Au jour le jour 176
Baromètre aux fronts des rats
Aux prunelles cendrées
Le temps pousse notre vie
Vers les tables apéritives
Nos amies ont de charmantes ardeurs
Elles se déshabillent aux cloches vulvaires
Nous les regardons remarquablement
Elles parlent de citron et d'orange
À des agents de police
Qui ont hérité de leurs mères
Des façons de nocher
Puis des failles sentimentales
Sont entrouvertes entre leurs cuisses
Ce sont des prismes tourmentés
Destinés à des hommes
Les plus chers de terre
Qui ont été invités
Pour le sauvetage de leur apparence
Puis le plein de foutre sur les tenues de soirée.
Perdons la tête et la raison
Plongeons-les dans un lac
Tonneau froid du ciel
Soufré avec des poissons morts
Devenons des vieillards glabres
Détenteurs de reliefs
Dans nos crânes incestueux
Frappons aux portes closes
Avec une montre en argent au poignet
Décharnons les arbres
Ces grands curés
Détenteurs d'un bout de ciel
Et d'étoiles mortes
Soyons légers débiles aveugles
Tournons et retournons
Ivres sous le soleil
Qui nous brûlera les entrailles
La cervelle monstrueuse
Pleine d'idées inentendues
Crevons pour vingt francs six sous
Vendons mon âme
Du côté du sang qui a le plus coulé
Loin de la minérale maladie
Les hommes au cœur marin
Se tapissent dans l'ombre poussiéreuse
Ils ne veulent plus dormir
Aux colonies d'insectes
Qui mouchettent leur litière
Les voilà qui glissent
Entre les jambes des filles
Monstrueuses de crimes multicolores
Ils se sont amaigris
Dans leur propre douleur
Dans leurs équations d'étoles et d'étoiles
Entre les colonnes des jours douteux
Où ils furent ivres
Profondément
Jusqu’à oublier
Qu’ils eurent des cailloux dans les mains
Pour daller les allées du cimetière
Où des voix se sont tues
Pour ne pas dire leur crime.
Mers qui s'irisent
au passage des filles
avec leurs morts traînées
dans l'attente bruyantede voir
le jour lever
des cohortes de nombres
à chaque carrefour
la vie tourne et se couvre
de longs gémissements
ceux qu'on aimait hier
ont des douleurs tues
et leur paternité
d'une ancienne douleur
est un bruit moucheté
putréfiés pleins d'odeurs
nous avançons serrés
aux laies des cimetières
la terre est notre appel
l'abîme dans notre peur
font ce poison subtil
pour ne plus approcher
les hommes aux mains saillantes.
Et pourtant se joue
dans l'arrêt douloureux
la fonction de tourner
les sombres remontoirs
au bassin qui retient
les nuits intouchables
chacun est abîmé
et chacun est ardent
on ne mesure rien
de ce qui est voilé
la chair est improbable
les larmes surannées
combien est grande la peur
d'un poussiéreux voyage
l'immense léthargie
de tout ce qui se perd
entre lit et desserte
dans l'accompagnement
d'une vie mal implantée
sans tous les maux terreux
d'un passé pitoyable.
Malandrin sans ombrelle
au talus ou se lèvedes herbes de bonheur extrême
tu es à minuit
l'ombre ravalée
à l'œuvre grotesque
de chanvre et de lumière
nos graines d'honneur sont d'un destin fourvoyé
nous voisines de chambre
ont des tortionnaires à leur côté
qui descendent les poubelles
remplies de naphte et de soufre
nous entendons encore
sur les trottoirs élémentaires
un peuple sortir de sa torpeur
et qui va
avec son âme délicate
dans la fumée orange
sortie de nos immenses narines.
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