Au jour le jour 213
Cher à payer
Tous ces pleurs
Les réclames
D’un monde qui refuse
Les paradoxes élémentaires
Cette autre
Nouée comme un cintre
Et qui n’est pas de moi
Cher à payer
La religiosité
L’immédiate sainteté
Qui va de la flamme à la fleur
Cher à payer
L’oubli et l’inconstance
Les crimes avoués
L’ombre échappée
De nos irrépressibles idées
A ne rien rejeter
Cher à payer
Que d’être debout
D’être ici bas et las
Les paumes ouvertes
Sur un cœur dédaigneux…
Faites des concessions à la médiocrité ,c’est la seule façon d’expliquer que la vie ne sera pas courroucée par tous les paravents que vous dressez pour ne pas apparaître dans les plus viles de vos conditions.
Ma nécessité de me taire, je la tiens de ce passé où j’ai si souvent fait le mort pour n’avoir pas à décrire le monde avec ses contenus insanes, ses incontinences et sa façon qu’il a de rajouter de la fiente là où il ne faudrait que de l’éclat.
Et pourtant l’attendue
En des frissons de roches
Laisse toute entrevoir
Le même qui se rapproche
Avec en ostensoir
L’idée et son modèle
La lourde chaine vive
Qui revient des enfers
Dans l’immense savoir
D’un cœur qui se résigne
A ne rien entrevoir
De tous les nobles signes
Comme d’autres reposoirs
L’univers permanent
Redouble ses énigmes
Redouble ses engeances
Courage et volonté
De l’absurde naissance
S’immoleraient du feu
De toutes les inconstances
S’ il n’y avait de dieu
Comme unique présence
L’âme et le corps distrait
De moi autre victime
Sont d’une insolation
Engendrée d’une substance
Qui ne sait dire son nom
Qu’en une autre absence
Je retourne le ciel
Plein de condescendance
Que ravivé à peine
D’une vaine consolation
Nul autre de mes pleurs
N’est sotte désolation
Pourtant toujours pareils
A tous ces simulacres
Et mes jours et mes nuits
S’inclinent au désastre
De voir réapparaitre
Cousue d’or et d’étoiles
Cette femme adultère
Qui dans parmi les voiles
D’une aurore abolie
Par tous les stratagèmes
Du jour et de la nuit
Dans leur vaste géhenne…
Et puis il y a cette lumière basse, cette lumière au rabais ,elle imprime dans nos yeux quelque chose de mal nourri de mal préparé, on balayerai sa maison que rien n’encombrerai les chiffons sales ,c’est une petite angoisse fâcheuse qui cherche un nid à sa mesure .L’attente de la clarté c’est comme attendre le chant du rossignol , une enseigne à nos yeux l’inconfortable et doux son d’un verre qui se brise, mais rien ne vient , on reste assis et on attend on attend des plombes, puis c’est une heure exacte qui va donner sa valeur à ce bourgogne au nom barbare…
Les souvenirs il faut les entretenir sans cesse sur ce terreau-là qui vient du fond des mines.
La poésie me paraît révolue ,mais toujours résolue à nous faire fixer les yeux sur un monde éclairé de toutes parts par ceux qui voient la vérité comme une lumière qui danse.
Où meurent l’obscur travail les saisons violentes la vie les fenêtres ouvertes pour le passage de la pluie dans les absurdes répétitions du vent et de la surdité sont des musiques où l’on sent du mariage et des enterrements ici nul ne vient s’encombrer de nos mémoires ce que nous tenons dans nos mains s’est rompu à la triste chair des files qui se sont retirées dans d’autres nuits d’autres soupentes d’autres vestiaires le temps est une blanche calamité je bois l’amer vin des messes convenues m’endors tel un moribond dans des draps qui ont pris la forme d’un corps que j’eusse aimé je veux rêver d’une autre voix d’une autre vie qui ne me réveillera pas sur le gravier d’un cimetière…
Et nos enfants endormis dans le temps des hommes sont caressés par des filles écumeuses figures d’albâtre et de proue les nuits sont d’une monotonie de plaine l’air est un bord tranchant portant il faut encore croire que les ponts sont bordés de ces plaintes d’esplanades et de boulevards avec leurs chants de mariage et d’éternité nos mains paresseuses ne vont plus à la lumière dirigée des phares pour y mettre les coques dans la lumière crue tremblante aucune livraison n’est plus insincère que celle qui est donnée à d’autres prévenances qui sont restées sur la berge pour tambouriner sur la peau des chaloupes nous nous gantons comme des voleurs nous couvrir nous vaudra t-il un chagrin une semonce un crachin un crachat ou faudra t-il que l’eau gèle pour que nous puissions rejoindre ces filles qui marchent dans le jour neigeux..
Quand les serpents hasardeux s’amalgament aux miroirs, ils ne sont pas mis en vedette, mais chantent dans des cuisines aux bas plafonds des airs de camomille et de limonade dans un temps où il fait moins de zéro degré plantigrade, ils ont des têtes de froide céréale et leur vue vaut huit points sur le dé du hasard, cette mollesse qui est la leur quand ils veulent se détendre vaut par leur égale propension à vouloir disparaître sans imbroglio sous nos couvertures, aussi celui qui cherche à faire des rencontres d’âmes n’a pas un prénom qui porte bonheur et qui s’écrit sans qu’on l’orthographie proprement, ce dernier a également des graminées dans la bouche ce qui le fait passer pour un funambule épris d’une batracienne, à voir les façons approfondies qu’il a pour se rendre au bal des intérimaires on se demande si cette manœuvre n’est pas un retournement avec son coté sombre et impair, la suite est une implication de bêtes bavardes au milieu d’un cénacle employé à faire de alliances avec l’Histoire.
La joie remuante et saisissante ne nous vint plus, les heures semoncières et de remue tête semblèrent une éternité mélancolique et sans fortune. A poursuivre l’image qu’on a de soi, à sans cesse vouloir la prolonger, ma présence ne fut plus qu’une pensée indiscrète et vague, un peu comme une raison obligatoire qui a pour devoir de dévorer les faux ciels, entre autres celui de par dessus notre couche. L’amour est le bloc de deux chairs, de deux êtres qui procèdent d’un bleu roi, de l’étincelle, de la merveille du découvrir, ceci nous l’oubliâmes, nos chansons mêmes étaient d’un deuil apparent et pourtant sans fondement réel, j’ai laissé mon âme dans une demeure par top silencieuse, vous vouliez mon cerveau plus charpenté, plus ouvert, comme celui d’un vampire contemporain et qui parle, je n’en était pas là.
J’étais trop en low coast, un peu trop froid, un peu trop distant, avec du chaud parfois et je vous le témoignais. Les ans passèrent, les cassettes de mon silence et mes arrivages étaient antidatés, vous, tous les soirs vous me téléphoniez pour signifier les petites choses d’une vie simple, j’y étais attentif, sans froissement aucun, votre timbre plein de ces notes que j’aimais m’était doux, le saviez vous, m’entendiez vous vous étreindre dans la distance, celle où j’écoutais des musiques légères comme de petits étouffements et étranglements à domicile.Econome par et pour les mots, mes gestes toutefois servaient d’intermédiaire, cela aurait dû vous mettre sur la piste de l’amour que je vous portais, soit, j’étais dans une fausse transparence, mais pas dans l’hallucination du n’importe quoi, je mène une bataille, une guerre nécessaires contre moi et j’ai peur.
Dans les beaux samedis pluvieux nos changions peu de nos appartenances au canapé, bêtes tièdes flanquées, enroulées dans un plaid, nous mettions nos regards là où il doit se poser, quelque façon entre la burette et l’ostensoir, la musique oublieuse nous établissait dans le bredouillement de quelques notes retenues, de la parallèle quoi, simple, étonnante, un peu comme une nappe d’eau d’où ne sort aucune bête monstrueuse. Les dimanches étaient des temps suspendus témoignant d’un départ, nous nous y enfoncions, nos dextres prêtes à retenir, à fouiller encore dans nos têtes pour y retrouver la trace des jours heureux, un peu comme nos mains vont à la terre pour des semences à y enfouir, à mettre au monde ce qui devrait s’engourdir dans l’après nous, tout ceci nous servit trois saisons, belles, étirées, longues en langueur et de douce éternité.
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