Au jour le jour 97

Et de songer encore

A vivre de l’amour

Dans la lumière bleue

D’une chambre où respirer

Est un ordre nouveau

Dans le charme et l’attrait

C’est dire à son aimée

Qu’il n’est plus de ces peurs

Pour ce qui nous advint

En guise de langueur

Et qu’au cher renouveau

Où va la vie recluse

Il y a un regard

Où l’on sera admis

Aux hautes récompenses

De se savoir compris

Et d’origine neuve

Un corps nous échoit

Comme de noble matière

Pour de nouveaux ébats

Où rêver est plus juste

Que cette paix mouvante

Qui va d’un front pommé

A une main tremblante

Puis aux saisons menues

Avec leurs croches pâles

Nous voici contenu

Comme pour ne plus nommer

Ni la peur ni la mort

Pas plus que le regret…

Prends garde de ne dormir

A ta vie amoureuse

Elle se découd toujours

A hauteur de la barbe

Et l’ange consciencieux

Qui parle par ta bouche

N’est rien au grand regard

Qui arrive des cieux

Car plombé à ta gauche

Par un corps désastreux

Ton cœur nu s’époumone

A corrompre l’adieu

Et de ne rien comprendre

Ni de chair ni de gloire

Quelque chose s’arrête

Aux frontières du soir

Que tu ne peux admettre

Car il reste sans nom

Aussi flou qu’un nuage

Qui n’a d’autre frisson

Que ce hoquet timide

Dans la course du ciel

Et qui est dans tes yeux

Comme un linceul humide

Mais tu veux contenir

Et l’ardoise et le mot

Qui se sont dessinés

A tant d’autres lambeaux

Et tout va au blason

Insalubre de vivre

Qui reste sans écu

Sur des couches de givre…

Au pigment des mémoires

Se mêlent les pays sales

D’où nous sommes revenus

Pour de nouveaux scandales

Toutes nos mélancolies

Sont d’abstraites tensions

Simples serrées obscures

Sans nulle autre intention

Que nous vouloir fourbus

Au milieu des décombres

Comme ombres de nous-mêmes

A nous même repentis

Mais à tout contenir

Quelque  chose se noue

A nos faces nos membres

Et qui tient du courroux

Car nul détail ne fait

La queue d’une cerise

Sur un tableau muet

Aux désireux du soir

Pas plus que soif et faim

Quand nous sommes assouvis

Qu’il reste sous la table

Toutes nos désenvies

Dans un décor austère

De plâtre et de chaux brute

Quelque chose bouge encore

Comme fouetté d’encens

Et nos sens avinés

Croient entendre les gouttes

D’une pluie de caresses

Venue de l’ancien temps

Quand nous étions certains

Qu’au berceau sous la cendre

Ne brûlerait jamais

L’instruite salamandre…

Aux viscères de la lune

Que tu rends ferrailleuses

Avec tes chaux de plumes

Le suif d’un membre froid

Tu adjoins ta misère

Tes grandes cécités

Et les vieux mouvements

D’une vie inopinée

Car rien ne chante en toi

Ni le vivre ni le vent

Pas même les escales

Aux amours emportées

Ton grain est serrement

Ta gorge inemployée

Et tous tes postillons

Restent dans l’air impur

D’une victime qui rit

D’une fossette absente

Qui ne s’assemble plus

En éclats délicieux

Venus de l’autre temps

Aux tripes d’arrangements

Ta lèvre contenue

Déverse en flottaison

Les mots d’une inconnue

Que j’ai nommé suave

A la coupe que tu lèves

D’une sellette branlante…