6 - Aphorismes

Cette écoeurante apparence que prend le mot,quand il est dans la plèbe,la fièvre,chargé comme un onagre de paille,qui le rendrait presque essentiel si nous avions à parler de lui et de lui seul.

Je me suis employé à ne considérer l'existence que comme un vaste boudoir,avec une causeuse en son mitan,pour tout discréditer de la vie et de ses alentours.

La modestie ne serait elle pas comme un chagrin à rebours,qui nous aurait fait fielleux si nous y avions pensé.

Cet appétit de l'écroulement et de l'écoulement, on le retrouve chez tous ceux qui dans l'impasse de devenir veulent franchir des barricades sans y avoir posé un seul pavé .

On est carrément isocèle,parallèle,lorsqu'on est à côté de Dieu,que l'on prie,ou que l'on ne prie pas.

Tous ces possibles nous mettent sur la piste d'une existence dont nous aurions cure sans ceux ci.

Je passe mon temps à voir que de l'obscur en tout lieu et en toute chose que mes toiles ne s'irisent que du noir le plus absolu .

Je désapprouve l'homme jusqu'à ses amnisties,commises toujours trop tard,alors qu'il eût fallu s'immiscer dans un individu plus actuel que tout ce qu'il entreprit en n'y réfléchissant pas.

L'ange ne serait-t-il pas la conception muette,d'avant le début de nos médiocrités?

Cette coéxistence du sang et de nos humeurs,corrompue sitôt que nous nous mettons dans la parole,me semble une idée juste du définitif.

Les fins,toutes les fins sont.réciproques et homothétiques .

Cette existence qui se construit sur du vulgaire et des voltes faces,si elle savait combien elle rejoint en nous notre sang et nos humeurs,se contenterait,du plus petit des recoins pour s'y épancher à la façon de ces mater dolorosa qu'on aurait payé en monnaie de singe .

Dans toutes nos disgrâces et pour la plupart originelles, un dieu et un charlatan font dans le commerce,de nous couvrir ou de nous découvrir selon les circonstances .

Seul parmi le négatif de toutes les amours vertigineuses,avec pour m'identifier,la plus haute forme du chagrin,la prière,la prière et rien d'autre.

Parfois dans les contours du soir,l'amour a des relents de pouffiasserie.

Nulle part ailleurs qu'en moi je ne trouve rassemblés toutes ces tares qui me font portefaix.

S'engourdir dans un futur où la feinte serait monstrueuse,les divinités muettes et l'orgueil démesuré.

Même l'idée du suicide ne m'aura pas dispensé de toutes les médiocrités inhérentes à l'abcès d'être.

Puis par la suite me vint une misère de l'imaginaire,que je déclinais,idiot assujetti au métier de vivre,en des permissions sans reliefs.

Dangereuse générosité que celle qui est dans la forme indolore du Faire.

Combien je colle à de la dispense et à de la distance.

Toutes mes vitalités m'ont amené au pire,tant elles tenaient d'un surmenage artificiel,d'un clapotis de surin dans un fourreau de fer.

Morne saison,il faut que je m'éveille d'une autre tristesse qui ne soit pas un soliloque avec Dieu.

Le Beau est la forme révoquée d'un pardon,d'une générosité,que nous n'aurions jamais connue si nous avions bien été accompagné.ou mis sur la piste d'un Dieu sans avantages.

Silence:prélude à de la sainteté.

Dieu serait une sensation,que je ne l'aurais pas vertigineuse.

Toujours et partout,dans mes crépuscules,du foutre,de la sanie,du souffre et de la solitude,comme dessous un gibet.

De toutes les formes qu'a prise ma tristesse,je retiens celle où j'étais si désolé qu'il me semblait que je posai mon pas sur le gravier d'un cimetière,quelques degrés sous l'Etre .

Déçu de n'avoir pas saigné plus dignement,de m'être élevé vers de plus nobles désespoirs.

Vivre tourne toujours au vulgaire sitôt que je m'en approche,combien l'expérience de tous ces vains élans m'a poussé dans de l'irréfléchi,dans l'impétueux besoin d'y substituer mon ignorance et mes poisons, par de la prière et du jeûne.

Dans cette chambre où toute idée funeste s'évacue par les tuyauteries nauséeuses du cerveau,rien qui ne pousse à m'accomplir,ou à accomplir,je m'endors dans la lassitude d'un bourreau à domicile,suspendu à ses propres esses,sans qu'il ait eu à lorgner du côté des cadavres .

Manquent à mes efforts des bras pour me soutenir,de la parole pour de l'entretien.

Ma mélancolie reste mon éclairage et mon éclaircissement,et ceci jusqu'au vertige de ne rien faire proprement,qui ne soit pas d'abord passé par les recoins les plus sombres de mes ergastules .

Je n'ai rien commis qui vaut la peine qu'on le retienne,reste au fond de moi cette terreur de l'inaccomplissement,et me viennent en idées vagues tout ce qui submergera ce que j'ai fomenté,tout ce qui a fermenté dans le cerveau d'un étourdi,pris dans du désastre et ses vomissements.

De quelque côté que l'on prenne l'Histoire rien que du tranchant et de la nécessité.

Vivre vire toujours au vulgaire sitôt que je m'en approche, combien l'expérience de ces vains élans m'a poussée dans l'impérieux besoin d'y substituer mes poisons et mon ignorance.

Dans cette vaste ténèbre, chambre où la pensée s'évacue par les transits du cerveau, rien qui ne me pousse à accomplir; je m'endors aussi fatigué que si j'avais lorgné du côté des cadavres.

Tout ce qui se prête au vulgaire ne se tient pas droit.

Je me suis voué à ne rien considérer de beau, l'Enfer est à ce prix.

Inutile d'insister, je n'en démordrai pas, la vie ne se tient pas du bon côté de la matière.

Sans sérieux, qu'irait-on exagérer!!!

Mes arguments pour la vie ont été si vains, que toutes mes tentations ont pris la tournure d'un enfer caractérisé par mes négligences.

Rien que je n'ai voulu beau, et qui ne l'ait été, je cherche la version d'un idéal plus grotesque encore, pour pousser mon désenchantement jusqu'au vulgaire.

Il ne faut rien concevoir en dehors de soi qui n'ait été aussitôt affranchi dans le crépuscule d'Etre.

Qu'est-ce qui en dehors de l'idée peut se débattre et se dissoudre aussi vite que l'illusion, si ce n'est pouvoir se racheter en n'étant pas.

Ma vie est une somme de dissolutions, je n'ai été vertical que pour du vertige.

Cette terreur d'être fut-on caressé par des mains d'ange.

Toutes les musiques que j'ai exagérées, je les ai arrachées au néant, de celui que fuit les hommes, comme s'ils avaient eu à marcher parmi des cadavres.

Je soupçonne la matière de vouloir rester inégalée.

Sans Dieu tout est vertige et Dieu vertige suprême.

L'Amour serait une des formes de distraction du coeur que j'en resterais éloigné.

Etre coïncide avec ce vide où je heurte tout un monde atteint de cécité.

La vie patauge dans les marches funèbres de l'Amour.

Nous n'avons rien inventé de mieux que la solitude, tout en poussant l'ignominie à vouloir tout faire ensemble.

L'Amour succédané de la mort, ne sert qu'à envoyer des fleurs avant les couronnes.

Etre, c'est être douloureux et rien d'autre, le reste sert aux économies ou à l'inconsolation.

Sourire, rire, marcher, quand tous les pas que je fais, je les fais sur les graviers d'un cimetière!

Combien faut-il exagérer de sentiments pour pousser cette ignominie jusqu'au paraître!

De quelle ivresse sans vitalité pourrais-je justifier sans passer par ces inavouables instants où j'ai dégueulé sur Dieu.

De même que la chair ne m'a pas satisfait, toutes les pensées où ma tristesse a bâti des utopies ont été des devenirs muets, des mélanges de mépris et d'individualisme.

Je crois que c'est dans l'Ultime qu'on ne peut plus se tromper.

L'Homme s'est voué à la folie du mécontentement, il en mourra effaré par ses nuances et ses détours.

Combien de fois ais-je attenté à mes jours et attesté que rien ne viendrait plus me fortifier pour me donner le réflexe d'aimer.

A chaque fois que je proclame que la vie ne vaut pas la peine d'être vécue, une autre peine naît qui se fortifie de la première.

Tout doit résonner et nous rendre raisonnable,dussions nous descendre jusqu'à nos os,pour par la suite prolonger le désastre de nos naissances.

L'existence a levé en moi des milliers de déceptions,fussent elles insignifiantes j'en ai gardé la teneur,me reste à présent tout ce que mon cerveau n'a pas consenti à rendre vulgaire,c'est à dire celles où j'étais dans l'indélicatesse de tous les compromis,voire de celui d'être.

Dans les bistros où je me suis tant affalé,combien de vies insignifiantes,combien je les ai aimées,combien elles avaient valeur d'absolu tant j'y voyais le degré même du mot,quant à la vulgarité des épanchements,ce ne fût que le désastre des renaissances que l'alcool bouffissaient jusqu'aux latrines .

Aucune de mes identités ne m'a conduit en dehors de l'incertitude de devenir,je cherche encore dans cette lucidité ce qui me dégoûterait,en dehors de la musique et des mots,à me commettre en agitations de singe adéquat,qui ne prendra pas la parole de peur d'entrer dans le grand foutoir et dortoir des hommes qui ne se taisent pas.

L'indécence des hommes m'est toujours apparue comme un semblant de couverture et de planque,une réserve d'où ils ne sortent que pour montrer la matière même de leurs douleurs,qui est une dissonnance,le suprême désenchantement,de tous ceux qui sont en le sachant .

Mon accord d'avec les hommes je le découvre lors des enterrements.

Face à tout ce qui m'est intolérable,je me vois dans la peau d'un débourreur suintant de lumière,chien auréolé,couvert de tristesse et de honte,et qui s'endort dans ses déficiences comme autant de ses tares.

Dix milliards de mes années de paradoxes ne valent pas une seule de vos journées de tentations.

Dans mes moments de sérénité,je regarde les hommes de face,je comprends alors pourquoi ils sont restés aveugles.

D'où me viennent ces attentions,celles que je porte à l'homme,sinon de celle plus spontanée que j'ai à mon égard et qui m'arrive d'une schizophrénie imprononçable,sinon de Dieu qui émerge en chacun de mes gestes,mais me pousse de dégringolades en glissements.

Un raté de la solitude,mais un raté malgré tout,et qui se clot sur lui même,qui s'enferme dans ses abjectes profondeurs,de peur d'avoir à vivre,à respirer en surface,ces réflexes dont il ne peut expier.

Lorsque tout devient sourd et muet,quelle attention plus indue la mienne vaut par son insupportabilité.

Quand on s'est sa vie durant égaré dans le n'importe quoi des devenirs,toute douleur,toute inconsolation ne sont que les revers d'une manoeuvre de bifurcartion.

Ma vie n'aura été qu'un témoignage entre de l'abattement,l'ivresse de cet abattement,la fatigue,celle de la nommer,davantage encore celle de la taire.

En quoi le dilettantisme diffère t il de la nonchalance,si ce n'est de par cette intimité qui fixe des soupirs sur tous les accrochages et de la pause dans tous les inconforts.

Tant de prétextes à entrer dans la maladie d'être,quand les mots semblent des anges déchus de leur définition,et que de leurs plumes débarrassées naissent de la métaphore et de l'allégorie.

Né pressé,dans une urgence à dire,que d'entrain pourtant qui ne fait que m'envenimer,et ma planquer parmi les strates et stratagèmes.

Dépassé par tout ce qui de l'homme prête à la perfection,j'ai mesuré combien je suis né vide,et combien tous les soporifiques dont j'ai usés n'étaient que les ersatz d'un silence propre à mon dégoût de l'humain.

J'oscille dans le clair obscur de ces illusions,comme le long des berges boueuses,où de sottes divinités m'inclinent à la prière.

X.L'éloquence et l'élégance morveuses d'un menteur assermenté.

Vivre est il de l'ordre de l'effort,et si oui,a t on à le porter sur les estrades et les podiums?

Déréglé,dérangé,mais pas encore perdu,je tire vers le bas toutes mes intentions,et prête des vitalités à mon ceinturon.

Tout, un jour ou l'autre se réduit à la mort,et bien que nous le sachions,combien de nos souffrances nous ne taisons pas,pour les porter sur le canapé des psychanalystes,en nous ouvrant de façon écoeurante et ostentatoire.

Parce que j'ai eu trop tôt des sensations de rejet que j'ai projetées jusque dans mon sang et mes os,j'ai l'air d'un type accablé de vertiges et d'indiscernement .

Les douleurs trop tardives arrivées dans l'âge d'homme ressemblent à des gesticulations de singe derrière les barbelés d'un cirque itinérant.

La croyance c'est l'escroquerie du sang, c'est le vertige que procure l'encensoir.

Vieux dès mon plus jeune âge parce que je n'ai pas voulu de verticalité,ma révolte tient d'une ristourne,d'une étourderie,j'enjoins ma mémoire de s'adonner à des images de nomadisme,d'errement,je vais dormir loin du monde d'un sommeil plus profond que cet enfer à mon goût .

La nostalgie et le souvenir ont cela en parité,qu'ils arrivent toujours par là où il y a le plus de place à recouvrir.

Certains mettent tant l'accent sur leurs fatuités,que devant moi n'apparaissent plus que des transfigurations.

Dans la musique rien qui ne se fourvoye,si ce n'est Dieu, qui passe par les motets et les homélies pour finir dans les culs de basse fosse de nos cerveaux.