Aphorismes 180

A quoi me suis-je opposé et qui en ait valu la peine, le mensonge, la bêtise, l’ignominie, les consciences dont le substrat est du commandement, non en rien, sinon à un grand vide érigé en symptôme de survie. ?

L’humanité se réactive dans des vacarmes et des désordres incessants, qui vont de l’acharnement à paraître, jusqu’à la désolation de disparaître.

Je suis constamment en conflit avec moi-même, je me soupçonne de vouloir un vainqueur et un vaincu, le vainqueur pour le flinguer, le vaincu pour lui faire avaler de la cigüe.

Clos dans l’éther d’un amour douloureux et improbable, j’accomplis des actes qui me brûlent jusqu’à l’âme.

Je devrais ne rien réaliser et rester dans cette imperfection qui me sied, entre le petit exercice de ne répondre à aucune question et celui de les éluder, et rester dans mes ébriétés qui sont autant de nappes blanches qu’on ne retire pas après le départ des convives.

Puis je réfléchir sans constamment avoir des maux de tête, et me refuser de me prêter à l’idée et à la parole en dehors de ce cercle où je suis au centre de toutes mes résignations ?

Deux choses que je pratique régulièrement, l’onanisme, et l’écriture qui en témoigne sans vulgarité.

J’ignore jusqu’où je me suis étendu et étendrai, ce que je sais c’est que ces détentes étaient des pas de plus vers là d’où on ne revient pas.

Mes rêves se font en plein jour dans la sinistre lumière des ciels lourds, et je n’y vois que mes propres figurations, mes transfuges, et toutes ces indécisions qui me donnent l’air d’un crétin qui pense.

Rien que je ne veuille accomplir et qui passe par quelque ascension jusqu’au cerveau, là où je dois d’abord m’entretenir du bon fonctionnement de toutes mes légions et régions.

Pour le compte d’une trainée, j’ai eu un souffle nouveau, un nouvelle musique, de nouveaux sentiments, de nouveaux mots dont elle n’avait cure, c’est mon regard vers le bas qui m’a fait comprendre que ma position de petit homme est celle de celui qui ne peut plus rêver d’une adolescence où il a déprécié ces mêmes trainées.

J’ai vécu toutes mes amours avec la crainte de devenir trivial, verbeux bas et las, et que mon vocabulaire ne soit plus que ce borborygme dont use mon peuple pour des gargarismes d’après les beuveries.

Je n’oublie pas que devant la vie et toutes les formes qu’elle emprunte, je ne suis qu’un ver, d’ailleurs j’ai tant rampé qu’il m’en est reste des sinuosités, des courbes, des cintres et de arcs brisés, que je regarde de ce bas si bas qu’il en devient une idée de l’enfer.

Mes dépressions datent, elles me son initiales, elles sont de ma communauté, issues de ma mélancolie et de mes tristesses à être, de mes dégouts, mais je ris, je vis, j’atteins les buts que je me suis fixés, je ne suis pas desséché, détaché, oui, j’ai plus d’un minimum vital pour me pousser vers de l’ouvert, et la nuit, dans mes nuits, rien ne me fait plus peur que de me voir en victime dont le sort est scellé.

Donner de la valeur ajoutée aux objets qui n’en ont plus, c’est comme donner son corps cramoisi à la science.

L’amour ordinaire n’est pas dans mes attentes, je préfère la solitude ventrale à cette forme de pitié instrumentalisée en compagnonnage, dont les couples s’accommodent pour ne pas se détester devant le monde.

J’ai des zones de mon cerveau qui sont affectées de pertes de conscience et de trous de mémoire, c’est là que vont mes préférences, je suis le seul à pouvoir m’accorder à ces vides.

Leurrés dès notre naissance, nous apprenons trop tard que nous sommes des accidents de parcours naturels, et que la nature dans sa féminité a cherché à nous rendre amicaux, malgré nos pédigrées de salauds qui les ignorent.

C’est dans la quarantaine que j’ai appris que dans la délicatesse de nombreux silences, se dissimulaient nos conditions de sainteté ou de pourriture, et qu’il  valait mieux ne témoigner d’aucune.

J’ai peu de nécessité sinon d’être aimé et d’aimer, mais tout me ramène à ma propre suffisance, ma propre contenance, je suis un mauvais réceptacle, un qui ne sait pas davantage aller à la semaille.

Sont éphémères tous mes idéaux, une minute, un jour, une semaine, après je passe à de réelles prolongations.

Nous sommes condamnés dès nos naissances à être des bavards, des verbeux, seul l’intérêt de notre vocabulaire réside dans ce qu’il a d’accidentel, comme après un coup du sort, ou quelque chose comme ça.

Tous mes excès me ramènent tôt ou tard à cette raison moins raisonnable que dans mes excès.

La vie est faite d’élans, de tentations, d’envies, de soubresauts plus ou moins obligés, et nous nous y adonnons à la manière de ces singes qui viennent quémander sur le capot de nos voitures, sous nos fenêtres quelque obole, comme si nous étions derrière des camps retranchés.

Toute certitude tient de l’immobilisme, si vous voulez rester infécond, laissez vous porter par celles que vous avez déjà, et vous verrez combien il est facile de se laisser submerger par ses propres infortunes.

J’affirme avoir goûté à la gaieté, et en suis revenu comme d’un pèlerinage, les genoux et les mains en sang, d’avoir trop applaudi et prié vainement...

La musique est ulcérante, féminine, détachée de l’individu, de l’amour, elle est conçue dans le silence pour échapper aux vulgarités de ces esprits qui s’évaporent de ne savoir la comprendre, ni la retenir, fut ce dans les formes les plus primitives de leurs  insalubrités.

Tout amour n’est pas sublime pas plus qu’il n’est superficiel, je peux à tout instant me crever les yeux pour une qui saura les entretenir, et dans celui qui suit, être un maquereau qui s’exténue dans les plus basses des injures.

Qu’ai-je cherché à réaliser qui ne se substituerait pas à mes façons de mettre des mots un peu partout. ?

Souvent l’illusion d’être un repêché des profondeurs de la mélancolie, me conduit vers les bistrots où je vérifie à l’intérieur ce qui arrive de l’extérieur.

Finalement comme tout un chacun, j’atteindrai la mort avec stupidité et fatalisme.

Dans l’univers en flammes, tout sera en ébullition, tout, sauf les prières qui sont montées jusqu’à Dieu et n’auront pas été exaucées..

Du lointain à venir où s’élaborent mes vides, je n’ai aucune image, me restent les niaiseries liées au prestige d’y penser avec des métaphores.

Je me suis arrêté entre la réussite et la tentation qu’offre le jeu de ne pas y parvenir, je me suis transformé en générateur de hâte ;je me désole aujourd’hui de ne m’être acoquiné avec ses virtuosités.

Tout en moi prête à l’impureté et à l’impunité qui y est associée, nul ne sachant d’où toutes deux sont issues, me voici en possession d’un secret pesant et innommable.

J’ai façonné, conçu, et pour moi seul un univers de peurs, je m’y suis englouti, reste l’onde pour en dénoncer toutes les noyades.

Et pour ne plus me pencher sur moi, je me suis inventé des lordoses.

Indigent en tout et de tout, seules me restent les larmes asséchées dans mon corps.

Abandonnant tout et tous, vers quelle ignominie je cours et qui ne m’agrémente en rien ?

De quel esprit endolori et qui circule en moi naît ma pensée aussitôt dissoute quand elle se vautre dans les profondeurs.

Tant de constructions mentales qui s’étagent dans cette même incompatibilité qui fait tragiques les maladies et impossibles leur guérison.

A trop prier, je suis devenu un parasite de Dieu.

J’accuse le monde de vouloir que je me dérobe à lui.

Malheureux, voilà mon seul présent, faudra t-il que je vide mes veines pour en goûter l’authenticité ?

Me reste le dérèglement des sens pour m’user désespérément, jusqu’à ne plus pouvoir me servir de mes armes ;discernement et raison pour de grossières évasions à commettre quand je me suis appuyé que sur les excès, tous les excès qui mènent à l’impatience et à l’impertinence, et qui ne m’ennuient pas.

Un supérieur ennui pour la plus noble des maladies.

C’est dans une répugnance ininterrompue que je vis, répugnance des êtres, des histoires, des mots, des humaines chiotteries ;seule ma santé me permet de ne pas sombrer dans les infernales insalubrités, superficialités de ceux qui sont sans mal.

Sortis de la douleur, de quelle crasse obligée pouvons nous témoigner, sinon de toutes les conciliations.

Je me reposerai des vérités à répétition dans cette vieillesse du corps, et m’endormirai dans l’illusion d’un plein idéal ,sans déranger les morts.

J’ai tant déprécié le tout, qu’il m’est devenu douloureux de remédier à ses promiscuités.

L’homme incompatible avec la vie, s’est vengé de la puissance de l’éternité des astres, en niant l’existence de leur ardente coloration.

La mélancolie donne un sens à nos territoires hostiles à l’existence.

Il y a tant de terreur en moi que je ne sais plus ou projeter ce qui me dépasse, et consent à tonifier mon cœur pour des accords ou des élans.

Dans la discrétion des solitudes, le silence apparaît comme la pointe empoisonnée des orgueils, le pic des vanités.

Notre indéniable fonds de décomposition éthère ce suicidé perpétuel que nous sommes, et qui ne s’altère que dans ses liquoreuses vapeurs.

Crier est de l’ordre de l’hémorragie d’un corps dissocié, où le sang atteste qu’on est toujours trop loin de tout, en adhérant au n’importe- quoi de l’existence.

Mes replis atteignent à l’agonie, quand mon instinct tire vers le néant ces verticalités sans accoudoir, les virtualités d’un autre moi.

La douleur serait une recomposition de toutes mes faiblesses, que ma faiblesse même me mettrait dans toutes ses directions.

J’ai détourné des désirs, tensions ineffables ,à des fins ostentatoires, à des suicides entachés de vivre, sans les complications inhérentes à l’esprit qui s’abaisse.

Chaque heure m’est une fatigue qui perle verticalement dans le sens de m’allonger.

Tant tout pèse, que mes équilibres sont de l’ordre d’une dernière miséricorde où j’articule de l’existence pour des élans inconsidérés.

J’aurais réduit ma vie à des obligations, et jusqu’à la maladie, mon corps n’aura été que le portefaix de ces représentations où ma déficience était la seule incertitude qui vaille qu’on la considère.

Lorsqu’on est seul à l’égard de soi, les autres ont déjà disparu à jamais, ou se sont éteints, mais si près de nous, si près..

Je dis parfois des mots qui témoignent de ma terreur d’être, et se posent dans l’obscurité des hommes pour des vertiges qui accablent leur condition.

Etre un évènement dans les imperceptibles soubresauts de la conscience, quand elle cherche sa place parmi les morts.

La mort je la vois comme la seule intimité qui tienne un commerce dans un bordel, et s’arrange de celui de ses latrines.

Il est vrai qu’en apparente réserve, j’ai voulu me reconnaître des avantages, que seule l’hébétude réhabilite par ses muettes contemplations.

Autant dire que le verbe est si haut, est si fort, que c’est la seule musique dont l’aide violente se consomme sans savoir.

Ma dernière bouffée d’oxygène aura le goût d’un poison définitif.

Ma vitalité, je la dois à ce corps qui se questionne en démentant en continu les farces de l’existence, celles où l’on se piétine soi-même.

Minérales, mes incertitudes ont grandi par-dessus mes douleurs, jusqu’à l’apoplexie, en passant par la contribution de toutes mes purulentes matières à réflexion.

Nous exagérons ces innocences muettes qui se traduisent par du rêve, s’irisent en lui, jusqu’à ces réserves où nous jouons à des abandons, pour des inconforts aussi froids que si nous regardions le ciel avec nos yeux gelés,  pour n’y voir que des chérubins qui salivent et qui bavent.

Tout ce que j’ai conçu dans mes afflictions n’a pas supporté la clairvoyance de mes pairs, et s’est éteint dans la même indifférence qui  se noue à mes entrailles et me brouille avec moi-même.

Personne ne m’excusera d’avoir été un homme qui ne tenait à la vie qu’en passages,  comme pour parodier des éternités douteuses figées sur des lignes et des toiles.

Nous devrions nous rencontrer dans le désir de n’être plus, et différer nos existences dans l’illusion d’un autre devenir.

Au demeurant je suis resté un enchaîné souffrant de l’éclat de toutes les tromperies, au restant, il me demeure l’étonnement de m’être retenu d’en finir.

L’accès sur la vérité s’effectue par défaut, l’accès sur le mensonge par anticipation.

A mesure que j’avance dans l’existence,  je ne m’acharne plus dans les sensations de mon corps, que l’amour a rendues aussi diaphanes qu’un ange resserré dans son chagrin.

Tout est crépuscule, et au bord de ce crépuscule, tout est pleurs qui finissent dans un bénitier.

Mes tête- à -tête restent des réflexions sur cette matière intervenue dans mes organes, et qui me pousse jusqu’aux écœurements.

Devenir aussi indulgent qu’un saint rentré dans sa douleur, et qui dans cette vitalité introduit le mot foutre ou le mot dieu.

J’ai filtré toutes mes erreurs et catégorisé celles qui faisaient de mon inconsolation, l’espoir de me retrouver naturellement admis parmi les hommes.

Et j’ai vu décliner des sourires, comme ces lettres posées sur d’irrévocables bouches.

Rien ne me consolera d’avoir tant fait mon vivant, pour avoir tant bien voulu faire le mort.

Je me suis adressé aux hommes que l’art avait placé dans le soporifique des éternités, pour y déplacer des idées et un idéal, irisés au noir dessein d’exister dans les mêmes proportions.

L’existence tend vers les nœuds et se coule dans les coquilles évidées par la matière, écœurée d’y voir une posologie à ses déconvenues..

La mélancolie est colorée d’un néant irisé aux équateurs du sang intérieur au grondement même des exigences de toutes les noirceurs putréfiées.

Quand on s’est donné les moyens d’entrer dans le prestige des existences vouées au culte des sentiments, il me semble qu’adoubé et aguerri, je doive partir, éclatant de misère et de rigueur, aux antipodes de toutes les consolations.

Tout est acharnement, et la vie acharnement suprême, acharnement de trop.

L’ennui a été mon moteur, j’y ai concilié toutes les banalités de l’amour et de la religion, de l’art et de ses subterfuges ;c’est ainsi que de la fatigue m’est venue ;tombe idéale, pour absorber ma paix et mes déveines.

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Dans l’hypothétique dessein de me conduire comme un homme avoué, j’ai eu cette clairvoyance qui atteste du cadavre que je suis, et qui subit le temps comme la plus monstrueuse des réflexions.

La fatigue est une définition de ces instants où le corps trop léger ou trop pesant, s’altère aussi bien des enchantements que des détachements de sa propre matière.

Mon goût pour les éternités, rebuts de amours infligés, s’est avéré nauséeux dans les alcools et toutes les idioties frontales ,souillures des esprits agacés par le même goût pour ces mêmes éternités.

Charognards que l’anémie a retenu dans leur repaire, les hommes ont en alternance le goût de la chasse et du jeûne, tous deux, lucidités abjectes de leur métier d’être.

Toutes les présences sont exaspérantes quand elles témoignent.

J’attends inféodé que l’abus de mes transparences fasse de moi un homme du troisième rang.

Plus on se mesure à la vie, plus on est agité, et jusqu’à nos verdicts, la perfection insane qui fait salon, se tient dans cette désolante plénitude, parements de nos façons d’être et de nous contenir.

Il y a quelque fièvre à se conduire en homme irrésolu, comme il faut quelque force pour le combattre.

Du dégoût, conscience d’un temps enfiévré par nos tristesses, je retiens sa redoutable pureté et son odeur de paradoxe.

Je cherche l’apaisement dans les alcools et les soporifiques, anticipation d’un cercueil idéal, d’une tombe où fleuriront toutes mes inanités.

Quelque soit mon extravagance, elle est toujours en étiage de cette inféconde nostalgie, où j’ai placé un enfant dans les bras d’une vierge, et moi-même sous une croix

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Chaque jour m’est un Golgotha en friches, et un Ararat en jachères.