Au jour le jour 59

Donnez moi de l’abord dans vos nombreux passages

La brune invitation à vos lèvres fermées

La fièvre parallèle au ciel gris de mon âge

Et l’abîme en idée et en petit veuvage

Donnez moi en demeure une religion austère

Sans liqueur sans hostie et même sans ostensoir

Où je déroulerai toujours en nombre pair

Mes péchés ma noirceur aux premiers bruits du soir

Donnez moi au réveil une peine infinie

Un ciel plus étranger que mes étranges nuits

En massifs élargis de sable et de poussière

Où ne retentira aucune de mes matières

Donnez moi s’il en reste en venin infecté

Le plus lourd des silences où ira mon baiser

Paquet d’aurores jetées sans nul autre agrément

Que de savoir de moi tout ce que je démens.

Intouchable destin en tes carènes d’or

Le temps est cénotaphe le temps m’est un tombeau

Où se réjouiront toutes les morts idéales

Venues en raccourci par delà les dédales

A montrer ma fureur ma fièvre mes misères

J’ai défait de mes dextres jusqu’aux plus hautes sphères

Où la race des hommes part en reconnaissance

De mes derniers oublis des dernières patiences

Là je vois mon futur en une double alliance

Quitte à quitter la vie au moins qu’elle soit plurielle

Une femme d’un côté de l’autre l’essentiel

A ma main une  craie avec un bout de ciel

Qu’au décret de ma langue j’appose l’inertie

L’affirmation d’un moi qui ne s’est rétabli

Qu’aux parfums d’une épouse qui goûtera au fiel

Pourvu des sentiments d’un autre criminel.

Chiffonnons les trompeuses merveilles, ces conneries à nous réjouir sous couvert dans le sable qui étincelle avec l’esprit malin au masque des repentirs, brisons nos voix à des chants légers ,graveleux, à des absences, ce défi lumineux qui se dessèche tant il manque de saveur, dans la distance prise en aval dans le songe et le sang, broyons nos visages, écroulons les dominos avec l’inconvenance de ces hommes qui n’ont pas marché sur la lune ,la bouche ouverte et endolorie ,pétons nos muscles et nos artères dans des courses incertaines au soleil plus brûlant que les arctiques du cœur ,broyons nous les genoux pour ne plus faire dans l’audace de rester debout, d’avoir des espérances de sprinter qui retient son souffle à hauteur de l’infect ennemi, empierrons nous au milieu des ergs où nulle herbe n’est accessible ,cassons nous les reins ,brisons nos nuques pour ne pas faire partie de cet aigre troupeau qui va paître dans les pacages primitifs, où les horizons sont délavés par les mains des bouffons, rognons nos chairs et nos os ,qu’il ne nous restent plus que nos bassesses, nos blasphèmes ,nos famines d’amours contagieuses, ces vains efforts faits pour ne durer que le temps d’un baptême, pénétrons dans la vase ,soyons morts, et que quiconque ne prie ni n’éructe sur nos tombes ,là où nos pères sont gorgés de suif de suie et de charbon.

Siècle irrespirable aux yeux coniques et égarés, nous humains déshérités de nos corps, dans la légèreté des airs qui nous gonflent, qu’attendons nous de ces inconvenances, avec nos confusions ,nos espaces inoccupés, nos fatigues de renégat sans amour , sans pitié ,sans ressource ,si ce n’est celle de ne plus vouloir entendre l’âge se hâter dans la glaise .Nous trépidons, nous divisons, nous parlons trop, trop vite, trop mal ,trop abruptement ,et c’est d’un exquis bordel que nous voulons sortir en costume ,après s’être nourri ,avoir bouffé des virginités qui rendraient le ciel plus pur à nos mains monstrueuses  par la grâce de celles qui ont forcé leur destin et qui ne nous ont pas méprisés. Cette terre, cette vie refusent de nous entendre, nous les hommes qui n’avons plus de pollen à nos poignets et à nos jambes .Restons ce que nous sommes , des rognures avec des moelles qui sentent le sureau  acide et la naphtaline…