Au jour le jour 56

Nos voyages se faisaient de la chambre au salon, du canapé au lit, notre langue nous ramenait à nos pays originels, ceux ou l'homme compte ses dépréciations, ses fausses intensités, ses colère et ses désarrois et le froide ambition de se taire et celle d'en parler, mes propos avaient une teneur de silence, les vôtres moins, j’y croyais comme à une puissance établie ,mais cela était de ma maladie d'être, vous ne pouviez l'ignorer, je l'ai compris quand je vous ramenais à mes vides et que vous n'y trouviez qu'un monceau de pierres que j'avais amassé au fil des années dans les allées des cimetières, cela  aussi est stupide, comme un animal qui traverse une rue sans regarder à gauche puis à droite,et le renouvèle.


Le vendredi m'était un grand jour, je vous retrouvais dans vos coquetteries, vos robes de ciel ,belles d'abandons à venir, un peu comme un mari revient de son labeur et qu'il est attendu pour un noble festin, pour un repos en propre lit où l’on voyage la tète a l'envers accroché a un corps simple que vous entreteniez pour de savants plaisirs .A  la lumière des bougies votre visage m'était le plus pur des objets porté à ma connaissance seule, et j'y voyais tout ce que voit un mineur de fond dans les entrailles de la terre, des pierres rares, des lignes et des contours indéfinissables entre lesquels se rejoignaient mon impatience, aujourd'hui je ne vais plus à mes travaux d'écoute ,mais je vous entends encore, le temps a beau gagné en vitesse je reste dans votre erre entre l'espoir et l'ivrognerie. Je vous écris comme tous ceux qui regardent le monde qui va autour d'eux dans un retardement de millénaires, et j'y pense comme à une saison précise où personne ne s'éprend plus de rien ,pas même de l'amour qui est une solution à la vie qui  pourtant peut se recueillir ou se faire accueillir en tous lieux, savez vous que j'ai encore une fièvre d'apprentissage qui commence par un vertige et finit par un coup de fouet au ventre, à chacun son lot de silences et de douleurs, je connais bien cette paire que l'on peut doubler et qui conduit aux mésalliances ,pire, à la mort, savez vous aussi que du vin m'est versé dans des coupelles d'argent et que c'est une chose que de le boire, une autre d'en parler, voilà un peu ce que je commets aujourd’hui, demain sera plus clair?  

Vous vouliez la lumière, moi l'incendie et la fumée, quelques couleurs rouges et bleues dans la fausse phosphorescence de la vie, pour chacun de nous dans nos corps à corps il y avait cet enchantement des deux, avec cette musique qui nous maintenaient serrés et qui venait du fond de nos enfances, puis nombre de tourments nous vinrent, divisés entre eux ou identiques, ils nous guettaient, nous collaient aux basques, ce fut un autre virage qui vous vint, pas celui qui va à droite et vous serre contre moi, non, cet autre qui vous éloigna, cette lecture et écriture d'aujourd'hui ne me vont plus, pas plus que ne me vont les livres que j'ouvre et referme aussitôt tant j'y vois notre espace coutumier, notre couple y célébrer ses petits égarements, j'arrive au plus noir de moi même, petitement, vous ne m'apportez plus ni la lumière, ni les virgules.  

L'éteignoir d l'existence on le souffle toujours dans l'attente, il n'y est plus question de rien sinon de ce soi même qui meurt de l'absence de l'autre et n'en dit rien, pas plus qu'il ne dira que ses anciennes somnolences se faisaient au moment les plus chers et de son vivant, j’ai donné, repris, acquis, rendu, je me suis attaché une main dans le dos pour ne pas trop en porter, voilà ou j'en suis, dans une méconnaissance galeuse comme un chien vermoulu qui va mordre son maitre, ce savoir là me vient de ma fatigue d'être, elle est en degrés de prières et de liturgies, et bien que je n'en montre rien, elle existe, c’est aussi ainsi que m'est venu de l'amour pour vous, dans la cachoterie, je reste encore et toujours dans cet incommencement.

Loterie d’une jeunesse pleine de ciel artificiel, nous y croyions à ces cloques qui prenaient jusqu’à nos habits, les samedis étaient gais, la mémoire aussi, ce qui était intact ne se délivrait pas uniquement en hôtel, en  suite distinguée, nous en sommes souvenus, l’encre offrait des échos dans une chambre à l’abri-des commandements et de toutes les clés, même les trousseaux n’étaient pas en surmenage, c’était ça aussi d’aimer. Au couchant,  une reine met sous un oreiller un sou pris dans son  tablier et pleine de prudence et d’argenterie la nuit elle atteint avec la même prise revenue  d’entre les intestins des hommes cinglants et la tige et la fleur, puis tout devient  rouge mais pas charitable.


On se transporte avec les moyens du bord avec des rondelles dans les bordels où les remarques sont préoccupantes, après on fait peau neuve. Lorette arrive toujours  seconde sur le podium des mémoires, c’est dans le grand journal des compagnies d’assurances qu’on lit que  la lanterne rouge n’a pas été aussi tendre pour la vie qu’une minuterie d’horloge Je vous garde en moi pour ce qui est nécessaire à ma circulation, pour la prudence du cerveau ou du ralliement, ce qui me déforme vos yeux, les jeux de mots se sont  froissés au bord des talus et les talents deviennent une façon de déraisonner L’abandon c’est toujours comme une devinette qui à été attribuée à un domestique favori après le coup d’envoi d’un nouveau  style, et qui se met à notre disposition pour poussifs essayages.


Comme à chaque fois c'est de l'abandon que me viennent des choses plus personnelles encore que l'ennui ou la colère, quelque chose de froid et de dépouillé, une nouvelle émotion aux puissantes mâchoires mais qui me retient de me souvenir de ces rencontres que j'ai faites sans soutien, l'embonpoint de la vie est une faille complète, je me targue d'en avoir des milliers, pas de ficelle pour les retenir, aucun tour à jouer, aucun calme ni psalmodie à proclamer, je suis triste, épais et lourd, sourd aux bruits du monde, j'attends de plain pieds qu’une ombre m’ensevelisse, qu’un corps sans évidence prenne possession du mien, pour qu'il y mette  une longue période de venin et de drame, pour une période de grâce quoi, et qui couvrirait toute la fatigue !

Les matins d’hiver sont de poudreux portraits, les toits où court la neige qui a une grâce blanche appelle des oiseaux avec un rameau dans la bouche ,ils  posent leurs pattes pour des  enchantements, des empreintes qui évoquent la prunelle de ces filles qu’on regrette une fois qu’on les retrouve dans notre mémoire vieillie de semonces, de coups du sort insupportables, un peu trop expérimentées d’ailleurs. Nous les préférions, nous les aimions à plus de jeunesse, mais le temps a  une mauvaise réputation, une mauvaise députation, de mauvais penchants, à  aller  au-delà de ce qu’il devrait commettre, aussi nous ne les élevons plus verticalement…La compagnie du vent comme un grand régiment au bec de la diane,  avec  ses souffles  continus, va au chœur des églises qui attestent de l’amusement qu’il a à arranger des sons pour en faire des miaulements, des feulements, des torches ,des trombes d’air qui foutent la trouille, le froid ne sera pas pour moi, je glisse à demeure sur des toiles et du papier des mots qui en disent suffisamment..