Au jour le jour 109


La petite fille n'a pas bougé, elle est toujours en vous dans cette Italie qui ne manquait pas d'étoiles ni de souverainetés, plus que de bêtes soyeuses, vous m'en parliez parfois et j'y voyais une terre ocre éveillée en plaine par les caquètements des oies, des pintades, et la voix de vos tantes à l'esprit plein de gourmandises et au corps en complément de vivre.
Puis vous vint une écriture de gauchère que vous dûtes abandonner, elle vint comme vient un vin nouveau, quelque chose au plus près de soi pourquoi le nomme autrement qu'une figure sentimentale, dextre et senestre se mêlèrent dans un autre âge, tout comme chez moi, je voyais dans cette ressemblance quelque même direction qui nous avait été donnée, et j'aimais à croire que l'habilité et l'agilité des mots venaient de par là, comme on se fait habile pour jouer au piano, faire dans la peinture ou faire du poids de sa vie le poids de celle qui fut la vôtre

S'il me fallait choisir une région de mon âme où vous diriger ce serait vers ma volonté, c'est un endroit propre, bien à moi, et bien qu'il ne soit pas exempt d'anicroches, je m'y trouve bien comme entre deux mamelles de rousseur, on y trouve aussi des portes ouvertes, votre soudaineté, vos rires recherchés comme de rares pierres luisantes qui font refléter les serpents, où qu'on enchâsse dans de belles montures. Il m'arrive encore de vous maintenir en moi, de vous reformuler, de vouloir votre présence sur mon sexe et dans ma bouche, deux organes tant alliés qu'ils sont du meilleur des capitaux, d’un système central de tout corps qui conçoit l'amour comme une étendue à explorer, je reviendrai à ceci dans un autre demain, il faut que je me transporte hors de vous doucement, lentement, lourdement,

Prodige de l’arbre
Et de l’oiseau
Dans la puissante enfance
Avec nos bras tendus
Pour saisir l’entre deux
Sensible et doux
Du tronc et de la feuille
L’émotion légère
De celui qui pleure
Par la ficelle qu’il tire
Pour remonter le chat du puits
Nous la retrouvons
Dans un âge avancé
Où la plaisanterie
N’est pas plus ouverte
Qu’une châtaigne dans sa bogue
Les herbes dormantes
Ne nous endorment plus
Et envieux
Soliloquant
Nous pensons à ce voleur
Qui a puisé toute la lumière
Dans une enfance morte née.


La force aux étincelles bleues
Dans l’intérieur
Qui délivre ton désir
Est un rapport millimétré
Il n’est pas à sa place
Pas plus que dans le doux mourir
Quand la chair
Est devenue un fifrelin d’acier
Qui  chante encore
Pour celui qui va l’accueillir
Il n’y a plus d’hôtes
Qui disent  de retentissantes prières
Chacun brosse ses armes
 Pour des combats
Où s’avancent des soldats
Venus d’une planète morte.
Si tu bouges encore
Avec ta  chair amère
Point de jour dans mes mains
Le prestigieux enfant
Qui n’a pas voulu rester chauve
Il a dans ses poches
Des pierres safranées
Il veut un orage de nouveautés
Des inventions
La bonne température
Pour abattre de sa fronde
Ceux qui  sont dans les fausses pénitences
Mais la jeunesse
A trop d’éclat
Pour buter contre les hommes
C’est pourquoi
Ils détendent leur catapulte
Et tous se fait silence.

Pitances potences
Les belles inventions
Elles vont au mariage
Avec la louange
Et les chiens de garde
Perfectionnés
Presque discrets
Interminables avec leur queue
Vois leur richesse
Quand les duellistes
Recrachent dans l’herbe
Leurs ivrogneries
Vois comme je leur ressemble
Vois comme cela va durer
Il faut que je rajoute
La rousseur des cailloux
Que j’ai dans les reins et dans les mains
Pour des claquements
Qui te balafreront.
Le mépris que nous maîtrisons
A fait ses armes en public
Celui-là même
Qui partit à la bonne heure
Il n’est pas passé par le guichet
Où crépitaient des balles
Et dans ce vide harmonieux où nous allons
Tu voudrais encore dormir
Dans des jardins sans perspective
Avec l’illusion
Chaque matin
Que se lève un nouveau rideau
Et qu’apparaissent
Des Atlantides imposantes
Avec des taches bleues
Là où elles doivent se trouver
Sur la neige qui tombera
Du pays bien plus haut
Que tous  tes reliefs.


Dans les saisons de glace, les hôtels déplacent vers eux des travailleurs à la traîne, vêtus d’habits et de gants blancs, ils vont jusqu’au rideau pourpré où le luxe est une femme qui a fait le tour du monde en restant dans une geôle dérisoire, le ciel entre toutes ses couleurs dans la chambre aux lourds engourdissements, là où tombent les masques, des billets aussi, le monde est d’une morbide immobilité, il ne va pas vers le soleil, il me plaît de croire que la croyance est dans le mouvement de ces filles et dans celui de l’alcool, et que la race des hommes est un automatisme mal employé, ceci je le garde pour moi.

Nous étouffons tous en intérieur
Aux alentours de minuit
Quand l’ombre est une voisine chevelue
Nous inventons des histoires
Douloureuse de bateaux
Qui partent pour ne plus revenir
Pleins de nos juvéniles mémoires
Chaque homme
Qui entre en demeure de lui-même
Voit quelqu’un qui se cache
Profondément en lui
Il meurt de ne plus progresser
Il guette à la fenêtre
Des crimes qui ne se commettront pas
Il boit à souffrir de sa souffrance
Effrayé par la vie qui se diffère
Dans un ailleurs
Où l’on parle
Une langue qui lui rappelle
Combien de fois il a tourné la tête.

La fenêtre donnait sur les nuages d’un ciel lourd et blafard, ce fut l’hiver une nouvelle fois, l’hiver de nous et d’en dedans, nous ressemblions à ces saisons mortes où la fatigue l’emportait sur nos jambes ingambes, mais jamais dans cette fatigue d’être ensemble nous nous démarquions pour des réflexions qui nous auraient mis dans de hautes douleurs. Les rouages de l’existence, l’embonpoint venant me firent mettre mon mécanisme d’être à mal dans des déconsidérations qui à sa bouche semblaient des secondes déplacées d’un cadran mal entretenu, je me taisais, je me cachais encore d’elle dans des retenues d’élève qui a jeté des pierres contre les vitres violacées par l’envie d’en finir et l’ennui de devenir. La liste est longue aujourd’hui d’un présent où pour elle je ne représente plus rien, sinon quelque chose entre l’oubli et la disparition.


Je sais les capitales de mal vivre avec la conscience de ces nerfs trop torsadés et qui mènent à la douleur, aux tremblements, à l’effacement. J’ai retenu ceci de vous, que vous n’étiez dans l’existence que pour un amour plein , pas de discrédit, entier, vif, sans alignements, vous m’en parliez parfois et j’y voyais la marque d’une qui est dans la réelle décision de l’assurance d’être désirée et défendue. Advinrent de nouvelles maladresses, de nouvelles contraintes, des trucs pas à ma mesure, moins d’animation, la distance fit le reste, nous développâmes chacun des petits bouts de rancune qui mis dans le grand ensemblier du pire devinrent des pénitences à se parler, à se reconnaitre, des adversités à odeur de naphtaline et d’essences dépassées, nos préférences n’étaient que dans nombre de nos variétés, j’en possédais moins, vous me le fîtes savoir, je le sus…