Au jour 145

L’oubli soucieux des signes qui se dérobent à lui, tu sais le contenir, il est issu d’une nuit froide quand les chiens ont heurté la pierre, c’est d’une jeunesse en loques qu’il te parvient  ,d’un séjour harassant parmi des hommes de mauvais port, il est majestueux, visionnaire, il t’a soumis à ses détentions ,à tes propres défaillances. l chuchote à ton oreille de ne pas être dans les retardements, de mettre des miettes sur la table, sur le feutre du salon ,il te mesure, il t’écrête, il te mange avec la vigueur d’un Saturne dévorant sa lignée. L’oubli est un frondeur qui balbutie du bruissement, celui des lares qui ont ensablé ton foyer, il est sur toutes les feuilles amassées ,confuses de mots mal entretenus, il est ton masque, ton orgueil, il va prendre ton goût, celui de ton vin et de ton pain, celui des tes journées d’absente. L’oubli, c’est d’attendre que la nuit ne soit plus reconnaissable à ses belles attitudes, cela tu le sais, cela tu l’oublies.

Je me suis embarrassé d’une aube d’automne, rien ne bougeait sur le parvis des églises, mes pesants héritages, les voici à tes yeux, mes radeaux, mes méduses, mes chemins d’orties et d’ivresses tu les retrouves ici en mauvaises matières. La lumière est une enfant malade dans l’enceinte d’un improbable Dieu, où le combat de l’ange et du démon valent des paternités sans nom. Ainsi se joue sur les grèves du fleuve, la demande et la grâce, la houle blanche avec ses mythes de charbon et d’anthracite, là l’immobile absence circule avec ses lois. Sourd aussi ce matin avec ses bourrasques, ses pluies, le lent parcours des processions du sens. J’ouvre en moi le veilleur avec ses bourgades, ses bourgeons qui ira brailler dans les publiques criées ,pour qu’en ton corps entretenu n’y entre personne, pas de ces imposteurs qui s’harassent de fausses beautés, et qui rient de ma tignasse. Maintenant j’enjambe la montagne, je vais affronter un tyran avec des armoiries qui me rappellent une langue ancienne dont je n’ai rien oublié…

L'air qu'on étreint changé en sauterelles et sautoirs pendulaires il nous revient, il nous fait pâlir avec son lourd museau de sanglier, d'aveugle qui marche dans la neige, il s'est étendu là sous nos attelages, près des sabots de nos chevaux cagneux ,avec son taux de suie de souffre, il palpite il jaillit de sa fragile humeur, il est d'un bout à l'autre de notre corps, il suscite des mariages des enterrements, des désolations avec ses orchestres surannés,  des combats nuptiaux, il va à la douleur du lit, et du lit à la douleur, à la flamme à l'acier, à la trempe, il est mince a la traîne, c'est un adulte en cothurnes pour des messes basses, il est à la fenêtre sous les sinueux retraits du jour, il veut tenir il veut s'abstenir aussi de nous livrer ses déveines, il est coupant coupable, il se perd dans les embrouilles salines ,les savoirs de la veille et de l'avent, cet air qui nous dévore et nous bouffe jusqu'aux entrailles, je le noue aux tiges de nos anciennes antiennes, j'y mets une bannière je le plante dans mon potager .Demain c'est le vent qui dansera avec lui.

Il y aura l'apparence et la prodigalité des scènes de campagne, des secrets ,des légions ,des louanges ,des couronnes et des courants d'air, il y aura cela je l'atteste du vin ,des tavelures, du pain, des étoffes, des hermines pour les ciseler, un soleil comme une châtaigne chaude, des cartes, des mandarins des mendiants et des mandrilles, des images saintes, pas de la pieuserie, non quelque  chose de peint avec les couleurs bien là où il faut ,des fronts bleuis aux enfances de farces et d'étourderies, des cloches et des clochettes, des parfums, des forges cramoisies, il y aura en toute chose le lieu et sa distance, celle où vont les adroits somnambules qui avancent sans cesse reconnaissant et l'oiseau et l'odeur, il y aura des plumes et des flamants ,des loups aux yeux fardés, des vasques des fontaines avec leur millésime, du mica ,des émeraude, la corne verte des juments ,l'axe où tournicote l'essentiel du jour et de mes mots ,et puis il y aura vous avec les paumes ouvertes pour recevoir ce qui est lourd et lent et qui n'est pas notre âge...

Le monde est un puits enchanté apprêté pour des filles frôleuses de goberies ,de passages à niveau et à tabac, il est opaque et transparent, suspect en intérieur comme en guerre civile, et celui qui y danse, tourne autour de la providence comme autour dune femme sans rien  n'y ajourer, sans poids et sans viatique il donne ses rançons à la nuit .Moi je lui tends mes inscriptions stélées et stellaires, mes ailes, mes rognures mes instruments à vent. Souvent j’écoute l’évasion du soleil blondir des plages où des hommes blessés entre le couteau et la peur font des acrobaties. Et que de chiffres de nombres méconnus au nombre des longues dictées écrites de leçons cerclées comme les mauvaises lunes de maîtres sélénites. Tout ça pour le prix d’une ponctuation dans le temps de notre petite vie, pour le prix d’un jouet mal étreint, parce qu’ils ne se moulent pas aux baisers d’une absence. Ce moule là je le prendrai pour mesure, le serrerai dans mes bras, lui donnerai à manger et à boire, je le peindrai et le peignerai, afin qu'il aille à cette joie touffue qui fera le tour de mon monde sans les prescriptions du temps.

Que ce qui est écrit le reste, dards, aiguilles ,anguilles en roches souterraines vitesse plantée pour du braconnage ,esprit qui dort couché contre les rails, évidences ,danseuses enturbannées pour d'insipides noyades, fouilleries turquoises où se succèdent l'odeur du café ,du jasmin ,et du jeûne. Que ce qui est écrit se borne à être dégrisé, contrefait ou non ,quitte à choisir des mots, autant les mâchouiller d'abord avant que de les jeter aux hautes voltiges  ,quand vient l'heure du glaive et du vautour ,de l'homme qui mange sur une place ses quignons quémandés, qu'attendre de nous si ce n'est de se voir dans un Janus qui par ses intentions fait mine de ne rien voir ,double vue, double foyer pour le luxe de la débine, c'est notre côté suspect, ces fuites ces débandades, ces reculades et nos mots ne sont plus que des généraux anéantis qui dans leur topographie rajoutent le vocabulaire digne d'un monstre qui ne s'agenouillera pas sur sa propre dépouille.

Par mon âme bleuie dans les encombrements les feux  l'eau le vent les jours de fête et de sort sont des hauteurs que nul atteint et meurt des anciennes amours ici j'attends une affaire là je vais dans les nocturnes tes  confrérie des garçons où apprirent à vendre mes pays pour une menue monnaie d'autres fois encore lorsque je dépasse les réseaux dans la  soif et  la fureur du jour j’ai des alliances avec les hommes qui se mesurent  avec faim de  les perdre mon inflation est dans des regrets j’ai des armées effrayantes  pour seulement me jouer de  la terrienne qui nous enchante plus largement. Plus de meneuses et plus d’échardes  avec leurs deniers qui ont fait la joie des rondes stériles, géantes dans les cliquetis des civils ,mon âme est un paysage choisi…