Au jour le jour 133

Ce que je considère, je le considère toujours comme un mal acquis, après cette considération j’ai honte et deviens impudique.

Sourds aux théâtres de nos chairs qui font plus de bruit que les paroles crayeuses prises au coeur des pierres, nous avançons vers les manufactures du sentiment en nous mouvant comme des lombrics gras de leurs austères latitudes, la raison dans nos paroles est une maîtresse sans ordre, méprisante, arrogante, médisante, animée d’un faux naturel ;nous entendons venir d’autres bouches que ce qui est de l’ordre de la sentence, à chacun de dire autrement ce qu’il y a de dangereux à être immobile, inattendu, un dégoût grossier va à nos anciennes droitures, et si nous avons décidé de nous taire, il nous vient une terrible respiration faite de trop de retenues, de trop de drames, de trop de sursis, nous voilà honteux, gras, retors comme si nous avions bu notre propre sang.

Les points de vue que nous sommes ont des esprits repoussants, et notre corps fait des efforts de rhétorique obscène pour nous conduire dans le mot, la phrase qui n’a pu la faculté de stopper l’avenir est une vieille maitresse acariâtre de trop se pourvoir impunément de ce que nous fûmes; entre le monde et son pétrissage nous vient une effrayante jeunesse faite de fausses et infectes jouissances avec d’irrespectueuses manières, j’en veux pour preuve que cet amas d’objets désuets et sans âme, accumulés, sont des ordonnancements mal figurés qui ne correspondent à aucune œuvre sincère, pas plus qu’il ne va à l’éveil de nos sens. N’est plus primordiale que la façon dont nous allons bien vivre notre mort, sans l’effort d’être, sans l’effort d’y penser, sans ami qui viendra comprendre et nous soumettre son dernier vin de cène, cela seul est encore à définir comme l’étant d’une nouvelle rigueur, celle d’un hiver mal entravé de l’âme, qu’il faut considérer ainsi le ferment de nos facultés à ne décider quiconque à venir s’agenouiller sur notre froide dépouille, je ne pousserai pas plus loin cette analyse.

C’est dans le prodige de te dire l’attention qui t’est due que je vais avec mes godillots, mon paletot troué, en idées de cloques, avec mes pas pesants et lourds dans les couloirs où dorment des êtres humiliés, dedans ma gorge, les mots mal employés sont des éclats, des fracas de tentures pourpres, des bruits que tu n’entendras pas. Si je venais à t’annoncer que je me suis habitué à tes aspérités, tes serpents endormis, à cet âme que tu mets à mon service, tu monterais jusqu’à mon dernier étage sans avoir pris le soin d’appuyer sur l’interrupteur, aussi à tes fins poignets je ne mets aucun bijou ruisselant d’or ou d’argent, pas même la forme habituelle de mon ridicule désespoir, vois, regarde, je suis un homme aux petits pas, qui marche dans le sable,une sandale lui manque, je ne me retourne pas…

 
C’est dans le prodige de te dire l’attention qui t’est due que je vais avec mes godillots, mon paletot troué, en idées de cloques, avec mes pas pesants et lourds dans les couloirs où dorment des êtres humiliés, dedans ma gorge, les mots mal employés sont des éclats, des fracas de tentures pourpres, des bruits que tu n’entendras pas. Si je venais à t’annoncer que je me suis habitué à tes aspérités, tes serpents endormis, à cet âme que tu mets à mon service, tu montais jusqu’à mon dernier étage sans avoir pris le soin d’appuyer sur l’interrupteur, aussi à tes fins poignets je ne mets aucun bijou ruisselant d’or ou d’argent,, pas même la forme habituelle de mon ridicule désespoir, vois, regarde, je suis un homme aux petits pas, qui marche dans le sable, une sandale lui manque, je ,ne me retourne pas…

Midi au grand reste où voltige la chaleur épaisse et lépreuse, celle de la dignité signée, tu vas vers ma demeure pour t’y établir tant tu es dans l’imprécision d’un poids qui te tire vers des arrières orchestrés comme des séditions, tu voudrais parler de ton silence foudroyant, de tes sombres recoins et fourrés , là où des bêtes insipides font le signe de croix, mais tant accordée à des souvenirs sans gloire, ceux des herbes et des prairies saccagées, la marmaille de tes beaux jours n’est qu’une basse fenaison, avec ton visage taillé dans l’abrupte pierre des sentences , avec tes doigts gourds, tu ne vas plus à l’arête, tes angles sont autant les nôtres, saillants, acérés, nul ne peut s’y contenir, alors pour me remplir de toi, j’écaille la vermine fumante avec des objets et des mots contendants dont le précieux vêtement est le nom que tu portes.
 
Cette brume avec ses langues rameuses fuit le jour, c’est un crâne cramoisi où des processions d’idées vont à la vermine et à la cendre. L’automne est souillé de sales ferrures avec ses chants poussifs, et c’est toute une ribambelle de marins aux larges épaules qu’on voit dans les ports amarrer des bateaux où dans les cales dorment leurs alibis, leurs visages pierreux sont à l’ivrognerie, et les phares dans la nuit ramènent à eux des filles trop légères de ne rien vivre de secondaire ;ici encore la canaille a les mains pleines de jouets aux ressorts assortis, et leur sang et d’une ouate violette qui annonce l’effroi d’une saison en enfer, là où des bouches mortes s’arrondissent au dessein de se taire pour de vaines espérances.
 
Elle a le corps triomphal d’une cariatide qui s’est révulsée sous les balcons, comme un poisson gluant dans une nasse, cette femme est un jeune pousse pourrissant dans des étés mal fagotés, tirés vers des saisons putrides, ses lois sont dans les ronces, les ornières où ont gerbé les veaux, de sa rousse chevelure elle fait un cratère de cendre, là où iront se nicher des insectes aux émaux d’un temps ancien, plus elle s’assemble en rotondités, en largesses, plus elle donne le signal d’un baiser famélique, au miroir de l’étang, quand son corps s’y mire, on dirait qu’un petit noyau sec déchire l’onde de tournoiements aigres, indéfinis, et au minuscule vitrail de son enfance qui lui sert de mandorle, on voit un paysage aux trompeuses apparences où je vais comme un pleutre dormir pour me confondre au peuple de l’herbe et des moissons…

Avec les bornes apprêtées pour les orages d’un théâtre froid, voici que cette autre s’avance vers des chambres élémentaires, une rose au cœur, une épée dans le flanc, elle s’en veut de concerner des îles sans pâture, des ports sans estuaire, des hommes d’indignité avec leur salive âcre jetée sur l’océan, et sa propre chair dévorée d’écume salissante est une torche vivante chiffonnée par la molle existence d’un prêcheur difforme, questionné par une bête assise devant une koré sans bras, elle a beau mettre ses paupières dans le cristal des nuits, elle reste à jamais celle qui fait venir des lézards et des renards dans son repère gelé, mais dans les draps où elle se retourne et s’endort, il y a des filtres, des pupilles d’acier, des tenailles grossières qu’elle ne veut brandir que dans ses déliquescences…
 
 
De l’horloge savante à ta chevelure, tout est bleu d’un vertige souverain, quand un dieu bouffeur de présences et de temps s’accorde à tes aortes  capables d’entendre le chant des orvets dans leur couche d’humus, de leur niche de verre, à une révérence donnée, ils s’abaissent jusqu’à la page offerte pour faire croître une fleur de sel, un orage de craie, et c’est aux prunelles de celle qui veut sauver la fumée du feu que vont leurs couleurs importées d’un incendie nocturne, puis c’est un prêtre avec un autre nom qui vient faire l’office dans les sous bois, tant le temps y est clair, tant le plumage des bouvreuils sied à tous les regards, tant il est temps de darder la beauté qui reste en équilibre…

Quand la cendre du fouet va à l’épée d’un suzerain mort d’une embolie sur le champ d’une foire aux destriers, il vient un bruit de cor aux oreilles de la troupe, et les chiens, bouffeurs de suie et longueurs de couloirs, s’ébattent dans de nocturnes tendances savamment apprises dans des livres de messe, auprès des soutanes de diacres sentencieux ; le dais froid a des fièvres de renoncement, les vassaux sont maladroits et de leurs plis vient la fausseté des montures, c’est dire que les lanières ont de mauvaises positions et les courroies de cuir bouilli ne s’abattent sur aucun flanc majestueux, mourir par derrière une ruade, vaut un seul sanglot de belle, et par où elle regarde le ciel, ne vient qu’un mouchoir à sa larme insincère, sa gorge se rouille d’obscènes ferrailles, elle est maladroite, puritaine, mouillée d’un bon marché, c’est dire que l’odeur de la faucheuse ne lui incombe pas, c’est ainsi que la mélancolie par sept fois reprise sur le canevas fait figure humaine, fait mauvaise foi…