Au jour le jour 46


Que je laisse la vertu
Inféconde lever
S’établir sur l’écran
D’un astre inamendé
Au regard des filles
Qui sont en des mouchoirs
Cherchent des alibis
Dans les bistros les bars
Nulle aveugle ici bas
Ne sait mieux apprécier
Ce poison délicat
Qui peut la fortifier
Que celle qui dort en moi
Dans toutes mes vanités
Et qui s’est enrichie
De parures de baisers
Elle dont la vertu même
Est un monstre valide
Incliné à la mort
Aux besognes putrides
Et qui secoue ma vie.


A l’aveugle naissante
Mais de parole libre
Qui s’aiguise en soupente
Des anciennes conquêtes
Je dis la présence
D’un noir plus noir encore
Que ses heures innommables
De trop d’habileté
Le temps en des séquences
De sommets enserrés
Contre les vents amers
De nos vieilles contrées
Et de mes altitudes
Que la plume corrompt
Je vois tomber des nues
Toute la lumière bue
Avec ses pelures blanches
Et les rochers les cascades
Les wasserfalls raidis
Rougissent du déchet
De nos plus sombres nuits
De nos conspirations
A l’aveugle naissante
Avec mon sacrifice régulier
Je comprends aujourd’hui
Que je n’ai entendu
Ni ce qui la faisait rire
Ou la faisait pleurer.


 
Partout où nous bornons les voyelles et les lettres,comme des filles trompées bourdonneuses sous les ponts entre les faisceaux des jongleurs,le temps semble la conception d'un grelot corrigé,et dans son sillage,les lingeries de caoutchouc s'étirent pour des alphabets de paille.Parfois aussi dans nos creux,nos balbutiements,apparaît le nom d'une esclave coiffée par des mains adultes,c'est de cette écriture,qui est un trait de l'existence,que se dérobe l'obsession d'un dedans nettoyé,où lorsque nous chutons,il nous vient en tête,des anathèmes,de la flèche et du retardement,pour des accidents de chiffres à domicile.
 
 
L'émoi qui prend la forme du temps avec ses bijoux obscurs, sa voix humaine,ses veines lumineuses,je l’entends sur ces terrasses ,dans ces pays où je vois des femmes sorties de l’ombre et qui sautent dans les arbres avec la grâce des objets inventés qui ont des odeurs de naphtaline et d’encens ;je l’entends toujours renouvelé dans la bouche d’un buveur d’horizons,qui heurte le pavé avec ses yeux humides et son pas roturier,embués par l’aube qui s’est octroyée toutes les sciences et les magies,les signes d’une paresse élémentaire,d’un passage sous un soleil blanc comme un mort ;je l’entends dans l’inquiétude à laquelle je suis relié par les fils tenus des amours exigeantes,moins vif,moins aigu qu’à vingt ans ans,quand dans les lettres paraphées comme des codicilles,je mettais des mots soumis au même émoi que celui que j’entends dans la maladie d’être,celle qui va de Babel à une autre disharmonie.


A cette autre debout
Avec exactitude
Plus humaine
Que rosissant des mains
Je dis la paresse et l’orgueil
D’un Orphée mécanique
Couché et sans fortune
D’une race féroce
Infâme dans les palais
Je dis aussi
Le destin de nos amantes
Plus hautes mais semblables
Noueuses comme des vignes
Astrales comme l’horizon
Sans elle discontinu
Et son évocation
Et son rêve de tenir
Tout rêve en une paume
Afin que tout existe
Afin que tout ne meure
Retiré dans la ténèbre
Absurde de montrer.


 
Je parle à ceux
Qui ne m’écoutent pas
Qui me méprisent
Qui sont sensés sensibles
Qui ont brisé des verres
Qui ont trop bu
Qui sont liquoreux
Qui ont mis leur femme
Dans le labeur d’être femme
A ceux qui sont profonds
Discrets sans discrédit
A ceux qui sont sobres
Sans amertume
A ces artilleurs
Réduits aux saines connaissances
A ces dépositaires
De vaines démonstrations
A ceux qui font foi de tout
Tire à boulets violets
Contre leur propre sang
A ceux qui se retournent
Sur la vérité et les mensonges
Qui ont de l’insolence
De l’indolence aussi
Qui me réprouvent
Preuves et misères mêlées
A ceux qui sont attachés
A rire sous cape et sans l’épée
Et que j’ai nommé hommes
Parce qu’ils le sont
Parce qu’ils vont le devenir.


Comme l'existence ,terrible sensation d'un réveil écarté,tout ce qui se dérobe au poids de ma caresse,larmes,alibis;desseins,monstrueuse lumière,vient en hésitation,dans toutes mes prières,une chute,un retrait,tant de sottes manières,intérieur,extérieur,intérieur jusqu'au fond de mes os,fatigues et abandons,trop lourde mécanique de la crispation,pourtant,en exquise sainteté,une fille,danseuse d'éternité sur des planches moussues,me happe,me huppe,me houppelande,et dans ses moindres traits,c'est moi qui apparaît,gouverneur qui n'est rien en dehors des ses tribulations.
 
La mer en nouvelles coutures,coutumes de chemise,appelle à la rendre invisible,nous y voyons les plateaux nus de cette eau boueuse,qui détonne en cascades de nos ricochets d'existant mal rencontré,pour nous enjoindre à des exigences de peines et de larmes,quand penchés,inclinés sur la tombe de nos pères ensevelis sous la tourbe,nous vient la fulgurance de disparaître,de n'être à sa place en aucun lieu;mais tous les lieux sont à leur juste place,c'est de cette justesse que nous ne voulons plus,mais nous la parcourons comme des combattants sans pouvoir,comme des marcheurs effrontés de sotte tolérance du minéral de leur quinze ans.Je n'ai pas grandi sur les sommets;le marbre,la chaux,le sable et le ciment ont été de mes blessures,quand je les strangulais sur les chantiers de nuit,pour les balancer par la suite contre les stèles,les hiéroglyphes,cet alphabet des morts,reposoirs de toute une vie ..

Ces vertus venues de je ne sais où,cette ataraxie,gardez vous d'en connaître les origines,il se pourrait qu'un dieu uniforme, ne vous balance tout ceci de très haut,et qu'arrivés jusqu'à vous ne restent que les rognures du verbe être .Lamentables deités dévolues à faire dans la démonstration,combien je vous compare à ces pousseuses de caddie,illuminées par la perception de ne rien voir d'autre que la bassesse des prix ,et des hommes .

Tu tangues un max
pour quelques ex
un peu de sax
un ptit film x
tourné au rex t'es Béatrix
toute en convexe
deci delà
quelqu'un te fixe
c'est un index comme un préfixe
ton homme n'est pas
tel un suffixe suffit alors
de tous ces mekss
garde en mémoire
qu'un gant de boxe
sur une main nouée d'Rollex
peut te moucher comme un kleenex
 
 

O bête éparpillée
Avec tes mots de bête
Si bête d’exister
A la face du monde
Que contient ta mémoire
Tombeau que nul n’approche
Si ce n’est quelques moires
En des monceaux de roches
De veines marbrées d’or
Et d’horizons violets
Que détache l’aurore
Aux trirèmes des corps
Cancrelats de l’enfer
Que nul ne peut saisir
Tant ta chair se dégaine
En cercles muselés
Anémones d’épouvante
Et de cendres mélées.


O bête éparpillée
Dans tes étagements
Perfide jusqu’au ventre
D’où vont les sentiments
Que ne naisse de toi
Que du ressentiment
Dans la phrase supplantée
Que nulle autre n’approche
Dans tes intimités
Accouchée au sofa
Tu résouds à louer
Pour en faire des croches
Tes mots comme morsure
Pour aller au combat
Je ne reconnais plus
Celle qui toujours me sonde
Témoin de mes désirs
De mes sombres débats
Où je clos sous mes plis
Ce que j’ai de jachères
En double complément
D’objets et de prières
De miroirs et de plaies
Comme unique décor
C’est ainsi que mon monde
Autrefois parcouru
Par ta soif de connaître
S’est à toujours rompu.


 
A cette fille qui dort
Avec la bête de son sexe
Enroulée comme un oiseau
Je dis nos distances
L’eau rouillée qui dort
Etablie aux fontaines
Que des anges touchent
Sans qu’une onde ne s’ourle
Sans que l’ourlet des heures
N’égrène son impatience
Je dis la nuit mal prévenue
L’usage de la calme chambre
Le pavé qui suinte
Sous la pluie sans souvenir
Toutes les pertes qui apprennent
La pénitence et l’escabeau
La pénitence pour se lancer vers Dieu
L’escabeau pour cueillir des prières
Ou se passer la corde au cou.