Aphorismes 185

Dans mes couchers tardifs, après les libations, plein des anciennes proximités, il me semble que mon cerveau tout entier est sous la responsabilité d’un être malade de ses profondeurs.

Jetés dans l’existence, les hommes n’ont pas suffisamment de poids pour y ancrer autre chose que leurs erreurs crépusculaires.

La solitude est une anticipation de ce néant dilaté qui transforme le vivre en terreur ou en drame.

Dans mes nocturnes expiations ,il me semble entendre une femme qui marche sur le gravier d’un cimetière, et qui perd l'équilibre sur la face d'un être disparu dans une noyade.

Dans la nausée, rien de religieux ne vaut d’être servi si ce n’est le sommeil.

Tant mon besoin d’indispositions est grand, que ma fébrilité s’étend du matin au soir comme l’ombre d’un esprit ulcéré par ses exils.

Pas plus l’alcool qu’une femme idéale ne peut me faire entrevoir cette âme déliquescente oubliée dans l’enfance et qui s’est substituée à ma profonde nature.

La création s’est faite dans un hiver, dans les septentrions du cœur ,les Arctiques d’un esprit obnubilé par la blancheur.

Je n’ai d’idées qu’au lit, et combien elles sont extrêmes, combien elles sont appliquées à toutes mes reculades.

J’ai à mon égard des réactions gâtées, et dans cette griserie de la débandade, je n’use que de verbes hypertrophiés et intolérables.

Rien d’ancien qui ne me parvienne sans que je lui intime de m’écœurer.

La douleur m’est venue comme une faveur pour douter efficacement de tout et de tous.

Tout meurt de n’avoir pas ou mal abouti.

Dans mon folklore de mon intarissable besoin de douter, j ’ai encore l’audace d’afficher la face d’un spectre qui s’éclaire par ses propres infatuations.

Mes fatigues sont des ordinaires portés jusqu’à la manifestation.

Dans la lourde perplexité de me définir, je mets le mot « Foutre »et le mot « Abstention »,tous deux rares velléités auxquelles je puisse encore prétendre.

Voilà que je trouve encore des formules pour m’éclairer, et voir combien je reste en contact avec mes vacuités et mes inopérences.

J’ai cherché à saper toutes ces parts de moi où du dégoût s’immisçait, pour qu’aucun de mes actes ne soit un premier lieu, une virtualité évidente.

Ce qui est rend obsédant des justifications qu’il commande ou demande.

Je n’ai connu de bien être que dans le mal être de toutes mes méprises, de toutes mes opérations externes.

Il faut penser à ce que nous aurions été si nous n’avions pas été, pour comprendre ce que nous sommes.

Je ne me pardonne pas de tant me déployer pour des grâces suspectes, que les filles entretenues mettent sur le compte de leurs gesticulations.

Toutes les glorioles que j’ai pu tirer de mes philanthropies m’ont donné l’abject sens des turpitudes de l’esprit et du cœur.

Je voudrais que n’ayant plus d’effort à faire, mon corps entier se convertisse en contorsions musicales, en prismes à prières.

Dans cette tradition de vivre, quelque réaction que j’ai, elle va toujours à la tristesse, à la croix, en passant par l’imposture des stations où je me suis encanaillé.

A l’odeur de l’homme on connaît ses dépravations, et cette façon qu’il a de se tourner vers le temps pour optimiser ses satiétés.

Combien j’aimerais que mon corps tout entier sente l’encens ou la naphtaline.

J’ai borné tout ce qui me poussait à l’assise, à la halte ;j’attends aux pieds d’un calvaire qu’on m’emploie pour la férocité de mes soupirs, pour acheminer du bordel dans la rigueur des salons.

Est élu celui qui dans une époque sans excuse la pratique, pour évoquer autant l’ébriété que la larme, autant la prière que la musique.

J’ai été trop pressé d’entrer dans la vie pour m’y dépêcher aux raisons et aux concepts.

M’étant adonné aux règles et immodérément, je n’ai connu  de fainéantise que dans les neuroleptiques.

Affligé dès ma naissance du virus de l’ordre, j’ai beau eu être tenté par de l’égarement, je n’ai jamais rien pu concevoir d’autre que de l’apathie, du réfléchi ou de la pause.

Sachant que tout se perd, je n’ai gardé qu’un semblant de lucidité pour cet allant qui va de la tentative à la fatalité, pour des moments institués comme des régences.

Devenir gentiment rudimentaire, par l’abstinence et la dérogation.

J’ai chiqué toutes mes résolutions pour m’échouer parmi les hommes, sans déborder et sans emploi.

J’aime et je le camoufle, cette parité m’est tenue pour une astuce dont j’use, ne voulant pas être compté au nombre des menteurs assermentés.

Je resquille dans l’impudeur de toutes ces réalités, et le paye des années plus tard dans les funérailles de l’affect…

 Où serais-je à mon avantage sans être finissant ?

Ce besoin de tout perdre, de n’être pas éclairé, de vaciller, il faudra bien qu’immanquablement il concerne le monde.

Impulsif, je serais resté indemne si une seule de mes idées ne m’avait mis hors de moi.

Attentif, appliqué à moi, rien qu’à moi, et dire que je me dessers tant sans y prendre garde.

De sorte que jamais je ne sois un exemple, je me dois de résider ailleurs que dans un lieu commun.

Toutes ces années où agonir a eu mes rendements, et où je n’ai prié que par déception.

Survivre à toutes les faillites, à toutes les déceptions, et ne plus se compromettre avec les pharmaciens.

Accès de fièvre et de fureur ;ne pas guérir, ne pas prier, et toujours ignorer que la douleur tient du savoir et du repentir.

L’ennui me confère cet air de religieux déçu, qui plus il regarde vers Dieu, moins il veut s’en approcher.

Dépossédé, mais pas monstrueux.

Engage gagne.

Ce sport trop sec.

Constitué par tous les échanges entre embonpoint et félicitations, comment pourrons nous goûter à la débâcle si un tout petit emmerdement nous fait reclus ?

A l’évidence tout ce qui m’est intolérable nourrit certains, mes déficiences sont alors entre amnésie et anémie.

Vivre dans l’insulte, survivre dans son surmenage.

Toute lucidité sépare en nous le dormeur du raisonneur, pour donner au premier la saveur de calomnier.

J’ai renoncé à être ignoble, je survis dans du mécontentement.

Dans ces arrêts répétés, strates ignorées, quel sang plus bas que le mien pourra me donner la grâce de renoncer à la vie, sans m’en apitoyer ?

A portée des amitiés complémentaires, comme autant de regards sur ses propres latrines ;est-il dès lors nécessaire de chercher une autre pestilence ?

La curiosité m’a poussé aux méprises ;je me contente désormais de lieux communs pour plonger mes yeux dans leurs insalubrités.

Évitez les temps morts, ces repos pour vous livrer au cauchemar de crier vos propres défaites.

Entre les autres et moi, un enfer de subordination, un complément de trop.

La littérature insolente, perverse pousse jusqu’à l’obscurité le lecteur honteux de n’y trouver plus d’ignominie.

Inspirer, expirer, inhalation, exhalaison ;au risque de subir le souffle comme un substitut au verbe, je préfère renoncer au premier plus qu’au second.

Certains culminent dans cette propreté d’être, et voudraient que je me compromette dans le commerce de leurs pommades.

Le hasard tient de l’imposture et du superlatif.

La tristesse m’a assuré du service de la raison, et par là même d’être et de me réduire.

Plus je fréquente l’homme, plus je cherche dans la désinvolture à mêler rêveries et réalités.

Tous en expansion, quand il ne faudrait qu’une régression de  et homme qui récidive.

Replié sur mes gouffres, sur mon idéal, je garde malgré tout l’aisance d’un qui a tenu ses promesses.

Dans cet univers du je, une fois ses  recherche accomplies, ne restent que  les destins de trop.

Geindre dans la peau d’un saboteur si compliqué ,que l'existence a des échelons qui participent à ce ratage.

Me regarder autrement que n'ayant pas vécu ,et de cette ineptie jouer  jusqu'à vouloir m’endormir.

J’ai laissé mes comptes et mes préjudices à celui qui aurait tout voulu rendre utile, et s'est conduit comme un forcené de la déclamation.

Ma santé m'excède tant que je suis désolé de déferler vers des  guérisseurs, obligés aux distinctions d'accord, et  qui se réclament de la  passivité de l'existence.

Les avantages sont les progrès de cette forme à laquelle je n’offrirai aucune de mes paroles, aucun de mes dégoûts.

Submergé par ce qui est essentiel et vacillant, je subis la nuit commune comme un intervalle entre la plaisanterie et le malaise, entre la pression épique des divagations  dévolues à des instantanés.

La vie est morne de douleurs.

Rejeter le monde, et par ces évidences sans entêtement la prendre en considération ,c'est-à-dire s’y acharner aussi lourdement que si nous avions dix mille ans.

Il y a tant de jours sans signification, que surgit de notre tertiaire ce qui nous tient lieu d'inertie, et qu'il faut porter comme la plus éclatante, la plus entêtante des histoires.

C'est par la poésie que j'ai eu des rapprochements, c’est par elle  que j'aurais défailli.

Ma jeunesse a été imperméable au jugement ,c'est ainsi que je me suis resté impropre, que j’ai  appris  la planque, le lisse, par cette même inhibition.

La maladie, vaporeux tourments, va à cette insignifiance qui fait sa noblesse, et avoisine avec une autre vitalité qui cède de son  sentiment aux bien portants.

Toutes mes premières réflexions sont des réflexes ,ce qui suit ne tient que du hasard, né de la cécité, de la nécessité à ne trouver aucune issue.

Combien dans ces déficiences que la parole rend à la création, je suis resté sur la fréquence  sans motif d'une maladie sans analyse.

M'étant répandu en contentements, le plus petit de mes bienfaits avait le degré de ces alcools vulgaires et fragiles, frelatés aussi.

La tristesse serait insupportable sans le café, les somnifères et un canapé.

Ce n'est pas tant d'avoir augmenté mes essoufflements  qui  m'a rendu crâneur, c’est cette vaporeuse torpeur  dans laquelle j'aspire à reprendre mes esprits, et qui dirige jusqu'à ma vulgarité et les propensions à marcher  d'un  seul coté.

Je déambule dans la vie avec la déception d'un soldat revenu sain du front.

Adoptez un primitif et donnez lui de la fureur.

Ne revenons jamais à notre lassitude, nous n’en reviendrions pas.

A l'origine tout était pardonnable.

Entretenons-nous avec tout ce que nous avons d’outrancier et qui se volatilise.

L'avenir est au cependant.

Parler ne peut être capital, je doute d’ailleurs  chaque jour davantage qu'émanent de mes propos autre chose que de la gâterie.

Le bonheur ne peut être qu'une faveur, combien j'ai sacrifié à cette fumisterie pour rester le dernier des hommes dans la litote et dans la restriction.

Je songe à ce que serait devenue ma vie sans la stupeur d'être en vie, et j’en ris.

Au comble  de la pagaille des sens, dans cette occasion où  le plaisir altère la performance et le jugement, ma douleur  prend  la tournure d’un bousillage définitif.

J'ai cru bon me taire pour parvenir à ces émerveillements qui sont dans l'enfer des pauses et de soupirs.

Mon dilettantisme et ma nonchalance participent de l'amour obséquieux tant qu'il se dérobe aux flashes.

La musique, forme de la suprême délectation, procède toute entière d’une déformation deu mot « Dieu ».

Toute forme de suicide est une réaction organique de la vie qui cherche à se dérober du sens, quand le sens est devenu une tâche.

Je suis un préposé au fanatisme du pire ,je compte en rester là.

La vie est un accident la matière, je tire de là  toutes mes déceptions.