Au jour le jour 62

L’échafaud la falaise

Tous les à pics tendus

Avec tes grandes mains

Sont escales de poudre

Que gravir ne va plus

Avec un sac plein

Une besace trouée

Idée d’une chair bleuie

A tout acte de chair

Ce qui va au baiser

Touche au basalte froid

Ses parts d’ecchymose

Et au vitrail en eau

Tu mets tes vieilles envies

Que vivre n’est pas plus

Qu’un grand rire d’aveugle

Puis à vouloir monter

Au déambulatoire

De cette basilique

Ton sang va aux nervures

De ton corps retenu

Et ce christ qui saigne

Ceint comme un bel enfant

D’un bandeau aux cheveux

Regarde vers le ciel

Avec des yeux moins bleus…

Non loin de moi-même, et si proche de toi, avec tes étendues et tes effets, je suis cette pierre distraite au bruit de camomille jetée contre des insectes faiseurs de torts, mal ordonnés comme les propriétés du vent et de la pluie pour, peu tu m’arracherais les élytres si je m’essoufflais et me donnerais en spectacle devant des enfants malades de leur cruauté, muets qui sont toujours plus hauts que nous, ratatinés dans nos commodités et nos commentaires. L’atmosphère est de la taille d’une reddition, de la matière d’un gravier dans les allées d’un cimetière, et bien que je sois contre ta chair mes os craquent, c’et ainsi que je deviens vieux, et ne peux plus te porter, aussi j’envoie mon corps dans les distractions de l’herbe et de l’alcool dont tu ne connais pas les vertus…

Aux brins, et je n’en dis pas plus, qui sont humides de disparaitre sous nos pas, il y a l’esprit de l’herbe avec sa chair méconnue, qui se liquéfie dans l’idée de ne pas émerger davantage je veux par fragment parler de cette nostalgie plus profondes que les eaux de mars, et qui ont toujours fait défaut aux hommes de volonté. Dans les jours qui sont touchés par la grâce d’être, j’entreprends des amitiés sans borne qui demandent l’effort du signe et de la résistance, et l’aveugle et le mutique que je suis, mets son pied dans la seule étendue qui vaille, et qui est ta demeure où je m’ouvre pour des bienfaits que tu ignores.

Quand dans le sommeil où tous les vains objets tirent à eux leurs parts d’ombre et de solennité, je pense à un travail différent que de devenir, qui serait que je puisse m’échapper de la vie pour des raisons que je ne sais traduire, sinon dans le diurne  silence où je m’accompagne de souvenirs, ces bêtes muettes qui sont allées dans le déluge dans le son d’une diane qui évoque la dictature des grelots et des morts, c’est là aussi que tous les débris de moi-même s’accommodent de tous les actes que je commets contre moi, qui sont à l’attente ce que la divination est aux troubles d’un savoir qui n’en requiert pas, j’augure par mes mouvements que je vais dormir avec une présente qui est ma retenue, sensible à mes arrières, ceci m’est confortable…

Je me représente chaque espace, chaque place comme une phrase, une formule qui de ses profondeurs laisse apparaître la dignité d’une littérature qui n’est ni de feinte, ni d’oubli, cette part de chacun, peintre, marchand, boucher, étalagiste, est aussi une chair intacte qui n’ira pas à la ruine, et tous mes sens sont des informateurs à qui je vais soumettre la cause et son sentiment. Maintenant que les mots me sont de funèbres cachets, mon air est vain, plus sérieux aussi, plus complexe d’un vide de second plan, je parle sombrement de toutes les inflexions de mon existence avec excès et précipitation, celle d’un trieur dans la faconde d’un juriste désordonné, ave solennité et entregent, puis mes doutes et ma paresse reprennent le dessus, et plus rien n’est honorable…