du pareil au même, sauf que ce visage est un visage aimé, celui d'une déesse morte et vénérée, je ne le savais pas, je ne m'en soucie plus.