Aphorismes

Aphorismes 18

L’amour suscite un écœurant tournis, entre l’éternité et l’écume, deux des formes impures de notre besoin de superposer Dieu et le temps ;Dieu dans le déroulement infini de nos larmes, qui adjoignent des étoiles au tapis des prières, le temps pour s’y user en usurpations. 

Dans la perfection et la lumière glauque des cathédrales, il me semble qu’être vivant, c’est détourner de la vulgarité de tous les lieux où l’homme prie et s’arrange avec ses morts. 

La souffrance est une intimité qui échappe à toutes les restrictions posologiques et recouvre notre lucidité, jusque dans le désir de rester dans l’ivresse d’un devenir embaumé de dégoût. 

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Aphorismes 17

L’ennui a été mon moteur, j’y ai concilié toutes les banalités de l’amour et de la religion, de l’art et de ses subterfuges ;c’est ainsi que de la fatigue m’est venue ;tombe idéale, pour absorber ma paix et mes déveines..

Dans l’hypothétique dessein de me conduire comme un homme avoué, j’ai eu cette clairvoyance qui atteste du cadavre que je suis, et qui subit le temps comme la plus monstrueuse des réflexions. 

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Aphorismes 16

Nombre de ratés ont cela de louable qu’ils valent par leur notabilité.


Le bruit qu’efface la douleur s’efface plus aisément quand on peut la nommer.


J’ai conçu ma vie comme un sommeil décalé, et il est probable que ma fatigue compose avec lui.

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Aphorismes 15

Il y a des jours où je ne distingue pas la douleur organique de la douleur cérébrale ;toute émotion est une sanie de cette chair immobile et affectée, et toute affection la preuve d’une invalidante déliquescence ;et quel charme particulier, voluptueux en émane, comme si je marchais sous un soleil automnal dans les allées blanchies d’un cimetière.


L’ amour est la sensation d’un corps justifié, le nôtre, et nous y côtoyons l’ange et le démon, dans les transes brutales d’un cœur vierge de sa matière primaire.


Quel qu’ait été mon emplacement, entre la passion et cette humeur nourrie des pornographies de la parole, j’ai cherché dans ce mélange à ne rien compromettre qui ne fût l’expression de leurs insupportables nuances.


Comme tout est incertitude, vers quelle forme d’intérêt organique pouvons nous tourner nos êtres, et qui ne rencontre pas la faiblesse des mécanismes de la matière ?


Parfois je me sens plus poche d’un sicaire que d’un curé, Dieu a-t-il mis de la grandeur dans l’un et de l’ennui dans l’autre, ou s’est –il rapproché de chacun pour une étrenne ou une éternité ?


Nous nous agitons tant et tant comme des insectes douloureux sur une charogne, aveugles et implacables, jusqu’à souiller chaque pli, chaque ossature que la terre réclame comme une obole à ses transparences.

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Aphorismes 14

Nulle part ailleurs que dans ma chambre, quand j’ai accompli le désastre de veiller, je sens que la matière même de l’existence n’a de charnelle que la douleur.


Dans les yeux des femmes, quelque indicible évidence, mais qui nous survient ,nous laisse à croire que seule notre souffrance est lyrique.


Il me semble que j’ai plus d’esprit dans l’alcool, et que débarrassé de l’inconfort de la parole, je m’oriente autant dans la prière que dans l’insulte.


Paradoxe de ma santé, elle fait d’un été nauséeux un lieu de sévère inspiration, et de l’hiver une porte sur le souvenir.


Quel dommage que dans les bistrots on ne serve pas de l’ennui et de l’approximation !


La maladie, il faut la ressentir comme une embellie de la lucidité.


Sur tous les territoires où j’ai posé le pied j’ai eu la sensation de décliner ,de me décliner, la sensation que des épines crevassaient mon front et ma voûte plantaire.


L’homme est, et restera un absolu de désaccords.

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