Au jour le jour 125

C'eût été sans compter sur toutes les interprétations et significations que de voir d'un seul coup d'œil que le régnatre n'a d'existence que dans les lieux noyés d'orge, d’orgeat et d'orgelets, sous des cieux orageux comme de cils de prêtre canonisé bien avant la bonne heure, résorbé d'enfance dans ce pays vieux comme tous les magistères et les doctrines mal dégrossies, si vieilles qu'on y parle de rachat et de jachère, mais les préférences du régnatre vont à des attachements, à celles des gangrènes surtout, lorsqu’il faut chouriner dans une infecte chair mise à nu sous des cieux rutilants, là où s'étiole tout un continent de larves et d'insectes grégaires. Le régnatre aime se tenir à l'écart de ceux qui lui ressemblent, de peur de vouloir s'assembler, comme il a des excédents d'absolu et de méconduite, il a aussi des tentations grotesques et cosmiques, ne voyant là que ses réalités brisées comme les lois d'un monstre affairé dans sa solitude, sa passion pour le célibat, lui aussi y célèbrera ses noces barbares, celles de la malignité et de la magnanimité, seul et pauvre dans l'instinct d'une vie domestique ,étriquée et monastique...

A cause de la misère rabaissée au rang de séjour parmi les morts, le palimpseste s'est affranchi de toutes les ratures, de tous les idiomes, de toutes les saveurs consulaires et convulsives qui ressemblent autant à des impostures de riches qu'à de vertigineuses positions, celles de l'amour et du cancrelat entre autres. Je lis encore sur maints portulans ,des îles aux nuits éteintes, aux désobéissances médiocres, aux journées mortes et sans pain, tout ce qui est fugitif et brulant sitôt qu'on y prend garde avec ses appétits d'ordre et d'ordonnance, les alignements obscènes de toutes les audaces qui ne vont pas aux palimpsestes, ceux des apartés non plus, car il a acquis la conscience de sa fébrilité, et ce n'est qu'entre de diurnes mains qu'il veut apparaître tel qu'il fut, c’est à dire comme un faune pris dans des éboulis après qu'il se soit frotté contre l'écorce d'un chêne. 

D'obscène rigueur le cécépé ne supporte pas le découvert, et à la vue d'un sexe mâle il crie, tonitrue, se débine dans un recoin, telle une vestale lutinée par un faune qui l'aurait fait rosir rien qu'en la dardant de ses yeux pers. Immuable comme le sont les miracles auxquels l'on tient lorsqu'on est dépourvu de tout, le cécépé abreuve des existences à la manière d'un obéissant de métier qui s'en remet à la prononciation de ses maîtres et à celle de la froideur mécanique de son directeur de conscience, il arrive aussi que le cécépé s'écroule, se perde dans un point, une virgule, un iota de négligence, et pour mettre fin à ces déboires on lui met au cul un courtier, un faiseur de comptes, un filandreux de la somme, un conquérant du postulat à domicile, ceux qui vous font répéter que le cécépé ne se charge la langue que de chiffres mous et de mollassonnes vies faites pour des comptables du trésor, des ressortissants de la finance, bref des viandeurs de flouze...


Tous les peuples se sont déchirés à la besogne, peuples coupés, couplés de solitude, peuples dans le fourreau et la fureur de vivre, peuples sans commentaire, peuples de chiens avec des dents de lait, peuples sous l’autorité de plus bas qu’eux, peuples de hautes et basses latitudes, peuples plats aux mains de casemates, de casiers, d’auxiliaires, peuples refusant le tragique de la résignation, peuples qui se soignent avec des herbes et des onguents. Je suis d’un de ces peuples, ma fonction d’être est aussi celle d’aller dans la besogne, atomisé par des jours et des nuits sans sommeil, corrompu par des abandons, et si je devais donner mon âme pour une belle besogne, ce serait celle d’un baiser de Judas, ceci est ma soumission dernière…


Dans de ces déserts émoussés où chacun a des chances et des défis qui n'en valent pas la peine qu'on les comprime, les pierres se déroulent de lettres, et dans les villes d'existence distincte, c’ est  un effort de la souffrance et de l'oubli  dont nous avons besoin, d’un rebond que personne ,ni aucun esprit ne pourra  envoyer paître, pourtant ce qui palpite dansun erg, mathématique de l’âme vierge, de la matière, nul  ne peut la  laisser là, ne peut s’y allier, ne peut oublier que dans ce jardin imputrescible, est en randonnée un dieu inspiré, qui donne  la musique aux uns et aux autres de l’essoufflement.

Elle a mis sur pied dans un chemin de terre boueuse, la sceptique Europe avait la tête encore dans les nuages, moi qui la regardais,  d'invalidité et de négation pris, je soutenais que personne ne se rapprocherait de sa vivance, en indépendant éclairé, et que  des animaux sans charme la condamneraient  à la Pythie. Dans les systèmes de jours que le soleil porte à leurs pompes, des  chasseurs percés d' omission vont de dérapages  en décapages. Les pointes, les marchands d'ombres ne sont plus dans la  satisfaction d'un monde dont l'intelligence s’étiole, et le respect de l'Aurore indigène dira toutes les douleurs de la prairie.


Est-ce parce que j'ai tort de  de gagner encore un peu de ses attendrissements que je vais au violon qui empoche jusqu'à nos manèges et aux marécages  décolorés de mes défaites. Pour suivre l'existence il me faut  une forme de détachement. C'est démodé ,c’est  idée saugrenue  avec un sens idéal, dans ces instants où j'exècre la volupté ,panique des hommes acquittés, des pithécanthropes, il me vient aussi en apparence d'être une amertume sonore et plus je m'embarrasse, plus je me prolonge dans un monde qui a donné autant d'heures borgnes aux renégats qu’aux bienséants,  existent aussi  des charlatans qui s'échappent en de  cinglantes libertés, pleins  de vigueur ,et je ne pourrai plus que bouillonner dans les librairies, et  nul autre que moi ne criera des alléluias.


Et de la fatigue je souris jusqu’a  étouffer ces  auteurs qui sont mes antidotes et mes  détachements, pourrais je avoir armorier l’irrépressible, que je ne  dormirais pas, piqué des papautés qui  gardent la fatigue, et c’est  aussi d’une agitation légendaire qui  croit que j’irai colorer des chiens  invisibles ,salissant  le prix de la croyance, et de   décompression en décomposition, je me devrai de déposer ce que l'autre  rêve là où les filets sont chers et acceptent la vigueur fictive, la fatigue d'une créature pourra se  ramasser  se rassembler en moi, je veux aussi que ces formes exsangues ,exagérées d'une adhésion suspecte  me dictent des manières de brute sans avenir.


Les héroïsme avérés, maladies d'aveugles ,qu’ils fassent-vaciller les lentes inerties en une naïveté de penser, comme des chances devenues trop grandes, que je le veuille ou non je reste un combattant émoussé de guérir, le salut  est  dans l'idée de la noirceur, aussi déplacée ,elle nourrit de solides  cruautés dont il est d'ailleurs question dans des livres méconnus, que moi seul sait comprendre dans cette quête trop lourde qui  est à porter sur les quais, là où des hommes d’ intelligence étaient arrachés à l'affront, et dans les campagnes qui pleurent à rendre la ville pleutre, voilà que je m'installe, voilà que je me transforme, et toutes les tromperies des hommes vont à la littérature.