Au jour le jour 211
Comme la vie à la pierre
Touche au fond de nous même
La ruine est le silence
Vermeil de nos nuits
Chacun poursuit vaincu
Un nuage à la mer
Qui a son origine
Aux dianes éclatantes
Pâture est mon pays
Et pâture est ma vie
Exil est ma naissance
A cet arbre qui tombe
Qui n’est pas défini
En orbes et en ramées
Comme dans d’autres pays
Et toute cette peine bue
Auprès de ceux qui rêvent
D’un parent idéal
D’un ami de piété
N’auront commis que d’être
Entre le crime indigne
Et sa belle élégance
Que de rester en veille
Pour voir dans les distances
L’éclair et l’étincelle
D’un mort né sous la cendre…
On ne fait plus l’effort
De tremper à la feuille
Sa fatigue d’être né
Comme un linge en linceul
Et cette bête fiévreuse
Qu’on pourrait emporter
Dans sa vaste demeure
N’est plus même distinguée
Au mourir d’être blanche
Elle se consume et tord
Ses infects boyaux
En de noirs soubresauts
De la couleur des lices
Et de celles des arènes
Quand l’homme s’est empressé
D’y adjoindre sa peine
Avec ses lourds témoins
Antiennes sur un écran
Où sont les prismes morts
D’un corps adolescent
Contre les palissades
Point de vie qui pétille
Comme un soleil masqué
Qui manquerait de vie
Et tout l’or froid des orgues
A nos grandes figures
N’est plus qu’un motet triste
Venu de la ramure
Où des oiseaux crépus
Jettent dans le feuillage
Nos gloires plus anciennes
Que tous les anciens âges..
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Et de songer encore
A vivre de l’amour
Dans la lumière bleue
D’une chambre où respirer
Est un ordre nouveau
Dans le charme et l’attrait
C’est dire à son aimée
Qu’il n’est plus de ces peurs
Pour ce qui nous advint
En guise de langueur
Et qu’au cher renouveau
Où va la vie recluse
Il y a un regard
Où l’on sera admis
Aux hautes récompenses
De se savoir compris
Et d’origine neuve
Un corps nous échoit
Comme de noble matière
Pour de nouveaux ébats
Où rêver est plus juste
Que cette paix mouvante
Qui va d’un front pommé
A une main tremblante
Puis aux saisons menues
Avec leurs croches pâles
Nous voici contenu
Comme pour ne plus nommer
Ni la peur ni la mort
Pas plus que le regret
Prends garde de ne dormir
A ta vie amoureuse
Elle se découd toujours
A hauteur de la barbe
Et l’ange consciencieux
Qui parle par ta bouche
N’est rien au grand regard
Qui arrive des cieux
Car plombé à ta gauche
Par un corps désastreux
Ton cœur nu s’époumone
A corrompre l’adieu
Et de ne rien comprendre
Ni de chair ni de gloire
Quelque chose s’arrête
Aux frontières du soir
Que tu ne peux admettre
Car il reste sans nom
Aussi flou qu’un nuage
Qui n’a d’autre frisson
Que ce hoquet timide
Dans la course du ciel
Et qui est dans tes yeux
Comme un linceul humide
Mais tu veux contenir
Et l’ardoise et le mot
Qui se sont dessinés
A tant d’autres lambeaux
Et tout va au blason
Insalubre de vivre
Qui reste sans écu
Sur des couches de givre…
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