Au jour le jour 129

Pour t’écrire en filets, en violoncelles de sang, archet des blanches lames, j’ordonne des lignes planes à tes mains sablonneuses, l’eau nous creuse des baissières à dormir sous la lune, des maux de vieux seigneur qui se défait d’un diable, le ventre et les artères comme des crans de couteau, nous voici médisants, démons arrangés de l’ancien texte, pédés, cocus, rompus, à vouloir être bien avec ces anges qui n’ont de nid que leur pubis...


Avec tes longues mains pour te taper des dieux, fille des totems obscènes, des forêts et des nacres, tu savonnes nos peines comme chenilles à cocons, paumes rudes aux touchers des salauds qui se bandent, chair qui inonde de son sang les ports sur portulan, avec tes vastes jambes pour te parer aux jeux du fiel, de la rancune, des liqueurs et des entrevues.. avance , viens parler sous nos plafonds blafards…


Il faut que tu sois mère répétée avec fracas dans la douleur des grands secours, quand tes épaules de forme ronde porte les écus d’une autre renaissance, il faut que tu sois mère semblable aux filles de taille, talons hauts et sensible pour des termes équivoques, campée dans le désert où les carillons du cœur font dans l’escarmouche, émail et maux mêlés dans le sang assassin…il faut que tu sois mère, sève du sort conjugué, dans les sèches galeries du souvenir et de la honte, avec tes mains si longues, chapelets provinciaux, tes seins d’écolière, tes jambes paysannes, pour une halte ou une procession, et puis enfin te clore dans une chambre d’hôtel où tant d’autres se pendirent…


Désir de braise aux officines, mes mains te consolaient des heures sans aiguillage, tournait le temps jusqu’aux douleurs, abolies les patiences, les ocres, les toitures, il n’y avait dans ce commerce que laine rêche et fruits bleuis, puis une soie filée pour un nouveau pardon.
Sa jeunesse contagieuse sur tous les hippodromes, cartes et dés pipés puis vexation de glas, chevale de nos clameurs sous les yeux des pillards, parieurs sonnés…ton corps se tailladait dans un peignoir fixé d’étoiles, tu déroulais tes mappemondes, trajectoire embouteillée par les détours des comploteurs…vorace avec tes mains, docile avec ta bouche, des filles te suivirent et qui te survivraient…tu ne fus que l’écu imprégné dans l’asphalte, l’épée d’anesthésie comme une scélératesse, la sclérose sans tête des nuits où l’on guettait…mustangs ailés avec nos plumes et nos plastrons, nous nous effrayons de toute logique, de tout espoir, de toutes les causes…nous voici dans un terrain vague sous la jachère de nos idées…


Vint le jour avec ses membres nus, ses oiseaux de sel pour des ciseaux dans les rémiges…des chais étaminés aux caves minérales, les cris longs du sommeil barraient les corridors…jour comme un coq enfiévré de lune, huilé au doux velours des vestes de voleur, balafre dans les veines enfumées de sureau.. dans des chambres de bonnes, griffées de noir dessein, les unes montraient leurs seins aux miroirs ravineux, d’autres leurs bras mouvants aux lavabos de lait, puis parallèles aux larmes les rires divaguèrent…