Au jour le jour 157

Nous avons délégué nos vies

A la révérence antique

D’un sablier et d'un miroir

Tout  dans les journées

Se revêt

Du large d'une armure blanche

Comme les éboulis

Et nos yeux blanchis

Par le trop de sipsis

Ne voient  plus les triangles du ciel

Comme des tapis précieux

Ici nos voix

Ont du retard à nos oreilles

Le monde est un vaisseau

Qui coule

Dans la houle tremblante

D’une plaine arrachée aux nues

Pleine de doutes d'adieux 

Et de liqueurs amères.


Le temps est un horizon salé

En accordéon

Avec des notes tremblantes

Que nos soeurs

Reprennent à tue-tête

Pour faire fuir des enfants

Accrochés comme des musiciens

A des fosses d'orchestre

Profondes comme leurs yeux

Décolorés

Par les jours trop simples

Moi j'attends

De descendre de mon âme

Avec dans les mains

Un fouet et une obole

Le fouet pour les fous

L’obole pour ces mêmes

Et c’est visible

Trop visible

Que je manque

Les signes de l'éclipse.

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L’audacieux

Qui veut devenir moine

Va à la pêche aux lentilles

Ces étoiles de passage

Il attend l'attente

Équilibrée

Pour dévorer une bible

Avec son regard d'homme nu

La vie lui est un trou d'amour

Avec des dés d’éternité

Et l'éternité même

Est l'appel de la clémence

En s’enduisant les mains

D’une huile sainte

Il se fait moins épouvantable

Puis va dans sa destinée

Comme pour tuer en  lui

Les derniers soupirs

D’être né d'un crachat.

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Caresse la joue glacée

De l'homme sombre

Baise lui les mains

Baise lui les pieds

Mets le en croix

Il est lourdement ton ami

Celui qui a ouvert les yeux

Sur tes complicités

Tes culpabilités

Tes  canulars à vingt balles

Ne le couche pas dans un corbillard

Ce crustacé blanc

Qui va à la mort

Sans passer par les chemins tortueux

Pleins de crasses et de boues

Caresse la joue creuse

De l'homme au ventre de prélat

Regarde le te regarder

Teinter tes nébuleuses bleues

Puis pleure comme il pleure

Sur l’inconnu que tu es

Et qu'il  sait nommer.

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Contes qui montez aux yeux

Comme des insectes blancs

Pleins de saintes images

Avec des robes courtes

Des simagrées 

Des bateaux ivres

Des mousquetaires

Des mousquetons

Vous voilà à nouveau

Dans la bouche

Des nageurs champêtres

Aux baisers de sel

D’alcôve et d’albâtre

Vos langues en éventail

Éveillent encore en nous

Ce qui est mesurable

Comestible 

Comme une mousse violette

Et de poursuivre l'hirondelle

La lucane l'amour retourné

Nous est toujours d'un jeu

Ardent comme couteau noir.