Au jour le jour - 19
La façon qu’a la pince de dégrossir les pierres froides garantes de toutes nos contrefaçons est d’une complexité exemplaire j’ai vu dans ses mâchoires rouler des graminées du béton armé du laiton du cuivre de l’airain plus ancien que tous nos souvenirs en prosodies de comptines savoureuses des années de puanteur tout ce qui commence par de la charité et finit au point le plus bas de nos efforts objet de convoitise la pince est à elle seule un musée plein de minuties de renforts de gestes augustes de perfections une gloire certaine lui est venue avec les âges et quoi qu’elle mette en pièces quelque motif qu’elle ait de mordre ou de désobéir elle reste toujours une virtualité de faiseuse de poinçons je vous laisse à penser sur la féminité de ses courbes...
Si je me conduisais comme un rétiaire sans noblesse un sicaire sans dépit un diable sans ses serments j’aurais mon instinct bafoué j’aurais à le porter dans une autre religion dans cette escarmouche où aucun ennemi n' est en vue m’est venue l’idée que si je m’emportais moins me portais plus loin peut être aurais je gardé dans le regard cette façon qu’ont certains de voir ceux qui marchent qui oublient qu’ils sont des hommes d’empoignades de saignements et qu’à nouveau mes yeux embrasés observeraient ce qui leur est adressé exposé rien ne m’est apparu neuf depuis et de toutes les magies de tous les sortilèges de tous les océans de larmes de neiges symbole d’un monde qui se mine en s’animant je garde la froide monotonie puisse l’existence me proposer un nouvel accident afin que j’y figure moins infâme que tous ces adultes gâtés…
Mon dernier amour ressemble à un chiasme singulière figure du dédoublement à bien le regarder c’est heurté insane sot ridicule misérable altier asservi sensuel qu’il est encore aujourd’hui et dans ce lointain repos où il aime mange dort dorlote d’autres que moi tout lui reste savoureux délicat comme plus rien ne me convient je mets mon corps dans les mains de ces filles qui n’en sont pas jalouses belles rotondités exquises énergies qui ont peut être le défaut de parler moins que moi rien ne me dit que cela vaille et pourtant je le fais je fouille dans leur ventre leur mémoire leur lèche les babines déroulent en elles mes dimanches fuselés que je ne veux plus entretenir elles elles me tapent sur le système la queue posent leur langue là où il faut aux beaux endroits de ma vie et de mon anatomie je regarde alors vers demain plein de honte de désarroi je vais me desserrer d’elles pour ne pas finir entier…
L’obscur été
Avec ses chiens assis
Le brasier
Autant dire la menace
Le voici
Plus émouvant encore
De la treille au grenier
Chaque aube
Chaque roue
Tous les marbres
Avec leurs recours
L’élèvent au ponant
Avec l’ennui traîné
Avec l’émoi tracé
Avec l’amour qui s’apaise
La livrée
L’endormie
Avec la main
Où grandit la réponse
Avec ce qu’il faut nommer
Avec ce qu’il faut taire
Voici l’obscur été
Qui me trouble et me troue.
Si pour la plus haute des solitudes
Le garrot qu’on desserre
Les yeux en amande
De l’effroyable reine
Nous nous convertissions
Avec notre sangNos profondeurs
Les plaies aux commissures
Voir serait notre unité
Alors déhalés
Au repos
Couchés sur les ponts
Dans les temples
Les cagibis
Nous victimes imposées
Serpents aux gorges lentes
Nous répondrions
A ce chaos aux coutelas
Aux discours
Aux étranglements
Dans l’hiver
Avec son mitan
Et ses sables.
Parole je t’ai nouée
A l’image à mes vitesses
De vivre d’exister
Au feu à mes peurs
Comme pour des os glacés
Pour le temps
Dit avec des yeux morts
Je t’ai mêlé
A mes décharges
A mes ocres mélanges
Je t’ai imposée
Comme la taille la plus nobl
Comme un sacre
Un délit une errance
Mais voilà que tout s’altère
Les mots et les contours
Que des éclaboussures
Témoignent du partir
Que les atomes
De ta fragile existence
Ne vont plus à la mienne.
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