Aphorismes 225

J’occupe une tiédeur détrempée.


Au-delà de cette calomnie que tous les plaidoyers n’ont pu effacer, entre autre celle de la naissance, il n’y a rien qui vaille la peine d’être regardé avec les yeux d’un soûlographe.

Je négocie avec moi-même, Dieu parfois intervient et me glisse un missel dans les mains pour me guider dans mes marches forcées.

Il me semble que nous ne faisons plus que dans le commerce, commerce du sentiment, commerce du réel, commerce des origines, et qu’il serait plus aisé de se promener avec des prescriptions sur notre front, ou dans nos paumes, selon les circonstances.


L'homme concorde à ses mouvances, son néant est toujours devant lui, et de peur de s'y rompre, il y réfléchit comme à une définition.

A l'origine de ma vanité, la lecture des mystiques, et une piqûre de Dieu.

Je vomis sur tous ces héros qui ont les suffisances de nos proximités.

Ce que je fais ici, nul doute que je ne le referai par ailleurs, alors autant le faire et m'y perdre.

Le désastre d'être est un état de cette matière où Dieu s'est arrêté, pour contempler le désastre de l'Etre.

Est effroyable tout ce qui est lié à la sexualité, et puis est regardé avec les yeux du désir ou celui du chagrin.

Convaincus que nulle par ailleurs qu'en eux, tant de systèmes se soient éteints, les hommes ont sans cesse cherché dans cet univers où chaque son évoque un élément de leur pensée, à se soustraire de celle-ci, pour d'autres révélations.

Au paroxysme de mes élucubrations, le ciel et le terre sont des enfers de reproches, des enfers de prétextes et de fainéantises.

L' homme, sans l'avoir demandé, est cette grandeur qui m'écoeure, comme si j'avais eu à en distinguer d'autres.

Plus je sombre, moins je me rassemble; je cherche dans la forme spontanée de l'existence, où est cette part de moi qui ne s'est déliée, ni trompée.

Et si l'Eternité s'était emballée dans notre sang.


C'est encore dans le suicide que l'amour m'apparaît comme le seul sentiment avouable qui aurait pu aboutir en tous lieux, voire sur l'objet même de mes déficiences.


Dans cette agonie où je m'applique à voir en chaque douleur  les gestes que j'ai déplacés malgré moi, aurais-je encore assez d'attention à porter ailleurs qu'en moi-même pour y résister.?


Qu'ai-je accompli d'inavouable qui m'ait conduit dans la soif de mourir, si ce n'est d'avoir voulu regarder chaque être comme cette part de moi-même qui suinte ou qui luit ?

Sous quelques latitudes que je sois, ma mélancolie (centre que je déplace) s'insinue en chaque objet et y déporte triomphalement mes anémies.

C'est assez de vivre tout contre le suicide, sans lui demander de cadrer avec notre face.

Perpendiculaire et parallèle à mes pensées, ma quantité de conscience se dirige aussitôt vers la mort ou le pire des entretiens.

Plus rien n'est respirable, j'use de l'artifice du survivre, pour organiser ce qu'il me reste de jours à errer et à composer avec toutes les retenues.

Comment éprouver ma lâcheté,si ce n'est en invariant,tout au long ce ce parcours,que mes sensations de traîtrise ont jalonné comme en un bourbier?

La vie n'est remarquée et remarquable que dans la fraude,et ces règles qu'on enfreint,pour entrer de plain-pieds dans une rigidité à haut risque.

Un exclusif de la façade,un pataugeur du dedans,et de l'intégrité,de l'intégrité pour des remous ou de la nausée.

Pressenti pour ne pas durer,tous mes suicides reportés n'ont été que de sombres humeurs,de sombres rumeurs aussi,la nostalgie de ceux ci parfois me happe encore,pour me marquer de ruptures et de vacillements.

Sans appui,sans assistance,inapte à m'étayer,ma quarantaine m'amène à des réflexions sur le secours,le recours que je n'ai su dispenser à personne et qui me pèsent comme de hautes révoltes.

Tant me sert d'être seul que je ne sais plus de quel côté me tourner,pour agrémenter ma vie,pour prier ou vomir.

Rien que je n'ai privilégié,et qui ne m'ait conduit dans le supplice ou la supplique.

Conçu pour un jour dévier,j'ai pris le goût de n'avoir ni maître,ni tuteur,et de ne ployer que sous la charge de mes propres discernements.

Mon impertinence est un sauf-conduit,ma nature est toute entière dans ce discrédit,ce Waterloo,je ne m'en accommode que pour rester à jour,à l'heure,l'heure d'être moi et sans équivoque.

Perdre son temps et ruminer sur cette perte.

La mort c'est du rattachement,le nouveau lien d'avec la matière.

J'ai pris le parti de la folie douce,pour décrier le miracle de me savoir sain,mais illusoirement.

Je hais l'Homme,et plus je m'interroge sur cette haine,plus je lui pardonne,plus j'ai hâte de m'en éloigner .

Un désert perpétuel,mais où il fait bon douter,mais honorablement.

Je hais l'homme ,et plus je m'interroge sur cette haine,plus je me hais moi même,voire davantage.

Mot après mot,passage après passage,gré après gré,de la rage,ou quelque chose de pire.

Comment désirer ce monde qui n’est plus dans mes lucidités et comment le fuir sans jouer contre lui ?

J’ai le regret du coté de cette femme qui fit l’effort de n’être pas ma terrible ennemie !

On meurt un peu plus chaque jour de n’avoir pas pu incarner le mensonge que nous sommes…

Mes nuits sont des matités où ma santé mentale livre ce que je ne sais plus voir, un corps qui va aux insomnies, et vers une écriture qui somme toute est préférable à nombre d’accidents…

Exercice d’interprétation de soi, on finit toujours dans la lassitude de ne pouvoir s’exporter…

Les bavards ont toujours un soleil ou un nuage devant eux, d’où l’ivresse de mal dire, sinon dans l’insincérité.

Ce que je dois à la vie est organique et rien d’autre.

Je suis un sceptique doublé d’un homme qui l’est tout autant, les deux font que je resterai dans un excès d’inactivité.

Le dégoût que j’ai des autres passe par mes glandes, autant que par l’Idée, c’est là qu’est le danger…