Au jour le jour 158

Sur les débarcadères de l’existence il y a toujours un bateau à pavillon noir qui nous mettra dans la distance et l’oubli, on ignore quelle erre sera la sienne, mais on pressent quelque chose de funeste, une longue croisière mal ordonnée, incomprise dans le prix du bonheur, j’y mis le pied, je m’y embarquais dans la houle et l’abattement, l’irresponsabilité aussi. Qu’y a t il de supportable aujourd’hui sinon mes relâches, les intermittences d’un cinoche à domicile et sans ouvreuse, un vain travail à fournir, de la banalité quoi !D’un peu plus haut et plus loin j’ai eu des colères, du désarroi, rien ne vous est parvenu, ceci revient parfois encore à coups de boire qui n’ennoblissent pas le hasard, mon corps encore moins, tant de façons de me bouffer, de me salir la cervelle,ma résistance tient de la plainte, de la crainte,du pardon mais n’en a-t-il pas toujours été ainsi?

Les grues sont en cendres, elles se ramassent avec un chapeau de feutre, le feutre va au bordel grimé comme une aubergine, l’aubergine glisse le long des jambes de caissières qui prennent l’ascenseur, l’ascenseur est occupé par Ponce Pilate et Marianne la gloutonne, le gloutonnerie se présente à une école  de cirque, le cirque fait d’heureuses mains, les mains vont à la dépiaute, à la pioche, à la faucherie, aux combats, à la contestation, la contestation est contestée, puis tout s’assouplit au bout du compte aux nombres impairs, les  cervelles ne sont plus rouées ou trouées, les sornettes de l’âme sont dites à voix basse, on met des moulins contre le ventre du vent et des enfant naissent avec les bras en croix…

Souple lessive du cœur

Avec ton savon bleu

Pris aux lacustres entrailles

Tu es sur un canapé

La tête à l’envers

Des gousses d’ail aigre

T’empêchent de dormir

Tu as un col Claudine

Dans ton demi sommeil

Mais tu reviens toujours

Vers des centres atones

Avec un ours en laisse

Où dans une cour d’école

Les enfants discrets

Disent l’amertume

De l’arithmétique

De ta géographie

Les jours sans soleil

Tu t’enroules

Au poteau du bûcher

Qui ne prendra pas feu

Les pleurs de la corde

Te font saliver

Puis le souvenir d’un frère mort

Met dans ma valise

Une serviette et un mouchoir blancs…

C’est une fille de manège et de carrefour qui se fend d’envoyer des lettres obscènes à ses favoris qui sont des mécaniques huilées comme des tiges de jonc quand passe au ciel un air d’orchestre des oies cousues d’habit d’or elle attaque les coquins avec ses pas de danse et à grands coups de seau et d’usage qui vont de la parole au rubis elle leur fait le coup de la chienne rompue qui passe sous les fouets sans que son échine n’en retienne rien puis solennelle pas abattue elle qui entend la musique comme une voix sacrée divine pleine d’anthracite et d’éclaircies elle s’endort quand passe la fête douloureusement petite dans les commentaires des inconstants...

Nos frêles mains sont des poches froides cotonneuses pleines de cailloux que nous jetterons contre ces visages blottis sur le gel des carreaux visages cadrés dans des cerceaux des serre-têtes mais l’égard que nous avons pour la mémoire des orages nous retient de route démangeaison nos poignets sont pourtant immenses et nos mains levées pour d’équivoques jeux celles qui maintiennent toue chose hors du cercle de la barbarie hors du cercle des poupées des furieuses peluches toutes effrayantes avec leurs nœuds gordiens et leurs contenus aussi pour ne pas oublier que nous doigts sont gourds piqués sales nous ramenons nos chiens vers des caresses nos boucs vers des autels où nous les immolerons sous les ostensoirs et les scandales…