Au jour le jour 53


Chaleur en odes capitales

sur des prénoms inachevés

et ces alcoolsces graminées

ces mots pour des noces sans fin

dans le fichu du mystère

tu les entendsde ta vie immédiate

mais ta joie

crayeuse comme des primevères

est un dé qu'on jette

dans le hasard du monde

dans le cœur des hommes

épris d'un grave mouvement

signes de mendiants asséchés

qui pour le pire des maux

se lèvent aux matinaux arsenaux

datant des nuits torpides

et vont la plupart du temps

guetter mélancoliquement

un contre ciel

épais de fausses ascendances.


Au règne transparent où il n'y a rien à dire la femme qui plaisante dans ses déclarations n'est pas plus heureuse de celle qui tire sa richesse de monceaux d'or, la fortune de l'une et de l'autre est un soleil sans garde-fou dépouillé de ses armoiries autant de que de ses effets d’argent ou d'adulte gâté, ce sont dans mes mains chaudes que vont leurs sens et je les soutiens de tous mes souvenirs, ceux où il était question d'une existence entre le fer et le feu, entre les méandres de mes vœux et ceux des questions auxquelles je n'ai jamais répondu, puis le grand culte du silence avec sa peau d’onagre et d'arbre sec


Je n'aime pas le chant grossier

de la poussièrequi va d'un père à un fils

qui d’eux grandira à mes évidences

à mes yeux ombragés

pour me souvenir

de mes passages

de mes prières effrayantes

et qui entendra

mes ancêtres fatigués

qui ont fait le tour du monde

en cale sèche

assurés de mourir

en arrivant au por

ten buvant une eau-de-vie

sirupeuse comme du goudron 

dans des fioles

où des serpents de verre

se mordent la queue

puis de trop avoir été atteints 

par des morsures

dans leur sommeil

ils pleurent et grimacent

ils me rejoignent

et leurs chants

ne me font plus peur.


Sur la sagesse et l'argent

j'ouvre mes yeux de vieillard

mais plaies sont dans mon regard

le paradigme des perfections

n'a pas de saveur inventée

l’âge est maigre et sans saveur

la terre incomplète

les lignes criantes et enterrées

mon courage est vaporeux

ma tête s'est détournée de tous

j'ai le poids d'un insecte

qui ne s'envolera pas

hors de sa saison déterminée

les rondes sont des moitiés de rouages

les visages sont ceux

des chiens masqué

ssur les insensibles peintures

posées entre les mains des femmes

je vois qu'elles ont la forme

de l'air et du vent

l'ombre s'est détendue

je baigne par-dessous mon toit

dans une lumière débordant d'orages.


Visites bleuesdes infirmières à domicile

elles  piquent comme d'ignobles insectes

leur blouse est un instrumentpour faire danser les morts

oublié aux ailes du désert

je me couds des poches sous les yeux

en gousset de chair molle

mes paupières se débarrassent

d'un ciel reposant

des images du vent et de la pierre

je force le sommeilà inonder ma tête

je veux dormirà la lourde face du monde

avec les éthers et les somnifères

travailler à d'inutiles gestes

serré dans les draps blancs

contre moi-mêmejusqu'à ce qu’une femme singulière

lavée de l'enveloppe de ses nuits

pose ses mains sur mon front.