Au jour le jour - 25



L’enfance idiote du voyageur
Patenté pas frileux
Avec ses renaissances et ses armes
Le désir violent qu’il berce
Pour toutes ces femmes anémiées
Le voilà moins chaud
Dévasté
Presque cérébral
Avec ses scarabées de nœuds
Ses lèvres
Vers la paix orientées
Comme une luciole
Sur un fruit gras
Moi qui vais mal ouvert
Au-delà des îles
De ces orbes absolues
Que je traverse en songe
Je ne vois plus de cette enfance
Que le veuvage d’une mère
Ses crépuscules
Sa terreur tumultueuse
D’avoir été une femme
Dans le frisson d’une autre terre.

Comme il est bon
D’avoir rougi sa mémoire
Ses façons de chien couchant
De s’être débattu
Aux ventres des murènes
Importées dans nos sommeils
Par les craquements de la mer.


Comme il est bon
D’avoir dégluti savouré
Ces filles perpétuelles
De s’être immiscer
Dans nos noces
Notre sang incongru
D’avoir avalé leurs couleuvres
De n’avoir pas été regardant
Parfois obscène
D’autres salutaire
Comme il est bon de s’être liquéfier
Pour une liquidation
Cette coulaison à pic sous les yeux d’une
Qui ne s’est pas étourdie
De nos ivrogneries
Comme il est bon
De voir dans cet homme
Suspensif et allongé
Ce même qui lève en moi
Un territoire et le partir.


Si dans ces chers travaux
Mouroirs de toute chose
Résineux obscurcis
Avec l’homme pour le passage
Si dans ces chers travaux
Nous retrouvions nos familles
Les latrines de l’être
Nos verres vides
Et l’existence à relier
Tout ce qui persiste
En nauséeuses inerties
Qui nous déroute aussi
La force des résolutions
Les saisons à traverser
Les orages avec leurs cotres
Alors confondus
Debout c’est clair debout
Mais patentés
Nous resterions intacts
D’avoirs été si clos.


J’irai
C’est bref mais j’irai
Je franchirai les ombres
Tous les degrés de l’air
Ces corps qui se révèlent
J’irai
Avec ma mémoire ténue
Avec mes soupirs et mes pauses
Avec la pâleur pour me sauver
J’irai
C’est bref mais j’irai
Avec mon ennui conjuré
Ma peur et mes lâchetés
Rougi d’anciennes prières
Par ce qui me rompait aussi
Me corrompait
J’irai
Jusqu’à éteindre
Mon visage et mon âme
Vers ce visible atteint
Pour des noces de pierres.


Aux souples acidités des jeunesses infécondes
Nous sommes la lumière contaminée
L’esprit sans besoin
La besogne rugueuse
Des fixes papautés
L’habitude
Notre nef sans présent
Navigue dans des éthers
Avec leurs chiens couchés
Aux contreforts des villes
Vois ce qui libère
La logique incessante
Le temps passé à se recoudre
Avec nos gueuses élémentaires
Quand à chaque saison
Un infirme
Pour se détourner de vivre
S’absout avec ses prières ignorées à nos hautes faiblesses.