Au jour le jour 198

Comme une amoureuse sans force, te voilà dans la pulsation d’un temps qui bat l’unisson d’une cymbale et d’un fiacre, d’un verbe haut et fluide, et celle d’une suite de terres opaques, liquides, dans ces nuages enfiévrés où des troupeaux de bêtes au bord de l’eau paissent une herbe aux rebords des lavabos du ciel, des luzernes peignées par de fétides vents, notre climat est un ouvrier boiteux, maudit qui va sur un chantier naval avec des mains lourdes et calleuses, qui n’allumeront plus aucun cierge ; toi à quarante ans tu voudrais ne plus peser pour quiconque, ave ton cirque de vivre, ta ribambelle de faux viatiques pour des départs précipités, ton registre est un nombre pair, tu t’en venges avec des préfaces où tu ne veux pas figurer, en feignant des alliances sans cours et sans retour, avec des hommes qui t’enfermeront dans leur putain de destinée… 


Hors de moi
Je ne veux plus
De ce langage instinctif
Comme un cruel musicien
Qui joue du verbe et du saxo
Faussement hautement
Révoqué  dans un temps
Interrompu sans cesse
Par la canaille
Aux ineptes pensées
Je me vois loin d’un campement
Guettant un passager
Dans l’épaisse nuit
Je suis sali
Par la pluie sale
Par le vent sale
Je laisse des empreinte
Dans la boue glaiseuse
Je suis une bête courroucée
D’écumes de gels de frimasJ
e rentre au bercail
Les yeux pleins
Des sombres images 
Qui sont d’abrupts soleil
A la face de silex
Parce qu’ils sont trop bas… 

Quelque élan que je prenne, il m’entraîne toujours là où je ne peux mesurer aucun de mes gestes, aucune de mes exactes douleurs. Dans la passion, tout est flamme, et ce qui ne l’est pas est d’une présence sonore si intense que nous en oublions le temps. Le grand bonheur serait d’avoir des idées claires, pour voir ce qui est à l’intérieur de soi, et se fond dans le tumulte ou l’ombre qui engendrent du funeste. Etre a toujours été une solution, une condition pour exister.

A tant voir ce visage
Au souhait d’une flamme
Brume d’enserrements
Et de cris retenus
J’en oublie que levé
Pour la course aux orages
Je mourrai incompris
Dedans mes chers veuvages
Que rien n’arrive seul
Que je n’ai pressenti
Comme un sang contesté
Et inondé de pluie
Au bûcher où s’anime
L’âme perdue guettée
Dans les branches de nacre
D’un printemps foudroyé
Aux yeux mouillés des nues
Quand l’impudique bête
Y décharne les siens
Pour une noble conquête
Avec ses huis blanchis
Qu’il faut franchir sans cesse 
Comme on reste figé
Au mitan des tendresses
Crues et recrues encore
Dans l’immense faiblesse…