Au jour le jour 167


Aux vastes espaces vont les rats de linoléum, ils ont un magnétophone, ils nous enregistrent, il notent nos figurations, nos transformations, ce sont des copeaux qui se déplacent à la vitesse d'une allumette qu'on gratte sur le talon de nos godasses, les rats ont des souliers sales, ils sont  au dessus et en dessous de nous, ils pètent nos pianos, grignotent les archets de nos violons, ils étalent de la pâte à sel dans les cuisines pour en faire un coussin piquant, les rats apprennent vite, lorsqu'ils se badigeonnent ils vont à la noce d'autres rats, s’égouttent en forme de chairs mutilées, quand les mariés s'entrelacent, les voilà accrochés  à leur portable pour faire monter les enchères et la jarretière revient à un joueur de fifrelin qui manque de dialogue.

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En sainte terre de bla-bla-bla

Les plus nombreux sont trinitaires

Ce sont des pousse-pied

Des drôles sans épaule

Des mentionnés de l'intérieur

Qui ont de belles histoires

À l'attention

Des prêteurs d'oiseaux

Au milieu d’eux

Je suis une bête renouvelée

Je veux travailler

Dans la biologie

Évidemment

Ce n'est pas en sainte terre

De bla-bla-bla

Que je pourrais le faire

Alors je tourne les talons

Sous le signe testamentaire

D’un qui va dérouler ses jours

En baie de Galicie

Je le suisJusqu’aux parcs à moules

Et qui flottent sur la mer.

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J'e veux aimer les hommes

Dans leur course au ralenti

Lorsqu’ils remplissent des boîtes

De couleurs citronnées

Lorsqu’ils dorment avec les bêtes

Qui bruissent comme un brasero

Je veux aimer les hommes

Qui ne posent pas de problème permanent

Qui dansent la salsa assidûment

Qui sentent l’ail et l’oignon

Des cuisines de nos aïeuls

Je veux aimer les hommes

Qui sommeillent comme des tourteaux

Qui ne me cassent pas les couilles

Qui ont le moins de chair possible

A donner aux chiens lustrés

Je veux aimer les hommes

Qui m'aimeront

Dans ma fatigue et ma validité

Tenez vous le pour dit

Je marche au plafond.

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C'est en tant que tout petit poil de serpillière que je vous parle, j'en ai vu passer des pieds, des panards, des cannes, des ramasseuses de boues, des bottes crottées,des cothurnes vernies, des juments aux largesses d'écrevisses et des écrevisses de la taille d'un officier de marine, vous n'imaginez pas la douleur d'être écrasé, pénétré, déchiré, souillé, sali, ça tient un peu de la chrétienté, seul parfois les genoux des femmes qui venaient à supplier un amant et inversement me rendaient quelque grâce, au bonheur d'être là, couché, allongé, une vie entière à ne pas bouger, parfois être abattu, frappé, défait, assommé contre le mur d'un jardin ou d'un couloir, je vous dis pas ce que ça fait de vivre comme ça, et pourtant propre.

S'ouvre la porte

Poussent des ailes

Le vent est bleu

De nos entreprises

A le cerner

Le sens accordé au ciel

Est d'une bête qu'on loue

Les villes ont des nageoires

Elles vont boire

Aux lacs gelés

Les oracles au savoir ancien

Craignent les bains d'innocence

On garde à couvert

Les étincelles qui ne chantent plus

L’image est à la fugue

La fugue est à l’enfance

L’enfance va au bûcher

Chacun plonge dans son corps

Il n'y grandit en rien

L’homme est une ombre morte

Dans le jour qui avance.