Au jour le jour 139


Rien que je ne veuille encore

Que l’espoir à mes lèvres

Et au réveil garder 

Un peu de cette fièvre

Qui est ton ventre humide

Qui glisse sous les arbres

De nos contrées acides

D’avoir gercé le marbre

Au timbre organisé

Comme un sombre tintamarre

Où la terre toute entière

S’est imbibée de noir

D’une suave saveur

Et qui n’est pas de deuil

Mais d’une couleur ancienne

Qui parle des antans

Où les musiques sages

Distillaient dans le vent

Les parcelles d’harmonie

Des courants essentiels

Quand l’air était aux dires

Des amours obligées

Comme on va dans un corps

Aux chères pensées de verre

Que nul ne brisera 

En d’autres caractères

Sinon au nom porté

A tes possessions bleues

Quand tu t’es enivrée

De cette brune poussière

Qui va d’un cœur immense 

A mes lèvres indociles.

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Je marche dans l’éclair

Sous les toits et la cendre

Et l’écho à ma trace

En épines de sel

Répond comme en passé

De tous nos chers voyages

Entre les chiens de garde

Et l’ottomane bleue

Où tu t’alanguissais

En voix définitives

Qui parlaient de l’antan

Des rires trop absolus

De ton nom à la lice

Aux ligues intérieures

Quand des messieurs sommaires

Se mettaient dans tes croques

A tes pas au ponant

Grave et résiduel

De tes austérités

Comme vie en jachère

De n’être pas restée

En un autre que moi

Et qui t’aurais donné

Sans même cécité

Un regard plus habile

Sur toi et sur le monde.

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Il se fait des famines

Dans les marges d’acier

Aux feuillures de métaux

Des drapeaux des lanières

Percés de toutes parts

Par les armes du vent

Ces épines ces dards

Comme autant de cément

Venu d’une dentition

Sévère et infernale

Comme d’un nouvel enfer

En bouche d’étroitesse

En coutelas tirés

Où nul ne peut dormir

Qu’en des éternités

Limpides au soir des noces

Où l’hiver est entré

En funestes passions

Avec ces chers visages

Surgis des douces étreintes

Quand tu t’es contenue

Dans tes formes restreintes

Entre celui qui dort

Contre toi altéré

Et celui qui s’assemble

Pour n’y pas ressembler.

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A tant de solitudes

Angles de peu d’efforts

La clique des idées

Tourne comme un ressort

Celui qui vient d’à peine

Une ombre consentie

Comme un violent regret

Dans l’air violet où flambe

Tous les plastrons de cuivre

Des mois dans les décombres

Où vivre ne contient

Que couleurs dissemblables

Comme autant de clartés

Avec un goût de sable

Quand le geste de voir

N’est plus qu’un seul refle

tAux pavois d’un silence

En ardeurs marines

Où se consument bêtes

Et chairs clandestines

Dans des soutes de fer

Où le temps est frimas

Comme pour mieux répartir

Les antiques dormeurs

Qui dormiront en cales

Où aux pieds des rameurs.

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Aligner d’une main

Mes doigts sur ton visage

Cercler ce sein intact

A tant le recouvrir

En tous points de ton corps

Célébrer comme au large

Une mer idéale

Comme en vagues brisées

Aux battements du cœur

Qui mesurent chaque jour

Mettre de cette joie

Soutenue dans l’amour

D’être deux à compter

Les mystères les émois

Qu’on appuie sans grimace

Sur nos chairs avancées

Comme des palmes des lames

De schiste et de mica

Pour nous tendre un appui

Comme ces apaisements

Où nos faces imprécises

Dans la nuit orageuse

Fixent la lampe close

Par nos étouffements

E qu’on retrouve offerte

Au nouveau jour qui point… 

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Aux blanches ordalies

Mets ta face et ton nom

Ta haute connaissance

Docile d’idées dolentes

Reçues dans la rigueur

Des cours élémentaires

Quand il fallut souillée

Traverser des enfers

De cadences d’opprobres

Coupures sur des écueils

Pour un culte rapporté

D’une mécanique savante

Qui te taisait son nom

Et te rendre coupable

De ne savoir prier

Pour une autre raison

Que de vivre immobile

Traversée de ton cœur 

Que nul ne fit tinter

Sinon dans ces ornières

En torches en éboulis

Où toute la matière

S’était appesantie

Pour ne pas être croche

Sur tes portées de poudre… 

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Personne n’embrasserait

Personne sur la bouche

Dans ces chiottes putrides

De la gare d’Austerlitz

Poumons sales

Douteux d’éternité

Lavoirs bavoirs

Aux lèvres de salines

Qui coulent jusqu’à la mort

Leurs urines leurs sanies

Purins des fosses pleines 

Venus de tant de reins

Démarcheurs de sujets

Qui dans les hôpitaux

Déversent leurs nausées

De vivre et de tenir

Comme des pestiférés

A des jours nébuleux

Où de muettes instances

Leur rincent les cheveux

Moi qui ne réponds plus

Au hasard des rencontres

Pas même à ces regards 

De vermeil et d’argent

J’attends d’un blanc désastre

Comme une couverture

Où je pourrais m’ourler

Jusque sous la ceinture

Et retenir mon souffle

Pour le mettre à ta bouche

Belle de tant d’esprit

Quand tu n’es plus aux quais

A attendre celui

Que la grâce n’étreint plus…

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Coulent dans les poches de nuit

Dans l’unique paupière

Tes cheveux que j’épingle

Comme on lisse un miroir

Mourir n’est pas amer

Contre toi délaissé

Asséché d’un malheur

Et que j’aurais porté

Jusqu’au nom d’une fidèle

Qui n’est plus à ce monde

Ni au cercle enchanté

De toutes les hémisphères

Qui peut à cet appel 

Répondre par un choix

De cette voix qui parle

Comme un pavé qu’on bat

D’un pas lourd métallique

En dentelles de fièvre

D’échanges contenus

Dans un archange en flèche

Sur le sommet pointu

D’une austère cathédrale

Où les paillasses froides 

Accueillent nonchalamment

Ceux qui sont dans l’exil

Comme en fontaines mortes

Tout étourdis d’azur

Et d’étoiles lointaines… 

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J’observe l’incriante

Douleur de relever

Ma vie en sombrières

En hivers reportés

Goulots d’étranglements

De noces infécondes

Où des noms parallèles 

Evoquent un lointain monde

Qui repousse le jour

Comme on bat une porte

Pour entrer en demeure

Au giron qui vit naître

L’enfant cet incertain

Qui ne saurait mentir

Que devant un tableau

Un second repentirT

oile dressée devant

Un chevalet que sert

Un maître ébouriffé

Recouvert de poncifs

Et vouloir disparaître

Est comme une offensive

Quelque chose de douteux

D’honnête et de divin

Mais restera ce corps

Contraint à l’épouvante

De rester absolu 

Debout et inconstant

Enchâssé en amour

Putrides et déloyaux… 

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Et vous aux grandes frondes

Au temps passé aux foudres

Vos brumeuses lueurs 

Vous ont-elles méconduit

Vers le sel et le sang

Avec des cris de faim

Comme pour une autre lutte

Ou un autre destin

Gonflée d’amères rites

Ancestraux et turpides

Comme un souffle qui meur

tAux mouvements passés

En impossibles quêtes

En soi même ressasséesJ

e sais ce temps perdu

A l’encontre de soi

Qui n’est pas résolu

Est reste dans l’effroi

Comme on rentre au vestiaire

Plein de larme de sueur

Que le terrain conquis

Ne fut qu’un cimetière

J’attire encore ici

Tout altéré de vous

Ma soif de vous connaître

Et d’abjurer mes sens

D’une liberté moquée

D’une joie trop saugrenue

Et que j’aurais posées

 Entre vos mains violettes

Où coule le vin de messe

Et celui d’autres treilles

Quand vous étiez encoreUn ange rituel…