Au jour le jour - 33


Quand l’Eros ratiocine, Simon s’étire ,soupire et rit. Rita attire alors les rats sur son radeau, et tous deux s’apitoient sur le sort des souriceaux. Simon mal nommé défend qu’on le sermonne, puis las, taré et tari se défait sur les lames du canot.
Niquedouille et lubilis bistouraient leurs oscilleux complexes. Il arriva qu'un jour, cramolet et négrotif s’enfuirent de leurs blizures, lubilis l’apprit ,c’était une bazaine méditative pour un frontain sans géluvin, puis tous de ligurner les overnons pour des retrouveuilles de fixité.


Jadis, Jonas ventru comme un cachalot fit preuve d’humanisme et de philanthropie à l’égard du peuple qui l’opprima. Il voulut se redresser à tort, combattre les plus forts, aller aux abords, délester des corps. Mal lui en prit, les hommes sont des ajouts à la ribambelle des hommes, et tous de se confiner dans la propension à la baston, Jonas prit son manteau et femme, puis quitta ce peuple de ladres qui gagnait trop sur lui en vocabulaire et en grammaire.


Le dernier témoin se fout éperdument de l’air qu’il respire avant d’aller à l’échafaud, comme un rat pris dans les rets sans l’idée du rat et de la nacelle. A ce témoin qui me ressemble, je dis qu’il faut garder la faculté d’oublier, autrement dit être aussi irréprochable qu’un néologisme sorti da la bouche d’un égosilleur qui pond des schismes et des textes à teneur de rançon.


Dans rien il y a le verbe nier, et ce qui est niable est aussi indéniable, je dis ceci afin que l’on cesse de me résumer ,de me heurter, de m’enquiquiner, de jacter à mes dépens, de me faire gerber ou rougir, chialer, éructer avec ces putains de mots en activité comme des cancrelats sur un parterre de pédoncules.



Je lui lis un texte écrit en gros caractère que j’ai pris au lasso et qui se débinait. Ce texte, je le retrouve plus tard déguisé et malpropre comme un chérubin de plus d’un quintal qui a la figure de David Lynch lorsqu’il est en rogne, et de le dire proprement avec le bon accent américain et des tonalités de patibulaire.

Un seul signe autrefois
Le son venait de lui
Mot lucide de qui
L’espoir venait à vivre
Pour avoir tant sauté
Sur religion à suivre
Quand du stère il lit vert
Et reste planté d’envie
Le vit Serge le veut
Un label d’aujourd’hui
Va-t-il nous faire biner
Avec un bout de cuivre
Ce cal dur bien dressé
Qui monte comme un chibre
Vers le ciel verglacé
Du vol qu’il établit.
Tout alcool le secoue
D’une blanche allergie
Par la place infligée
De l’oiseau qui du nid
A son honneur en vol
Et son ramage au lit
Fantôme qui à cent lieues
Du pur état le signe
Il s’enroule et se glisse
Par sang froid et mépris
Puis meurt parmi les signes
Inutile comme impie.

Sexe étroit, fourreau qui porte nom de drame, avec le lent mercure des flèches superposées, sexe commun comme une rouge pivoine, à faire éternuer, poison silencieux, ouvert tel une bogue aux doigts gourds du pirate, quand les langues se dénouent et parlent impunément avec l’accent des filles légères qui s’affirment et le crient.
Souvent nous passons de frontières, nous humilions des femmes déjà meurtries par nos accents et nos désaccords, nous accrochons nos âmes aux fables qu’elles dépecèrent de leur identité, nous avalons l’ombre où nos béances cachaient nos pauvres saintetés, nos misères orphelines, nous fêtons nos anciens crimes, nos enfants qui vont dans le monde pour y broyer les fausses couleurs du jour et du temps, puis nous nous faisons immondes dans un nouveau pays que la mort n’a pas rendu à ses sauvetages.

Ecrire, crier, cirer des pompes, être pompette, faire dans le funèbre, brunir et racornir de pages, ouater des fronts, foncer les sourcils ,sur ce écrire à nouveau, gerber du jonc, jouer au parjure, récrier, dire des mensonges, y rêver, palindromes et calembredaines, se reprendre, pardonner ,se prendre au fausses notes se méprendre à nouveau, écrire pour crier, sans tous ,sans eux, dans sa solitude extrême ,écrire, saper du mot, peser le sens, passer par lui, puis couler une bielle, se faire de la bile ,se lire et se relire, changer de rôle, risquer de la grammaire, des notes et des pièges, recourir à ce vocabulaire comme à un animal adressé ne pas toucher aux tomes, vouloir atteindre des sommets, se mettre en boule, traîner, traînailler, mériter un autre idiome, s’oindre les mains pour écrire et réécrire, puis sortir de soi pour connaître le monde et l’ignorer davantage.


A « Quelquefois » ajouter « Rarement » et tous les dons que l’on veut faire sans tenir de compte avec la promesse d’y mettre un peu de veine. A vingt ans je tiens déjà à ne pas faire affaire avec l’homme, c’est ainsi que je réponds au nom de lâche pour certains, et au nom de congédié pour d’autres.


Avec tous ses calculs, la vie nous étreint et nous entraîne dans une sale grogne du côté de la misanthropie. Il faut à mon avis refuser de se baguer, de voir l’honneur comme une médaille plaquée sur sa poitrine, et des milliers de morts dans le grand dortoir et foutoir du monde pour s’endormir de tout et de tous du sommeil de ceux qui ne sont pas embarrassées quand ils vont aux offices.
 
Ce qui est immédiat n’a pas la part de mystère de Marguerite Duras quand elle ne parle pas. J’avoue donc ne me soucier du rapport « Feuille glossaire » qu’en de très grandes occasions, comme lorsqu’on mélange couleur et odeur sur une toile et qu’il en ressort une figure de Bellmer, c'est-à-dire une femme nue toute entortillée et qui aux enchères peut atteindre la somme de cent mille francs sans la commission.
 
Je demandai à l’arbre :que me donnerais tu pour une de mes saisons, l’arbre répondit :je te donnerai mes feuilles ,des branches et l’ombre qui t’échoit ?


Je demandai à l’animal :que me donnerais tu pour une de mes idées, et l’animal répondit :je te donnerai une posture d’homme avec les mots de la bête.


 
Le poison initie à l’amour si on ne le trouble pas avec du poison. Aussi afin que tout chemin mène à la droiture il ne faut pas en parler avec gaucherie, mais raisonnablement comme dans le sens de s’allonger pour de l’amour qui ne soit pas vain, avec des arguments qui rendent le contenu du chagrin assuré d’incohérence et de malignité, comme l’est parfois Pia Colombo lorsqu’elle chante en anglais et que nous ne comprenons rien.
 

La nuit qui me semble être un puits sans fond n’effraye pas le muletier. Le temps qui lui est compté somnole en se traînant dans les forges où Vulcain étincelle avec son attirail d’artillerie lourde, là où des chevaux fantasques s’immobilisent dans des cours intérieures. Si mon corps ne m’apparaissait pas aussi grotesque j’irais travailler à ses côtés pour construire des murs d’airain que les cavaliers ne pourraient franchir qu’en sachant épeler le mot « Hermaphrodite »sans se tromper.
 
L’image qui aggrave le scrupule s’appelle un cliché. Le cliché n’a pas de sentiment et ronge jusqu’à la moelle les mots qu’on retrouve en soi lorsqu’on s’est cousu les paupières. C’est en cela aussi que le cliché est un charognard borgne qui schlingue selon que l’on se veuille embaumeur ou poinçonneur de lilas.


Dieu n’agit que pour ceux qui travaillent à l’ascension, c’est un vaudevilliste qui habite à la campagne ,n’attend aucune visite, s’est mis de l’ouate dans les oreilles pour ne pas entendre le bruit du monde et des panoramas de la discorde, ne veut pas qu’on l’appelle au téléphone ou le hèle dans un porte-voix. Aussi à chaque fois que je murmure son nom, une angoisse me vient, comme si j’avais la charge de le tendre ou de le détendre, et ça il l’ignore …
 
L’enfer comme une proximité des meilleures cachettes est tantôt à droite ,tantôt à gauche, selon les endroits où l’on se couvre de lin ou de laine. Cette singularité s’applique aussi au paradis, dont on dit que c’est un jardin où l’on rencontre de sales types en jeep, et de jolies femmes sur des tricycles, et où s’endorment parfois Paul Verlaine et Arthur Rimbaud quand ils se sont enivrés de vocabulaire et foutus de gnons sur la tronche après des absinthes mal ingérées.




Ce que je n’ai pas encore dit, je le tairai, je me dois d’attendre que le sel et le gel se déchargent de ma langue pour parler adroitement de toutes les douleurs et couleurs qui mènent à la réflexion. C’est en cela que je considère que toute opinion sent mauvais et vaut tout projet qui l’accompagne avec la malséance de ceux qui se replient sans avoir cracher dans un bénitier.
 
Puanteur oblige, l’excès de fiel s’accompagne d’un excès de paroles, avec des odeurs et des relents de fientes pris aux oiseaux du ciel que des dieux ventripotents ont lâché pour annoncer aux hommes qu’ils vivent couchés, à eux se sont jointes aussi des canéphores pour des ivresses ,des poses et des proses redoutables avec leurs ressorts de cuivre et d’airain.