Au jour le jour 37

 

Devant les faisanderies

Les singes négociateurs

D’épices et de renommées

Artistes fats méprisants

Expliquent la brutalité

Des bouffeurs de suif et de sang

Leurs nerfs sont mous

Chiffonneries infectes

Que des entourloupeurs

Vont extraire de leur corps

Pour les mettre

Dans des cages de verre

Au regard d’un public pudibond

Grotesques babouins

Sortis du ventre de leur mère

Avec le cul en ronde bosse

Ils lèveront les yeux

Par-dessus les ouvrages

Diront que le seul fait

Qu’il convient de retenir

C’est la réflection

D’un bout de chiffon

Dans un miroir lunaire

Où des chiens à la queue basse

Pissent comme des fauves vernaculaires

Parlent de cette existence

Qu’ils ont vouée

A des militaires à l’esprit lucide

Sachant que le tableau

Est l’œuvre lourde et lente

D’un démarcheur solitaire…

Lorsque l’éventualité de devenir menteur est entrée dans mes plans, je m’activais comme un médecin devant un malade récalcitrant ,peu recommandable, je mis donc beaucoup d’application à rendre mon travail d’arbitrage à son mieux central, et dans celui des dissections , des parallèles à venir, ces colonies d’insectes vermifuges avec des pattes d’ouvrières qui entrent dans vos  cabinets avec des allures de caporal, et sans même vous saluer pour déposer des fientes à vos pieds ou sur les lunettes de l’endroit que l’on voudrait moins indéterminé, voilà ce qui se passait quand je cherchais à amadouer le moribond, avec des ordonnances,des fioles,des déversoirs, de la naphtaline que je mettais avec les sels en sa faveur, mais l’homme voulut un prie dieu et un crucifix, pour disait il être à la proue de son reste de vie, puis c’est un nabot qui entra dans la salle de soins et qui confectionna une bombe artisanale avec des bandelettes, de l’éther et quelque alcool frelaté, puis le grand foutoir ogival des anges dans les archives…

Les pinceaux que l’œil accuse de ne plus aller à la toile sont d’un blaireau foireux, de minable santé,pas prêt à bondir sur un tissu serré, de cyans, de bleus, de verts autorisés, celui des viandes avariées que des omnivores imberbes rabattent à leurs lèvres coupantes ;il faut de l’imagination, un cerveau adroit pour l’habillage d’un tableau, et  ce que nous apprenons de la nature se défile par les crins sitôt qu’une main malaisée ne veut pas faire chanter la beauté .Notre raison, si diaphane ou transparente soit elle, s’ennuie de se dégriser après les morsures subies dans des couloirs inondés de larmes,puis c’est une brasse coulée que nous pratiquions  dans la mer profonde du ressentiment pour n’avoir pas réussi à voir l’émergence de l’eau sur le panorama, avec nos patines humides, nos vernis gras, notre gourmandise à faire vire à de grotesques vanités, celles où l’on voit un chien jaune mordre dans un crâne plus jaune encore, mais le tout vaut pour une photographie…

La maladie ,au-delà du fait qu’elle nous épuise, va jusqu’à l’âme pour la suspendre et la surprendre dans son sommeil, ne nous restera plus que son souffle dans la proximité de nos baisers à la mort.

Le cœur comme un plant dans la position d’une croix oubliée sur un chemin pierreux, coiffé d’une mitronnerie qui alarmerait des anges aux bretelles saillantes, le voilà, impalpable, serré dans la poitrine, maladroit, tendu pour un nocturne séjour où l’automne semble un désert suspendu dans l’éther aux blanches ailes. Nous sommes devenus des vieillards vagissants, ingambes, indifférents, impuissants aux ordres d’un jour qui n’en découd qu’avec lui-même, avec des conseils pour  ceux qui veulent crever dignement, notre tristesse, notre angoisse sont les enfants d’une destinée que nous avons mal rêvée, nos gestes sont de la couleur noir de nos ennuis, aussi vastes,lents lourds qu’un jardin mal cultivé où dorment à poings serrés ce qui ne touche plus à nos distributions, nous ne voulons plus veiller, sinon pour boire cette sèche absinthe qui dit le nom de poètes morts trop tôt…

A cette heure, les animaux abattent leur lampe tempête contre les vitrines où les mannequins cousins des fils blancs et efflanqués de cire,  rêvent d‘aller dans un collège pour jeunes filles pubères donner des cours du soir sur la hauteur des vitrines et l’agencement des tissus de feutre pour la course aux étoiles ;les boutiques sont des champs de neige, et les bergers prêts à l’accueil ressemblent à des chiens assis dans un traîneau qui braillent le souvenir des femmes infidèles sitôt qu’on referma le rideau de leurs vingt ans ;puis vient l’heure du mouton noir qui ne s’abandonne pas à la nuit, qui n’est pas un animal abusé par un grossier maître, sa soif venu, il se rassemble en un seul corps, va au comptoir, et s’imbibe d’une bière ouatée comme du chèvrefeuille, le meilleur moment étant toujours le dernier, lorsque l’éventail des ailes blanches du jour s’ouvre sur les étoffes, il va danser dans les herbes chamarrées où sa jeunesse lui adressait des filles,des primevères et des antiennes douloureuses…

Aux dates anniversaires, la nature est une combinaison de troubles qui se signent par la douceur, le confort en relief des abandons parallèles, et nos équilibres sont ceux de ces coureurs de fond qui n’atteindront pas la laine blanche, qui auraient voulu cultiver un jardin de pierres un œillet à la boutonnière. Pour nous planquer de notre âge, nous faisons de rébus et croisons des mots sur des croches horizontales ,là où s’étaient posées des paroles d’amoureuse, qui nous rapportaient de leurs voyages des saris et des sarriettes, des paniers odorants pleins de fruits au nom délicat, elles évoquaient aussi des villes portuaires, où un ciel bas s’agitait ,prononçant des orages aussi lumineux que nos anciennes nuits, quand les cailloux frottés les unes contre les autres étaient des embrasements de colères et de baisers.