Au jour le jour 64

Donnons à nos sœurs

Notre linge sale

Notre gratin de poussière

Nos lieux-dits maudits

Nos fusils alarmants

Nos pompes à carotène

Notre vision nocturne

Le poisson vorace

De nos condamnations

Enroulé à nos ombellifères marines

Donnons leur le faux jour

Les serpents de nos enfances

Le fourbe caractère de nos frères

Nos propres somnifères

Donnons leur tous ceux

Qui n'ont pas dans leurs mains

De beaux égarements

Donnons la valeur de nos jouets

Nos feintes et nos cadeaux

Nos postes généalogiques

Nos flottaisons mal engagées

Mais n’oublions qu'elles ont eu

Une hache à la main...

Je pense à ma femme

Figurine entendue

À son ardeur

À ses cravaches

À ses parenthèses de pavés

À son  mercenariat

À ses commentaires

À sa tenue de scaphandrier

Lorsqu’elle descend

Trop profondément en moi

Dans le faux jour

Dans le sommeil où je m'enferre

Je pense à ma femme

Qui a toujours la vie bornée

Dont on reparlera

Honnêtement et sans frais

Sans la suspecter

D’être d'avoir été

Sous les portes cochères

Embrasser quelqu'un d'autre

Plus sournois que moi.

Faites le mort

Restez le

Au cimetière des chiens

Des animaux à casquette violette

Faites le mort

Restez dans vos nostalgies

Dans un porte-à-porte

Sans rapport avec l’acte

Avec la peine

Sans rapport à la vie

Sans rapport avec la timidité du matin

Avec les journées d'agave et de pauvreté

Faites le mort

Bâillonnez vos géographies

Vos hémisphères

Aux tristesses branchues

Comme des polypiers

Comme des madrépores

Qui  vont jusqu'à vos pieds

Ceux qui vous mèneront

Au sommeil à la mort

Ou le tout à la fois...

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Un ursidé de quarante piges

Mange l’amour de sa voisine

La fumée de son cœur

Est une avalanche

De neige bleue

De savon

Couleur d'épinards

Les cailloux de son estomac

Le corrige la nuit

Et dans ses entrailles

Il revoit son mauvais mariage

Le voilà qui rit

Blondement

A ces catastrophes

Dans le courant d'un jardin

Saccagé par ses mauvaises conduites

Puis c'est le claquement

D’un drapeau crépusculaire

Qui le rend aussi fou

Qu’une baïonnette

Entre les dents

D’un usager épileptique...

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Attendre que sa tête

Porte le soleil

L’astre des pleurs

Du coussin

Où s'endorment les chauves

A la figure ventrue

A la figures vue

Dans les magazines

Avec leurs œillades de léopards

Qui malgré les saisons

Le mauvais temps

Sont teintées d’épais songes

Attendre que notre tête

Caverneuse

De nos propres morts

S’appuie contre le balustre

Au son d’un d'accordéon

Puis attendre encore

Une musique céleste

Brûler ce qu'il nous reste

D’attente avant d'aller

Aux selleries du bûcher...

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J'ai noté dans mon calepin

Rendez-vous le lendemain

Chez la putain

Je me tords aux premières heures

Empalé sur mon malheur

Pour un petit règlement

Jappe en dedans

La fille qui n'est pas de Nantes

Veut des monnaies bien sonnantes

Et me fout le couperet

Sous le nez

Je ravale mes amygdales

Le dôme pas en capital

Dans le mol empiètement

Du dedans

Me place sur un lit de mort

Prêt à recommencer

Mes guillemets

Tout ça pour quelques biftons

Piqués à un fanfaron

Au bistrot

La distance qui va de la vie

À l'envie

M'est une noble déraison

Goût de savon

Cette fois pour le shampouinage

La morale

Elle me les fourre au cul

La divine

Celle qui sent bon comme la mer

S’est restreinte

Elle me pompe au canapé

Son ciné

En franglais

Et c'est là que je devine

Comment le dernier serpent

S’est tiré

Avec un maillot un slip

Le salaud

Tout ça pour une ursiline

Qui  contient toutes nos manières

Aux premières.