Au jour le jour 167
Aux vastes espaces vont les rats de linoléum, ils ont un magnétophone, ils nous enregistrent, il notent nos figurations, nos transformations, ce sont des copeaux qui se déplacent à la vitesse d'une allumette qu'on gratte sur le talon de nos godasses, les rats ont des souliers sales, ils sont au dessus et en dessous de nous, ils pètent nos pianos, grignotent les archets de nos violons, ils étalent de la pâte à sel dans les cuisines pour en faire un coussin piquant, les rats apprennent vite, lorsqu'ils se badigeonnent ils vont à la noce d'autres rats, s’égouttent en forme de chairs mutilées, quand les mariés s'entrelacent, les voilà accrochés à leur portable pour faire monter les enchères et la jarretière revient à un joueur de fifrelin qui manque de dialogue.
----------------------------------
En sainte terre de bla-bla-bla
Les plus nombreux sont trinitaires
Ce sont des pousse-pied
Des drôles sans épaule
Des mentionnés de l'intérieur
Qui ont de belles histoires
À l'attention
Des prêteurs d'oiseaux
Au milieu d’eux
Je suis une bête renouvelée
Je veux travailler
Dans la biologie
Évidemment
Ce n'est pas en sainte terre
De bla-bla-bla
Que je pourrais le faire
Alors je tourne les talons
Sous le signe testamentaire
D’un qui va dérouler ses jours
En baie de Galicie
Je le suisJusqu’aux parcs à moules
Et qui flottent sur la mer.
-----------------------------------
J'e veux aimer les hommes
Dans leur course au ralenti
Lorsqu’ils remplissent des boîtes
De couleurs citronnées
Lorsqu’ils dorment avec les bêtes
Qui bruissent comme un brasero
Je veux aimer les hommes
Qui ne posent pas de problème permanent
Qui dansent la salsa assidûment
Qui sentent l’ail et l’oignon
Des cuisines de nos aïeuls
Je veux aimer les hommes
Qui sommeillent comme des tourteaux
Qui ne me cassent pas les couilles
Qui ont le moins de chair possible
A donner aux chiens lustrés
Je veux aimer les hommes
Qui m'aimeront
Dans ma fatigue et ma validité
Tenez vous le pour dit
Je marche au plafond.
___________________________________
C'est en tant que tout petit poil de serpillière que je vous parle, j'en ai vu passer des pieds, des panards, des cannes, des ramasseuses de boues, des bottes crottées,des cothurnes vernies, des juments aux largesses d'écrevisses et des écrevisses de la taille d'un officier de marine, vous n'imaginez pas la douleur d'être écrasé, pénétré, déchiré, souillé, sali, ça tient un peu de la chrétienté, seul parfois les genoux des femmes qui venaient à supplier un amant et inversement me rendaient quelque grâce, au bonheur d'être là, couché, allongé, une vie entière à ne pas bouger, parfois être abattu, frappé, défait, assommé contre le mur d'un jardin ou d'un couloir, je vous dis pas ce que ça fait de vivre comme ça, et pourtant propre.
S'ouvre la porte
Poussent des ailes
Le vent est bleu
De nos entreprises
A le cerner
Le sens accordé au ciel
Est d'une bête qu'on loue
Les villes ont des nageoires
Elles vont boire
Aux lacs gelés
Les oracles au savoir ancien
Craignent les bains d'innocence
On garde à couvert
Les étincelles qui ne chantent plus
L’image est à la fugue
La fugue est à l’enfance
L’enfance va au bûcher
Chacun plonge dans son corps
Il n'y grandit en rien
L’homme est une ombre morte
Dans le jour qui avance.
< Précédent | Suivant > |
---|