Aphorismes 224

Quelle déception que l’âge, quelle déception que la vie, quelle déception que d’être, rien que d’être.


Tous mes excès sont nés de sentiments sains, mais on dévié aussitôt vers le n’importe quoi du sérieux.


Si j’admets que la matière même de ce qui me compose est de l’ordre de la lise qui a pris l’option de m’engluer dans l’existence, quelle autre carrière que celle de boueux pus je mener?


Le risque serait de vivre essentiellement.


Et dire que ce qui m’a tant bouleversé n’était que ça, des amours d’après boire et leurs petites tirettes.


Qu’importe l’instinct lorsqu’on a quelque chose de diabolique à rendre idéal ou significatif.


Certains ont l’impérieux besoin d’être des empereurs infatués et qui se bornent tant pour reculer jusqu’au seuil de leur propre histoire, de leur propre rôle, jusqu’à l’isolement ou à la mort.


Toutes les occasions pour m’expliquer ne m’ayant pas été données, je me morfonds toujours dans cette vacance qui confine aux suspicions et aux regards obséquieux.


Lorsqu’on s’ennuie on se trimballe en soi et y retrouve la trace d’un individu qui n’a pas su espérer et s’endort anéanti à quelques mètres de lui-même…


Nous nous taisons parfois, intrus dans un univers de méthode qui ne veut rien savoir de cette ébriété à rebours…


Rien que de ennemis aux prénoms improbables, avec qui la réconciliation ne me rendrait ni exalté, ni décadent...


Couché, je suis dans l’excellence de cette résignation qui des millénaires durant a affecté l’homme pour qu’il ne réponde pas à la question…


A quoi aurait servi ma vie si je la rangeais dans le tiroirs des vies ratées, ravagées par l’ennui et la neurasthénie ?


De quel coté du monde me ranger ,si ce n’est de celui où je ne m’appesantirais pas sur mes saloperies ?


Comédie de la matière que cette vie qui, ne ménage pas ses effets et ses fanfreluches pour donner le vertige à son créateur…


Pour qui sait se taire , la parole n’est qu’une  élocution entrain de s’inféoder…


Je hais tout, et je vois que crever ne m’indisposerait pas si je pouvais y associer le monde…


Tout ce que j'ai considéré comme m'étant étranger, m'a un jour atteint par là où il y a suffisamment de place pour l'entendement.


Toute connaissance est illusoire dès lors que nous nous y adonnons pour d'infructueuses vertus publiques.


J'ai longtemps cru que l'univers tout entier, n'était que la réduction d'un Dieu qui cherche à évoluer, plein de rage et d'expansion.


S'il faut sans cesse se dépasser,je préfère rester en marge, et ma vie durant m'enfoncer dans la confusion de la réalité et du mensonge.


Les modernes de quelque utilité qu'ils soient nous enseignent comme d'antiques maîtres montés sur des estrades qui ressemblent à des échafauds.


Cette sensation presque humaine qui nous mène,nous dirige,que nous appelons le sentiment,le voici qui d'actes en acceptation de ceux ci,se substitue à l'idée d'un bien être qui ne passerait que par dessous nos ceintures.


L'art,une empathie instantanée,pour de la transfiguration.


Entretenez moi de choses dont vous vous entretenez lorsque je suis absent,me suis absenté,c'est à dire hors de moi.
L'enfer,une façon de voir de l'excès,de l'excessif,en tout point et toute chose.


Je vais et j'avance dans la vie en maudissant ce soleil qui fait réfléchir chaque étoile,les sélénistes,mais pas ces hommes obnubilés par d'autres éclaircissements.


Les imposteurs ont toujours d'excellents arguments.


Le chagrin a pour talent de tout rendre sacré ou satanément divin.


Toute tragédie devient populaire dès lors qu'elle s'inscrit dans l'opprobre du verbe.


J'ai accepté cette culpabilité qui me va comme un gant et à d'autres comme des mitaines.


De quelque conviction que l'on soit,nous ne pouvons qu'un jour en être débouté pour n'avoir pas su nous situer au bon endroit,au bon moment.Tout démon qui se donne en illusion de paraître est un mauvais démon.


Combien de puanteurs, de nausées, de crispations nous imposent ces musiques que nous trimballons comme des viatiques et qui ne sont que pourritures d'un esprit inavoué qui n'a su évolué en de justes places.


Dieu ne fait que son devoir,il survit.


Appréciez l'amour et appréciez autant les exquises sensations et suavités des puanteurs d'après la rose.


S'ennuyer in folio..


La vérité travaille dans l'ombre ,dans les antichambres où des valets assermentés lui cirent les pompes pour autant de marches funèbres que de glorieux combats.


La vie,c'est toujours mieux chez les autres.


Oblitérez Dieu et vous obtenez un sceau de discorde et de discernement.


J'ai plus de mots à rogner que d'humanité à chérir pour la porter vers les missels et les bréviaires.


Toute cette mémoire de soi qu'on voudrait effacer,qui nous affleure et nous effleure jusqu'aux égratignures,combien a t elle gardées de nuits où nous avons été réfractaires à nous mêmes,à nos dédoublements,et semblables à tous ceux qui n'ont n'en pas été dupes.


La vie en définitive n'est qu'un fragment de cette matière qui faute de trouver un lieu à sa mesure,s'est insinuée dans l'homme que pour mieux se défendre dans l'affirmation d'une anticipation qui aurait échouée.


Comment commenter la mort,si ce n'est en aphorismes,en prières,et n'en rien considérer d'autre que ce vocabulaire puisé dans les cantines de l'enfer.


Cette fin douloureuse, canonique est une excuse à ne pas vouloir trouver de la vie...

Combien de conversations sont des pagailles de cerveau,et combien leur inanité est de notre lot, sans que nous ayons pu en dire plus sur le cerveau lui même.


Cette grouilleuse légendaire qui illustre tous les biens fondés de l'Histoire,la voici qui me dessert en s'endormant par là où j'aurais voulu lui donner du sens..


Avoir des ailes comme un Icare ,oiseleur de son état,et se rapprocher des grottes où Vulcain étincelle.


Nos mots éprouvent nos morts.


Voyez comme il se gonfle,se gausse,enfle,de toutes parts,investi du dire,qui ne peut se débiner tant il se heurte déjà au palais,le mot merde ,qui sait si bien se foutre en boule et finir par un pugilat dans un caniveau.

Cette écoeurante apparence que prend le mot,quand il est dans la plèbe,la fièvre,chargé comme un onagre de paille,qui le rendrait presque essentiel si nous avions à parler de lui et de lui seul.


J’ai peur que terrifié par l’ennui, je ne finisse ma vie dans l’excès d’une misanthropie, où je punirai tout être qui ne se serait pas hypertrophié dans cette même déchéance.

Mes souvenirs s’éthèrent dans l’embrasement de ces nuits ou la lucidité me fait entrevoir ce qu’il y a de carrière dans une femme étendue et de crayeux sur son visage.

Mes agitations, des pulsations à la marche ,sont de curieux gestes apurés d’hostilité, et qui supportent mal l’oscillation d’un monde épris d’épreuves.

Dans ces heures où le repos est un intérieur incomplet et impalpable, mon sang exprime les promiscuités de tous les éléments qui m’affectent et m’obligent aux basses expériences de l’existence.

Quand je n’ai plus d’ennui ,je consomme de la religion, cette pénible remontée vers l’homme, sur des Golgothas dessinés entre les calvaires bleuis par les hostilités.

Mes agacements commencent par toutes les affections que j’aimerais porter vers les autres, et finissent dans la forme évoluée qui se détache de moi par l’excès des accords et des efforts consentis.

De tous les mondes colorés que je conçois dans mes rêveries, je retiens le nôtre pour la somme des pleurs qu’il m’oblige à verser dans la poussière des routes qui m’y mènent sans qu’elle se déverse dans mon sang.

Mes mouvements sont des ostentations de désespéré, qu’une douleur sans fond pousse vers les remparts et les rambardes.Tout ce qui est, s’abîme dans la méconnaissance de nos dilutions.

Au large de toutes mes nostalgies, j’erre en désolé, comme si je n’avais aucun indice pour me mettre sur la piste des veilles où je défeuilllais mes paniques.

Invasion d’un temps qui pèse dans mon corps, j’ai le sentiment qu’une substance abjecte me détourne de la bienveillance, et que ma sécurité cache une omniprésence de l’ennui.

Quand le ciel s’épaissit, et qu’à la lecture des nuages je devine les invasions de la pluie, je pose mon front contre la vitre, et tel un gisant, je ne pense à rien qui ne soit à égale distance de Dieu et de la mort.

Parfois des heures durant, je contrains ma conscience à s’établir dans un passé immédiat, où toute altérité traduisait l’incessant questionnement sur l’être et sur l’oubli.

Dans la fatigue je suis saisi d’une vigueur abstraite, soustraite au corps et qui multiplie mes soustractions d’âme.