Au jour le jour 50

Le temps aux tempes folles
Un pistolet au cœur
Est pris aux bornes humides
Des ogivales noces
Où des troupeaux de bêtes
Corrompues et moroses
Sont bus d’un feu immense
Dans un diurne jeu
Fait de gloire et d’envie
De danser  vagissant
Aux bras de filles sans linge
Leur pouvoir aux verrières
Est d’un injuste sang
De porphyre et de jade
Venu d’un vain combat
Mis sur des pellicules
Pour des spectacles froids
Où la chair des hommes
Va dans d’étroits désirs
Ceux d’être et de durer
Aux tribunaux de vivre
Poussés dans les mots graves
D’un sinistre dessein
De croire que chaque victoire
Est attendue au soir
Des mariages laborieux
Qui durent des révolutions…
 
Sait on de sa gaieté
Faire une blanche obole
Et la tendre à ces mains
Rougies d’intolérance
A des rejets multiples
Comme un sang de frimas
Dans un lit où se ruine
Un amour nu de hâte
Aux plus jeunes fiertés
D’achever le partir
Comme pour une randonnée
Sait on de son bonheur
Redonner l’écho pourpre
D’une lame sérieuse
Revenue des tréfonds
De ces eaux contenues
Au plus haut jour qui chante
A l’œil que rien ne trompe
Pas même le contenu
Qui sur une toile vierge
Fait parler le couteau
Sans peintre à sa maîtrise
Et les couleurs savantes
D’un palefroi superbe
Vermeilles comme le linge
Des jeunes filles nubiles
Témoignent d’un corps brûlé
Par l’ancienne tunique
D’un centaure affligé
Par là où il se tend.


 

Tant le temps a la taille
De toute ta présence
Que mes misères en  nombre
De leurs vides accrocheur
Ne vont plus à ce jour
Déverser leur nausée
A cette éternité
Qui est vierge de tout
Ce qui ne fut pas large
Et en âge d’amour
Duel et capiteux
Va ma nuit obstruée
Par des milliers de feu
Comme une houle blanche
Au firmament moins noir
Qui oppresse tendrement
Tous ces astres sablonneux
Qui tombent sur la grève
Comme tombent tes cheveux
A un cou rectiligne
Dans une trouée d’étoiles
Adressée à mes mains
Apres de devenir
A ton corps ondoyant
D’où partira la mer
Pour cette cérémonie
De basses et d’infinis…
 
L’amour aux saisons rouges
Rauque d’une vierge jeunesse
Est muet aux rayons
De nos obscurités
Sa langue est ambiguë
Et tant de son adresse
Ne va plus aux refrains
De nos infirmités
Sa bouche se refroidit
Aux tourbillons de joie
Paradis de lumière
Où ne va nulle voix
Que celle de l’enchanteur
Etourdi et absent
Qui jette la terre entière
Dans ses retranchements
Le silence et la science
De cette mélancolie
S’abreuvent de ne pouvoir
Comprendre cette amoureuse
Entre la fleur et l’arbre
Un poignard à la main
Et qui va à son cœur
Comme vient un chagrin…


Petite cramoisie
Piqûre suite de temps
Tu ramènes à mes lèvres
Un dé aux noires pointes
Ces mots dits dans le chœur
D’une cathédrale éteinte
Où ne chantent plus guère
Que ces chères évanouies
Reprises dans les contes
D’un immortel ennui
Ces belles au cher tourment
D’être de s’apprêter
Ne vont plus au sommeil
Qu’aux soumissions de mains
Aux fausses directions
Qui vont pour des demains
Pleins d’aumônes de criures
Loin des hosties offertes
Aux filles nubiles et vaines
Et qui vont apparaître
Comme des virginités
Saintes de tant de gloire
Mandorles mal affligées
Dans une nef où la plainte
Est le vagissement
De mille boeufs écornés
Qui ont dedans la gueule
Du chanvre et du papier
Testament de tribus
Dont le baiser est craint
Par un Dieu infécond
Qui brandit un poignard
Insolite et brutal
Sur un mont où il saigne
Celui qui de la loi
Voudrait faire une enseigne
Que de hommes provisoires
Au bastion où ils crèvent
Détournent de leur coeur
Insolite stratagème
De n’exister torpides
Que pour de vains combats.

La corde épidémique
Tant de fois offensive
Ne va pas à ton cou
Pas plus qu’à ta poitrine
C’est une ceinture d’ogresse
Mal réquisitionnée
Qui donne aux mots des mots
Et aux contes des cités
Parallèles soumises
Aux formes exigeantes
D’un lecteur affublé
D’une lourde protection
Noir écu noir blason
A tous ses épicentres
Si j’avance d’un cran
Un écrivain recule
Restreint son territoire
Aux lettres majuscules
Va de la chambre bleue
Jusqu’au noir corridor
Vastes provinces vieillies
Au son des anciens cors
Aux souvenirs malades
Presque majestueux
Il ajoute des landes
Des bois où le corps saigne
Où tant de fois il mit
Un héraut somnolent
Qui dirait la victoire
A tous les bruits du vent
Et de croire qu’il n’y a
De blessés aux arrières
Il pose sont front blanchi
Sur une page immense
Où l’histoire tout entière
Retentit de silence…