Au jour le jour 116

Les signes aigus de naissance nous les observons brûlés par les beuveries ,ici  se perçoivent toutes les limites de notre corps, on a  grand-chose  pour les  leur balancer, pour  balayer la cervelle les paysages étouffants, les forêts où mangent des bêtes pourrissantes, les maisons où les hivers furent froids, les amis certifiant ces compagnies, on a beau croire que c'est un moment particulier ,il n'en est rien ,car même en dehors de nos soulographies,nous sommes sots. À proprement parler je suis gaucher, je parle mal de naissance ,la haute mer les hautes rives et les sourires c'est  pour les autres ,moi je rêve d'un pôle aux  effrois de fontaine gelées, où les grands vaisseaux  ne viennent qu' une fois l'an ,le monde a bien changé,  moi je me suis chargé de petites affaires jusqu'en enseignement pour n'avoir pas entré dans la vie, que ça m'est resté dans ma nature, dans celle de me taire, le long cours de l'existence, je le loue à ceux qui s’essuient les mains en tablier ou sur le linge des églises, si j'ai laissé des trace, ce  ne sont que des traces de sang dans les laboratoires, je ne suis pas désespéré ,je crois pas au paradis, je ne crois pas en  l'enfer ,il est abrupt ,il est déjà ici ,puisque j'y vis ,j'y  vis comme vous qui fermez les yeux sur les êtres captifs et capturés par sales existences.


Nous visons d'obscurs défilés où nous portons des gants noirs, un costume étroit, des maladies, mais aucun secret n'est gardé, utilisé pour nous  singulariser, il m'appartient ici de dire que je sais cela de mon grand-père qui me révélait que toutes les images ,que tous les corps ont des concordances avec ce que nous taisons ou montrons selon qu'on soit dans la merveille dans le mensonge.

Celui qui n'a jamais pleuré en lui-même ,je lui crache à la face, il peut partir, quitter sa femme et ses toiles ,jeter ses peluches au feu ,je m'en fous ,s'il respire, j'aimerais qu'il  s’éteigne, il me ment, et son mensonge va du poignet au cœur, comme un couteau sur  d’anciennes blessures , je le sais, que ne s'est-il  jeté d’un pont ,mis la corde au cou que, n'a-t-il éteint la lampe, uriné sur ses vieilles espérances, pourquoi est-il si léger à l'heure où il faudrait être grave ,celui-là n'est pas mon frère ,est un incurable avec des muscles de boxeur ,qui bien qu'il soit sonné dès le deuxième round se relève ,respire à pleins poumons et repart à la frappe, moi je serais resté couché sur le tapis ,jaune de mort, le corset parfait  serré contre moi,  sitôt que  je me serais relevé, j’aurais pris  ma valise et je serais allé dans la montagne ,vers la mer ,là où on peut jeter ses meurtrissures dans la terre ou dans le vent.


Les chiens mettent leurs museaux contre les  éteignoirs ça brûle, ça crame, mais les chiens ça résiste, ça n'a pas d'angoisse, n'a pas de crainte ,ou alors  des craintes  sans cri, j'aimerais être un chien absent de moi ,mais sans collier ,sans maître, avec des culs  à renifler, c'est le bon côté des choses que le détachement ,les routes sont ouvertes, les places publiques, on y respire, on n'y va quand on veut sans  recommandation,   peu vous fout un coup de pied dans les reins, ça a du bon d'être chien, j’aurais pur lécher les babines ,traîner dans la rue mes maîtresses, dans les jardins ,j'aurais pu sentir l'air ,montrer mon ignoble sexe à tous les  passants, je n'en ai rien fait, je rue, je tonitrue, je reste dans ma peau d'homme ,dans ma chair contaminée,  je n'ai pas d'abri ,civil à côté de la plaque je ne suis là pour personne ,je suis absent, indécis ,les murs ,les portes les fenêtres me regardent, je vais faire du feu dans la cheminée et rêver de mâtins qui ne mordent pas…


L’écriture qui vous est destinée n’a pas à manquer ni à se soustraire à mes refus  parce qu’elle s’applique à vous le dire  parce que vous ne voulez plus  ouvrir vos portes et fenêtres à un cœur convenable ce cœur qui  n’ hésiterait pas à accueillir un frelon dardé comme un paillasson pas moins d’ailleurs parce que pour l’exemple elle se muscle se tonifie pour rendre belle et individuelle l’ âme d’une lectrice qui se recompose dans mes veilles dans mes sommeils à vouloir dire que les mots voyagent avec l’étonnement brutal bête d’un animal intelligent tant il saurait lire mettre ses yeux entre les lignes je dis aussi que me vision de la vérité et du mensonge est la vision qu’a un borgne qui signerait un contrat avec un dieu malade ventripotent vulnérable pour le reste qui crie se teint de vous pour s’empêcher de devenir avec le temps un vieil enfant qui ne saurait plus mettre de l’eau dans ses mains dans un seau  je vous laisse à ces phrases verrouillées dont vous avez les clefs…


On y voit un chien qui bouge la tête mais ce chien n’est pas un chien c’est une intelligence quelque bête qui ferait autorité avec la parole mais à tant vouloir qu’il soit en marge sur la plage arrière il met de plus en plus de force à tomber et lorsqu’il tombe il se met dans la peau d’un patron à la place du mort…


On y voit de la langueur parce que rien ne dit mieux la langueur que ces insectes courroucés qui marchent sur la tête avec un bruit de scratch un bruit de feutre de feuille froissée ne vous défiez pas de ces petites choses aux petits appendices qui font de l’ironie avec leurs élytres c’est un langage clair une stridence bien nette et propre quand vous les entendrez vous entendrez le monde légitime qui ne met pas ses bésicles d’or…

On y voit un couple elle est brune il est brun on les soupçonne de se voir pour la première fois ils chuchotent l’un à quelques centimètres de l’autre ces centimètres sont des langueurs de mots on peut en extraire de l’amour si on les soutient attentivement ce sont des mots frêles dignes on les retient dans la défaite autant que dans la victoire lorsqu’elle l’assure de rentrer seule il la raccompagne à la première station elle lui a pris le bras et quelle lumière dans ses yeux qu’on pourrait en extraire toute l’eau de la mer toute l’encre pour écrire des milliers de pages qu’elle ne lira pas des pages avec lesquelles on pourrait tapisser toutes les sentes des forêts sans nom pas avec parcimonie mais abondamment avec l’envie de n’être plus seul à avancer entre ces grands arbres qui prient comme des abbés souls…


Aux extrêmes flétris que le vent du nord ordonne pour des fantaisies d’œil des bêtes sans orbite s’irisent d’une infecte dignité là aussi sont les anciens maîtres    avec leurs habits vermeils ils sont à l’heure de la mort et de l’apparat vieux déjà avec dévotion les ramène sur des sites anciens leur chair est une vrille d’air un harpon qui gèle et se fend nul témoin autre que moi ne rêve d’un nouveau travail avec ses tiroirs à clefs et ses consentements sous l’herbe des chambres aux voix pierreuses se referment sur des insectes aux faces de concierge et si je dispute au jour son faste ses fracas ses mappemondes dégoulinantes ce n’est que pour les flétrir au dessus des ravines où marchent des gueux..