Au jour le jour 153

Une autre de leurs épouvantes est celle du fagot. Empilés contre les murs de torchis, parfois certains prennent feu, on dit que c’est une grande bête qui rien qu’en expirant se rappelle à son travail d’incendiaire. Il arrive qu’un village tout entier soit brûlé, on se rappelle alors ce jour où des hommes d’ailleurs mirent à sac leur campement, alors forts de tout ce souvenir, des plus anciens aussi, ils se remettent au travail et reconstruisent leurs logements en plus dur. Dans leurs écuries qu’ils nettoient avec l’urine des chevaux, un fleuve vint à passer qui noya toutes les bêtes, ils n’en furent pas affectés. Maintenant il y a de nouvelles règles qu’ils établissent tous les jours où le soleil se violace, les fagots doivent rester dans les bois, là les enfants iront les chercher, et tant pis si la peur les prend, pour homme advenir il faut que le courage vienne s’établir en toutes les parties du corps, c’est cela que leur enseignent leurs parents. Si certains ont déjà fait de funestes rencontres, ils le taisent, mais on le sait bien, rien qu’à voir leurs yeux et leur visage que ce fut terrifiant. Quand les jours qui suivent les jours s’assemblent comme des fagots qu’il faudra porter jusqu’à l’âtre, les plus jeunes, ceux qui ne sont pas sortis de la pénombre de leurs tuteurs, se mettent de profil, et c’est un peintre reconnu qui vient à leur demeure pour leur tirer le portrait de profil, ainsi que celui des bêtes lasses qui dorment près du feu…


C’est ainsi qu’au cœur de ce petit monde que l’on s’était créé, les mois passant, que nous nous étonnâmes  de ne plus avoir la sensation d’être dans un bleu de chauffe, l’habit des habitudes retenues comme un piètre feu nous donnait des airs de vieillards silencieux ne concédant au mot qu’un devoir de ménage, tous deux enfermés dans une vie moins spectaculaire nous occultâmes  les nouveautés dans un quotidien mal fagoté. La vie a deux demandes, que  l’un aille à l’autre et vice versa, la montre nous fit comprendre que le temps n’est pas une pénitence mais un tendre bois  qui veut encore verdir et monter jusque dans les nuages. Nous sommes allés trop vite au-devant d’un monde vide, nous avons lancé les bras trop loin sans rien apporter.


Lorsqu’on se jette avec abattement dans la littérature qui est une liqueur digestive parfois indigeste, de l’indigence nous vient avec des sabots de porcelaine, on perd le nord et connaissance, et l’essor n’est pas de notre tradition. C’est le transport des sens  qui nous ennoblit, nous rend à  la masse pierreuse de notre propre corps toujours intense lorsqu’il faut sortir de la fête, y créer dans une cessation temporaire un nouvel ordre commun, s’abattre contre un comptoir pour obtenir l’addition ou une apostrophe, puis viennent des couleurs et des odeurs de second degré considérées  comme de  délicates cultures selon que l’on veuille foncer dans un mur ou mettre en joue quelqu’un devant une palissade, pour en faire un cocasse  point de vue qui  rendra un hommage à cette femme parée comme une effrayante patineuse.


Pour découper une rondelle il faut prendre une bombe, on peut la  regarder fièrement,  c’est un nouvel élément de séduction élémentaire, puis mettre, biffer une date sur le calendrier, une croix fera l’affaire, comme le dommage est  causé il n’est plus qu’une évocation des sens qui va jusqu’au Nil et s’ajoute aux heures chaudes, les boîtes, les urnes sans  bulletins ne sont plus cachetées et l’amour est obstrué et abscons, nous imaginons alors que pour accepter son sort il faut supprimer les codes de tous les plans, toutes les cartes, mais c’est tromperies, car déjà le cercle des espèces en voie de disparition  nous sépare de tous, trop rapprochés les uns des autres pour nous faire ajouter un post scriptum bourré de dissuasions.


Le cyclotrope à clarinette est menaçant, il fait des terrines qu’il destine à des jeunes filles en leur lançant des œillades de chevalier perdu sous une cloche de verre pendant vingt années de défaut. Lorsqu’on entre dans la nef des fous il arrive que la pompe soit partout dépensière, aussi beaucoup s’énerve contre les cas d’en haut et les serpents glissant au soleil sont d’abord gardés dans la fourrure, puis jetés dans les fourrés, toute la vie qui s’y adonne a des conneries de recouvrement, il y a toujours en nous un Waterloo plein de giboulées qui nous sied comme un pouls, et ce qui semble s‘enrouler autour des colonnes n’est pas du lierre, mais une femme nue qui  embrassa des enfants délicatement, puis les déplaça d’un seul geste vers le suicide primitif pour rendre à notre regard le cyclotrope. à clarinette.