Au jour le jour 199

Lumineuse et impassible
Qui parle le latin
Avec un accent violacé.
Donne moi de penser
Le ciel inaltérable
Les reliefs désolés
Où s’étreignent les bêtes
Charbonneuses cendrées
Dans la neige que soulève
L’amer vent établi
Au ponant obligé
De tenir dans mes mains
Les religions décentes
Où des hommes de cœur
N’ont pas de lourds désirs
Et dont l’intimité
Requiert une douce base
Comme on s’assied à table
Au milieu des amis
Sans jeunesses contraires
Eclatantes et vermeilles
Comme l’est ton visage
Au sortir du sommeil. 
Je ferai soumission
Dans le jeûne et la paix
J’irai muet taiseux
Au milieu des futaies
Etablirai ton nom
Sur les chênes triomphants
Au ramage de pourpre
A  l’automne languissant
Dans les fougères bleues
Je poserai mon pas
Ces traces inaltérables
Comme en double compas
Tracerai dans les sentes
Des regains de piété
Quand le masque qui manque 
A d’autres impunités
N’est qu’un glaive sévère
Qu’il faut déprécier
Et dans la nuit aux yeux
De louve de dioscures
Je redirai ton sexe
En nouvelles coutures.


Au nu rebours dormeur
Où tu es glorifiée
Un ange au baiser ivre
T’inonde de rumeurs
En présence d’un ciel
Plus profond que la mer
Il couple à l’endormie
Une part de soleil
La fin claire d’une croche
A l’âme violacée
Où s’est en nombre pair
Déplacée la présence
D’un confident obscur
Au regard tendre et doux
Dans le jour adjacent
Sans tain sans vaine place
Il regarde ta vieS
ans nulle piètre menace
Et veille à cette femme
Dont il connaît la trace
De la sphynge prolongée
Par delà les ornières
Et qui va s’établir
Aux dormantes marnières…

Comme une amoureuse sans force, te voilà dans la pulsation d’un temps qui bat l’unisson d’une cymbale et d’un fiacre, d’un verbe haut et fluide, et celle d’une suite de terres opaques, liquides, dans ces nuages enfiévrés où des troupeaux de bêtes au bord de l’eau paissent une herbe aux rebords des lavabos du ciel, des luzernes peignées par de fétides vents, notre climat est un ouvrier boiteux, maudit qui va sur un chantier naval avec des mains lourdes et calleuses, qui n’allumeront plus aucun cierge ; toi à quarante ans tu voudrais ne plus peser pour quiconque, ave ton cirque de vivre, ta ribambelle de faux viatiques pour des départs précipités, ton registre est un nombre pair, tu t’en venges avec des préfaces où tu ne veux pas figurer, en feignant des alliances sans cours et sans retour, avec des hommes qui t’enfermeront dans leur putain de destinée… 


Hors de moi
Je ne veux plus
De ce langage instinctif
Comme un cruel musicien
Qui joue du verbe et du saxo
Faussement hautement
Révoqué  dans un temps
Interrompu sans cesse
Par la canaille
Aux ineptes pensées
Je me vois loin d’un campement
Guettant un passager
Dans l’épaisse nuit
Je suis sali
Par la pluie sale
Par le vent sale
Je laisse des empreinte
Dans la boue glaiseuse
Je suis une bête courroucée
D’écumes de gels de frimasJ
e rentre au bercail
Les yeux pleins
Des sombres images 
Qui sont d’abrupts soleil
A la face de silex
Parce qu’ils sont trop bas…