Au jour le jour 121


A tous les examens ponctués de croches et d'anisades quand je me fais presque peur, dans mon monde enfoui avec ses latrines, ses cavaliers sur les pistes poussiéreuses, j'ajoute le compte les coups d'éperon que je donne à des bêtes éclaboussées par mes semonces, j'ai dans mes caches des animaux  trainailleurs d'échardes et d'épines  à leurs flancs et qui pissent chaudement contre les jambes d'une autre espèce, celle qui va au cirque pour des jongleries, des dissimulations d'objets placés sous leurs sabots, alors je ris de leurs brûlures ,de leurs cabrioles, j'y vois les tourniquets de ma propre race, celle qui est en cage dans le carrousel des idées ,de la démonstration ,celle qui se cabre  devant des filles peintes sur les murs, et qu'on ne peut plus prendre ou surprendre, j'entre dans un commissariat les menottes aux poignets, j'ai grillé un feu rouge en état d'ébriété.


Quoi qu'elle soit d'un poil dur aussi brutal que ma tendresse, mon animale me voue à l'absence, m'envoie paître dans les primevères, ces fleurs qui sentent la pourriture ,et qui si on les porte à la bouche ont un goût d'anthracite, avec son nez tremblant, sa bouche arrondie pour cracher du feu, je lui dois mes inerties, sur mon ventre avec un stylet j'ai gravé le nom de ma gourmandise à la voir ,or elle se veut translucide et je ne peux la saisir ni la contenir, j'engloutis alors un litre de vin ,je pourris mon intérieur qui se referme aussitôt, si elle était martre j'en aurais fait des pinceaux avec lesquels ma main aurait tremblé sur des toiles, voilà ce qu'il en est, en plus elle mord et boit mon sang.


Certains jours sont bitumeux comme les apparences, et les introductions, celles qui vont à l'attention d'une bouche sollicitée , sont des lutins maladroits qui balayent ma chambre en chamboulant tous les objets ,à ne pas pouvoir les saisir me rend pierreux, caillouteux, j'aimerais les pointer avec une kalachnikov, les buter, mais l'esprit de la nuit qui me traverse de part en part a des façons d'amadou, aussi je m'adresse en contorsions élastiques à un prie-Dieu où je m'agenouille pour supplier un seigneur aux baisers mouillés, flasques, qui me met dans les mains une hostie et un plumeau l'hostie je la place  dans les yeux de mon chat, le plumeau au feu, et quel grésillement, et dans le regard du chat et dans la cheminée, j'en oublie ainsi que mes jours sont bitumeux comme les apparences de ses apparitions.