Au jour le jour 38


Il pleut un temps  de ration morte
De la nacre aux yeux des frimas
Les jeunes filles vont au crime
Des froides sincérités
Dans le printemps vermeil
Condamné aux flétrissures
Dans l’annonce
Des descendances de nuit
D’autres plus jeunes encore
Avec leur ventre fragile
Sont d’une fraternité sans nom
Comme des falots sur l’eau
Elles ruissellent de lumière crue
Se jettent sous les lampes voyageuses
Dans certains regards
Dans des maternités aussi
Elles mettront des langes
A leur bleu nouveau né
Avec du babillage
Elles diront des mots
De cette vieille enfance
Cheval retors et cagneux
Le lendemain elles iront
Dans les files les lieux d’attente
Pour des attentats de feuilles
De prescriptions
Se pendre aux lèvres
Des guichetiers imberbes
Et d’une voix basse
Elles quémanderont
Quelque chose près de l’amour…


 

Les hauts froids et les hauts faits sont dans la vitrine de nos mémoire sont des objets saillants que des marchands ivres au buste troué, ont déplacé vers des lieux moins accessibles, ;est humain tout ce qui nous touche au cœur adroitement, tout ce que nous entendons et ne nous dépasse pas de son abjecte séduction,tout ce qui n’est pas amputé de nous, de nos enfances, de nos accords, et dans le noir musée de nos souvenirs ,s’irisent au toucher d’un baiser flagrant les tournures d’un art que nous avons saisi,  quand les filles du premier rang,  mangeuses de saisons, sont encore dans le parage de nos années de poudre et d’herbe convoitées, ici en ces lieux où l’absence est une carte grise, un portulan sans fief annoncé, celles qui s’approchent viennent avec  de nouveaux plaisirs, nos larmes sont sincères,elles nous ramènent à notre figure humaine, puis avec des fleurs, de l’encens, l’ostensoir qu’on agite, une statue observe un sourire,et la toile chante et rit…

Je me serais noyé dans un verre d’eau pour ne pas présenter d’excuse à ce salaud de lémurien à la queue annelée du nom de ……, c’est cela aussi une forme de raison, de passion…
 


La première à mes yeux
Où ira t-elle prier
De son chagrin immense
En moi-même désolé
Je cherche sous le ciel
Un peu moins d’abondance
Mais un profond sommeil
Où dormir en silence
Là où dans sa blancheur
Comme ordonnée de larmes
Elle ira se grandir
Au retour de la flamme
Question d’un âtre bleu
A son cœur infini
De penser parallèle
Toutes mes insomnies
Parce qu’en colère moindre
Parmi tant d’invisible
Nous allons regarder
Les beautés indicibles…


De faussement garder
En mes taiseux desseins
Une femme brûlée
Aux fabuleux destins
N’est pas gloire à son nom
Pas plus qu’à mon veuvage
Où la matière même
De vivre est un carnage
Aussi pour tant de formes
Clartés d’un impur sang
Je m’adresse à cet astre
Qui n’est pas ma nature
Je lui dis qu’en vains lieux
Où tout change malgré lui
Je ne vois plus qu’un ange
Au regard établi
Au tranquille festin
Où il s’est attablé
Il attend qu’un miroir
En lui-même soit loué
Afin d’y voir la face
De cette autre limpide
Qui a les yeux ouverts
Au-delà de son âge
Et ne veut concourir
Qu’à d’autres esclavages
Qui seront sous les dais
Tels un autre duel
Pour des amours tenaces
Violentes et éternelles.