Aphorismes 187

Quiconque vit, s’enchaîne, au comble de cette assertion réside le débat sur toutes les formes de la sujétion.

Un évènement c’est du temps en exercice.

Peu profond, jamais éclairé, je vis dans la perspective de ne me rallier ni aux hommes, ni à leurs idées, je suis mon seul régime, je suis seul à vouloir disparaître sans m’être arrêté sur rien, je n’ai compté que les révolutions des astres et des morts, rien d’autre !

Est précis tout ce qui nous empêche de penser en dehors des cercles, de tous les cercles .

Arrive un moment où tout mot pue le désarroi, la matière même de nos plus petites figures inventées paraît pitoyable, il est temps alors de se considérer comme un objet vacant.

Actes, subterfuges du temps, pour nous donner à penser que la vie est sensations.

Il ne faut pas que quelque chose me survive, j’aspire à ne rien signifier .

Se réduire à la vie, l’homme n’a rien trouvé de mieux à faire que de singer tous les Dieux qu’il a offensés.

Je rêve d’un cirque idéal où tout mot serait une débâcle, où tout rire serait une tergiversation.

Je ne peux plus penser qu’en bégayant.

Le mieux reste dans l’épilepsie du bien, tant que le bien incite à des supercheries.

Les morts sont intoxiqués par les vivants.

L’expérience ,c’est du temps grotesque que de prétentieux lettrés tournent en proclamations ou en dogmes.

C’est l’intuition qui fait que je me désiste, la réfection fait que je me retire.

L’homme, ce cafard qui a parcouru le temps pour y fonder des empires, que ce même temps prive de maître aussitôt qu’il en est un.

La raison nous rend furieux ou nous apaise, selon qu’on soit sous la coupe ou le revers de Dieu.

Toute démence réserve une part d’honnêteté que la raison fortifie et élève jusqu’aux élucubrations du verbe.

J’ai froid d’être et d’exister, dans cette frayeur de devenir qui me pousse dans l’exercice d’un exil futile, je conçois le temps comme la plus inespérée des prisons.

La vie ne m’a pas donné le tournis, je cherche dans la parodie des mots une façon de dégringoler dans l’Etre.

Moi ne me suffit plus.

Tout est faux, jusqu’au détachement qu’on prend pour s’en éloigner.

Rien de ce qui est tragique ne m’émeut, je ne pratique la larme que pour un départ ou une arrivée.

Il ne faut rien faire qui puisse nous réconcilier avec Dieu si nous voulons le tenir en face dans notre vie.

Rien qui ne vaille la peine d’être fait, voire compris ; de tout ce qui s’effondre je retire le caduc des existences qui se ruinent dans des éblouissements excessifs.

Toutes les certitudes puent, à défaut d’y renoncer totalement, j’opte pour cette convention qui veut qu’il n’existe que des apparences.

Le lourd dessein d’exister.

Tout pousse au suicide jusqu’au mot « Suicide » même.

Les nouvelles idées sont concurrencées par la putréfaction des plus anciennes.

Dieu me devient vulgaire lorsqu’il ne m’entend pas.

Dans la multitude des clichés qui s’offrent à moi, pour me venger de l’espèce à laquelle j’essaie de renoncer, il y a l’insulte et le crachat, le reste ne sert à générer que des apparences.

Méfiez-vous du monde qui par convention s’est associé au cercle, à tous les cercles.

Etre aussi hermétiques, que lorsque submergés par la colère, nous n’avons plus en bouche que le mot « Foutre » ou le mot « Dieu »

Le tourment m’apparaît comme une des formes de l’exaspération, que nous avons dévoyée, afin de la vouer à tous les simulacre de cafard.

Que de signes avant coureurs de cette fin nauséeuse qui nous a été promise depuis que nous sommes nés larvés.

J’ai plus à craindre de moi et de mon mépris, que de toutes ces maladies qui ne m’enveniment que pour des injures particulières.

Je suis un sceptique voué aux sarcasmes, je m’acharne pourtant à y voir le symbole d’une compétence qui ne doit rien aux organes ni à la chimie de ses compléments.

Nous devons notre infortune aux mots, toute première géologie qui nous lie à cette civilisation de roulures assujetties à la parlotte.

Charognards distingués que le mot élève systématiquement, tout nous échappe voire jusqu’au noyau même du mot.

La lucidité restera notre plus grande victoire et notre plus grand vice, combien j’aimerais n’être hanté que par le thème de l’obscurité pour tout refuser, tout !

La réelle douleur s’exerce au-delà de cette douleur, qui est un oreiller pour nos pleurs.

L’ignominie, au regard de toutes les saloperies de l’Histoire m’apparaît comme une réplique à la civilisation.

Toute tension avive notre sang, même nos sanglots ont quelques proportions de flammes.

C’est vivre qui nous pousse à la charogne, le devenir quant à lui s’organise dans la puanteur qui en résulte.

Il arrive des nuits où la barbarie du sommeil nous pousse à ne rêver que d’une inflation de la nature les plus salaces.

Etre le rameau dans le bec de la colombe et la proie dans la gueule du loup.

Combien j’aimerais entrer en contact avec tous les ratés de la croyance.

Je retiens de la prière qu’elle ne me fait ni voir ni sentir jusqu’où le venin de mes veines pouvait se renouveler.

Je me suis confronté à la religion pour convertir ma pitié en apathie, voire en une supercherie d’absolutisme.

Il n’est aucune épreuve qui ne soit inscrite dans notre sang.

C’est couchés que le monde nous paraît enviable, debout tout s’évanouit en sentiments.

J’ai essayé le bonheur et ses variétés, je préfère me saborder dès aujourd’hui plutôt que d’y bouger dans le souci de n’indigner personne.

L’intelligence passe par les glandes, je me borne dans cette suprématie, mais ne me satisfait pas dans la dynamique de toutes les exigences qu’imposent le sang et la sanie.

C’est par étapes que j’ai entrepris de ne plus rien entreprendre, ma gloire réside dans cette initiative qui me donne à penser que le dilettantisme reste un fanatisme à rebours.

Tout date dès lors que le gigantisme exténue jusqu’à la plus petite parcelle de conscience que l’objet nous impose.

J’en veux à chacun de me précipiter dans la parole, j’entreprends de vivre comme frappé par l’insupportable erreur de me souvenir du plus petit juron, ne fut-il pas exaltant.

La vie reste une option de la matière qui s’est préparée pour de plus grands projets.

Nul doute que toute objectivité passe par l’inavouable saloperie de l’image et des actes que l’on a traités comme tels.

Quelle déception que l’humilité, j’aurais dû vociférer, tout dégrader jusqu’aux veuleries ; je n’ai rien gagné à rester en dehors, à l’écart de tout, je veille sur toutes les maladies de l’existence en ne générant que des apparences .

Je ne fais rien qui vaille, je ne suis pas encore saisi par la vie.

Chiens de salut, est présent à nos yeux tout ce qui nous illumine, puis aussitôt se dispense d’être.

Quand tout m’apparaît vain, être en vie me trouble et m’oblige à quelques stérilités.

Tout date dès lors que le gigantisme exténue jusqu’à la plus petite parcelle de conscience que l’objet nous impose.

J’en veux à chacun de me précipiter dans la parole, j’entreprends de vivre comme frappé par l’insupportable erreur de me souvenir du plus petit juron, ne fut-il pas exaltant.

La vie reste une option de la matière qui s’est préparée pour de plus grands projets.

Nul doute que toute objectivité passe par l’inavouable saloperie de l’image et des actes que l’on a traités comme tels.

Quelle déception que l’humilité, j’aurais dû vociférer, tout dégrader jusqu’aux veuleries ; je n’ai rien gagné à rester en dehors, à l’écart de tout, je veille sur toutes les maladies de l’existence en ne générant que des apparences

Je ne fais rien qui vaille, je ne suis pas encore saisi par la vie.

Chiens de salut, est présent à nos yeux tout ce qui nous illumine, puis aussitôt se dispense d’être.

Quand tout m’apparaît vain, être en vie me trouble et m’oblige à quelques stérilités.

J’écris pour m’adresser.

Comme je n’ai aucun but, exister m’apparaît comme une révélation.

Je me consolide à mes périphéries.

J’écris par dégoût d’un dégoût plus grand encore, j’ai le sentiment d’être habité par une incompréhensible lassitude qui me représente comme un désabusé, un pleutre, qu’un Dieu sans expérience a lâché pour lui tourner aussitôt le dos.

Qui êtes-vous, je suis un incurieux qui rend curieux les autres.

Quand on écrit on tient du Diable et l’Ange, du Diable qui par la consonne se tend et se gâche en superstitions ; de l’Ange qui se désagrège dans les voyelles animées par quelques nostalgies.

Je crève d’une ruine qui ne sied qu’à moi et qui subsiste pour me faire durer.

Après moi, je me déloge.

Plus on opte pour l’affairement, moins on y réfléchit ; réfléchir suppose quelque horizontalité que refuse notre stature d’Antée, ce qui nous oblige à avancer ou à être perdu.

La profondeur correspond à la boue originelle, restons superflus, c’est en surface que la respiration est la plus aisée et qu’on est épargné par les intolérables psychologies.

Dieu me restera ludique, c’est une contagion irréfutable, n’a-t-il pas porté nos corps vers les hauts faits de toutes les représentations ?

J’aurais vécu entre le masque et la litote, entre l’euphémisme et le cliché, dans les encens et les nauséeuses inepties de l’inconnaissance de tout et de tous ; je n’aurais pas été.

On a beau dire, on a beau faire, on restera toujours un faussaire campé dans quelques méprises.

La plus oppressante des contagions reste le mot, une raison de plus de se taire et de ne pas subir le revers des maladies que la phrase rend plus furieuses encore.

L’essentiel réside dans toutes les dissemblances, le reste se diminue par les ultimatums que nous lui lançons.

Rien qui ne me déçoive plus que la réalité, j’opte pour l’inconfort de toutes les ruminations, toutes les disgrâces physiologiques et psychologiques, je me commets dans des inconforts de mon acabit.

Je rage contre mon temps, je compte y dépasser ce qu’il conserve comme conquête et qu’il consent à damner en humanité.

Attitré ; qu’on me donne une raison, une seule, de ne pas y voir la marque des tarés éruptifs.

La curiosité restera cette hypocrisie raisonnable que nos gestes n’ont pas rendu perceptible de peur de ne plus pouvoir s’en passer.

Chaque jour je diffère mon suicide, peut-être n’y a-t-il pas ailleurs d’enfer plus parfait que celui la ?

Tout mérite le rien et s’y démène. 

Pense que celui que la chair rend victime et anime pour le sentir, a des idées celui qui à ses propres yeux sait qu’il se pense. 

Tout ce qui est vital m’ennuie, je me console de cette infortune en le sachant.